Le journaliste de la radio nationale Déo-Gracias Kindoho à travers un post sur sa page Facebook intitulé «La fabrique à maires : Quand l’usine tourne à plein régime! », jette un regard sur le paysage politique au Bénin au lendemain de la proclamation des résultats des élections communales du dimanche dernier pour conclure que le président Patrice Talon s’est tracé un chemin royal pour 2021 sans concurrence. Lisez l’intégralité de son post ci-dessous.
La fabrique à maires : Quand l’usine tourne à plein régime!
La Commission Électorale Nationale Autonome a proclamé aux premières heures de ce jeudi, les résultats des élections communales du 17 mai 2020. J’aurais aimé les avoir suivis la veille conformément à l’annonce formulée par les responsables de la Commission électorale. En ce genre d’occasion, ce qui maintient en éveil un citoyen épris d’État de droit, attaché à la justice et à la justesse du jeu démocratique comme je le suis, c’est la ferveur du lendemain de vote, c’est le suspense. Plus il est insoutenable, plus je me sens d’aplomb. Le premier tour du scrutin de mars 2016 est la dernière fois où j’ai ressenti une excitation pareille. Avant mars 2016, il y a eu Mai 2015 et l’élection de Maître Adrien Houngbédji au perchoir à l’Assemblée nationale. Peu de Béninois avaient fermé l’œil cette nuit-là. Ce n’était pas de l’insomnie. C’était l’effet tordu du souffle coupé. L’avenir de notre démocratie se jouait à cet instant, nous étions-nous convaincus. Nous en avions oublié que la nuit était tombée. J’en avais oublié que la nuit était tombée. Le temps s’était arrêté.
Quand j’y repense, j’ai un peu de mal à imaginer aujourd’hui Maître Adrien Houngbédji et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) se chercher dans les ravins mais voilà où les ont conduits leurs inconséquences; un terminus qui n’est que la résultante d’une somme de mauvaises options et de compromissions dramatiques. À part une petite déception de voir un acteur majeur et une formation historique de la scène politique béninoise réduits si vilement à néant, ils ne m’inspirent aucune compassion particulière. Ils ont contribué à nouer la corde qui a servi à leur pendaison. Je les entends qui prennent déjà date pour la résurrection. Bon retour à la vie pour quand cela va se produire. Il ne vous a pas échappé qu’ils voulaient de la même manière renaître de leurs cendres après qu’un pyromane les eut enfumés aux législatives d’Avril 2019. La renaissance était censée s’opérer aux élections communales qui s’achèvent.
Hier nuit, il n’y avait aucun suspense. La sentence était acquise. Tout juste nourrissais-je quelque curiosité mais j’ai fini par m’assoupir. À mon réveil, il n’y avait plus qu’à constater la confirmation des prévisions. Ce serait oiseux d’opiner sur les chiffres de la CENA. Ils valent ce qu’ils valent, quoi qu’en dise la Cour Suprême, unique juge du Contentieux électoral pour ce type de scrutin. Au fond, les principaux enseignements de ces élections se trouvent ailleurs, tout près dès qu’on a laissé derrière soi, les scores et des statistiques.
Hier nuit, il n’y avait aucun suspense. La sentence était acquise. Tout juste nourrissais-je quelque curiosité mais j’ai fini par m’assoupir. À mon réveil, il n’y avait plus qu’à constater la confirmation des prévisions. Ce serait oiseux d’opiner sur les chiffres de la CENA. Ils valent ce qu’ils valent, quoi qu’en dise la Cour Suprême, unique juge du Contentieux électoral pour ce type de scrutin. Au fond, les principaux enseignements de ces élections se trouvent ailleurs, tout près dès qu’on a laissé derrière soi, les scores et des statistiques.
Il saute aux yeux, à la lecture de la délibération, qu’au moins 70 des 77 maires du Bénin appartiendront aux deux blocs officiels du Chef de l’État, l’Union Progressiste (UP) et le Bloc Républicain (BR). En réalité, qui ne l’a pas vu venir? Ces maires UP/BR s’ajouteront aux 83 députés de la même famille politique engendrée par le Président de la République, pour organiser le parrainage à la prochaine présidentielle dans le pays. Chaque Béninois qui aspire à diriger le Bénin devra – aux termes de la Constitution béninoise modifiée – obtenir en effet un minimum de 16 parrainages, de maires ou de députés, pour que sa candidature puisse être validée, sous réserve des autres critères à remplir.
En l’état actuel des choses, Patrice Talon a fini de se donner les moyens de désigner lui-même son ou ses challengers en 2021. L’élection présidentielle à venir sera à son tour une entreprise d’exclusion et de compétition factice, à l’image des élections législatives auxquelles n’ont pris part que les formations politiques du Chef de l’État, des communales auxquelles aucun vrai parti de l’opposition ne se sera présenté et au cours desquelles le quota de 10% aura aidé à baliser un peu plus le chemin vers un nouveau mandat exécrable, à moins de compter sur la providence ou des contingences. Ils ont décidé d’être seuls sur scène, d’avoir le droit de disposer de tout potentiel adversaire ou de tout contradicteur à leur guise. Le deuxième bal annuel des suprémacistes du régime dit de la rupture vient d’enregistrer son ultime danse. Cap sur 2021 pour le bal annuel suivant. Le dress code reste le même : costume et robe noirs, jusqu’aux souliers.
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