C’est un secret de polichinelle. Komi Koutché est l’un des plus farouches opposants au régime de Patrice Talon. En exil au Etats-Unis où il vit depuis quelques années, l’ancien ministre des finances de Boni Yayi s’est exprimé il y a quelques heures sur l’état de l’économie béninoise sur sa Web TV dénommée KK TV. Sans ménagement, l’ex argentier national a indiqué que son pays « n’est pas loin d’ une catastrophe économique ». Une affirmation qu’il a bien entendu, défendue.
« Depuis 2015, nous avons entamé le tarif extérieur commun de la Cedeao. Nous nous sommes également formellement engagés dans l’accord de partenariat économique avec l’Union européenne. Ces deux engagements consacrent des désarmements tarifaires qui se soldent par un repli de la fiscalité de porte. La principale fiscalité devient dès lors la fiscalité intérieure qui est essentiellement basée sur la TVA, La TVA étant une résultante de la croissance économique, où passent les recettes résultant de la TVA pour qu’avec un taux de croissance de 7%, le Bénin soit devenu une économie d’endettement » s’interroge Komi Koutché. Il rappelle qu’au 31 décembre 2018 le taux d’endettement du Bénin avoisinait déjà les 60% « mais puisque le gouvernement veut embellir la physionomie des indicateurs’ » et continuer à s’endetter sur le marché régional, il a initié une opération dite de rebasage.
« Si la croissance est bonne, c’est que conséquemment les recettes intérieures doivent être bonnes »
« Il s’agit en clair d’une remise en cause des bases d’indicateurs nationaux » fait savoir l’ex argentier. La conséquence de cette opération selon lui, c’est la réduction des indicateurs à leur niveau minimal en 2016, une année considérée comme année de base. « Dès lors, puisqu’on part d’un point minimal vers un point d’arrivée, il est évident que la différence devient plus grande. Mais ce qui est incontournable, c’est que le fait de repousser le signal d’un point de départ lors d’une course de relais après le démarrage de la course ne rapproche pas le point d’arrivée » fait remarquer l’ancien ministre. Il estime donc que le gouvernement a beau réduire a minima les indicateurs pour prouver comparativement au point de départ que des bons qualitatifs ont été faits pour justifier une bonne performance, mais il ne peut changer les réalités.
La première de ces réalités selon l’ex patron du Fonds national de micro-finance, c’est le recours régulier du régime à l’endettement depuis quelques années. « Si la croissance est bonne, c’est que conséquemment les recettes intérieures doivent être bonnes aussi parce que la taxe leader c’est la TVA qui est la principale source de revenus » développe Komi Koutché. Mais force est de constater que, depuis le début de l’année 2020, le Bénin s’est déjà rendu 05 fois sur le marché financier régional mobilisant en tout 238 milliards de FCFA.
« Les recours au marché financier portera l’endettement de l’Etat (…) à près de 400 milliards de FCFA
« Si les prévisions jusqu’en mai sont maintenues, les recours au marché financier portera l’endettement de l’Etat rien que pour cette seule année, jusqu’en mai, à près de 400 milliards de FCFA. Dans l’hypothèse que cette tendance se maintienne jusqu’à la fin de l’année, on pourrait se retrouver avec un montant avoisinant les 900 milliards comme recours au marché régional » analyse l’ex argentier national.
Pendant ce temps, il dit avoir remarqué que le FMI prédit un déficit budgétaire de 3, 5% au Bénin alors qu’il était de 1.8%. Soit une dégradation de 1,7% avec pour principale raison les dépenses de santé due au coronavirus et à la fermeture des frontières. « Pourtant on nous a dit que la fermeture des frontières n’impacte l’économie que de 45 milliards de FCFA » rappelle l’opposant politique qui s’interroge sur les mesures prises par le gouvernement en faveur des populations et qui justifieraient une « dégradation du déficit budgétaire, en conséquence ».
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