Covid-19 : A. Amoussou parle des conséquences sur le système éducatif béninois

Anselme Amoussou. Photo: DR

Dans la cadre d’une série de publications de think-tank Civic academy for Africa’s future (CiAAF) le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin) Anselme Amoussou relève les impacts du coronavirus sur le système éducatif béninois et trace des perspectives. Le syndicaliste Anselme Amoussou souligne que la pandémie du Covid-19 «met en lumière les faiblesses latentes de nos systèmes notamment le système éducatif : manque de moyens infrastructurels, techniques et pédagogiques, fracture numérique profonde,  défaut de formation et de préparation adéquate des acteurs du secteur, gage d’une adaptation plus efficace, etc ».

Et donc, même si aujourd’hui les écoles ont rouvert leurs portes, «il n’est pas exagéré d’affirmer que cette pandémie crée une « catastrophe éducative » en ce qu’elle bouleverse le calendrier scolaire et académique, révèle et accentue les faiblesses des systèmes éducatifs partout dans le monde et impose à travers les gestes barrières l’adoption d’un mode de vie difficilement homogénéisable avec la réalité des pratiques en milieu scolaire ».

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Des interrogations sur le système béninois

Alors, il estime qu’il est important «de se demander à quel point seront affectés des pays comme le Bénin, qui affichent déjà de faibles performances éducatives, une faible capacité de rétention scolaire et de résilience et quelles réponses immédiates les acteurs du système éducatif sont en mesure d’apporter pour assurer la continuité des enseignements pour les élèves ». Plus encore, il pense qu’il est plus important d’imaginer ou d’explorer les opportunités de mutations qu’offre, au système éducatif national, cette pandémie. Pour lui, le Covid-19, tout en exacerbant les difficultés du système éducatif du Bénin, « a le mérite de nous révéler les faiblesses de notre école et de nous indiquer, par la même occasion, les voies à explorer pour nous aguerrir à mieux résister aux chocs à l’avenir ».

Avant le Covid-19, malgré un taux brut de scolarisation très proche de 100% sur plusieurs années, «les performances de l’école béninoise affichaient déjà un tableau peu reluisant ». Plusieurs sources d’informations s’accordent  pour constater que le niveau des acquisitions des apprenants béninois est largement en dessous des attentes notamment le rapport d’évaluation 2014 du PASEC/CONFENEM qui classe le Bénin à l’avant dernier rang sur dix systèmes nationaux d’Afrique évalués. Il est évident que «l’avènement du Covid-19 amplifiera ces difficultés et entravera les poussives avancées obtenues ces dernières années ».

Conséquences de la fermeture des écoles

Selon Anselme Amoussou, la fermeture des écoles, décidée par le gouvernement, pour empêcher la propagation du virus, «a sans doute déjà des répercussions sur l’ensemble du système éducatif national ». Il pense que «ces impacts touchent et toucheront surtout les apprenants, mais également les enseignants et le mode de fonctionnement de  l’école ».  Sur les élèves, «l’interruption des apprentissages prive un grand nombre d’entre eux des possibilités de développement et de perfectionnement ». Et pour «ceux qui avaient déjà des difficultés d’apprentissage, cela amplifie les risques de décrochage ». Le syndicaliste indique que ces mêmes risques de décrochage existent dans les milieux défavorisés ou les jeunes ont moins d’opportunités éducatives en dehors du cadre scolaire.

Mieux, les mesures sécuritaires accroissent la vulnérabilité économique des familles et les risques d’une délinquance juvénile pour leurs enfants. Le manque d’interaction sociale que procure l’école est également un élément de perturbation et de vulnérabilité des plus jeunes. Et «la faible acquisition des savoirs, consécutive au non achèvement des programmes pourrait en rajouter au taux d’échec déjà préoccupant ». Il fait observer aussi que la fermeture des écoles peut donc avoir des risques  sur la sécurité alimentaire des enfants.

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Des perspectives

Selon le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin) Anselme Amoussou après la crise,  il va falloir trouver les moyens de jeter les bases d’un système éducatif moderne capable de mettre la technologie au profit de l’apprentissage, d’intéresser davantage l’apprenant en repensant le contenu des programmes et en adoptant des démarches pédagogiques, s’adaptant mieux à ses réalités afin d’inséminer en lui la capacité à résoudre les problèmes de vie. Il faut que l’ensemble des acteurs s’y engagent dans la transparence et la concertation afin de mettre en place les réformes nécessaires.

Dans cette perspective, «il faut encore insister sur la nécessité de donner toute son importance au dialogue social qui ne peut apporter la plus-value attendue que si les acteurs améliorent leur pratique et comportement ». Pour lui, la reprise des classes, décidée par le gouvernement béninois, sans aucune concertation, ni avec les parents d’élèves ni avec les représentants des enseignants, «est une expérience qu’il faut éviter dans le cadre des réformes à engager pour renforcer le système éducatif national ».

Les solutions d’initiatives gouvernementales sans les autres acteurs sont forcément compromises. Et donc, parents et enseignants sont les acteurs qui peuvent traduire les orientations officielles en mesures concrètes pour les apprenants. Anselme Amoussou précise que les décideurs ont intérêt à l’appréhender avec l’impératif que constitue le dialogue inclusif entre tous les acteurs du monde éducatif.

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