Levée de voile sur les dessous du dossier d’achat d’ambulances par le ministère de la Santé du Bénin. L’affaire qui a éclaté en juin 2019, et qui a suscité des polémiques a été au cœur de l’entretien que Jean-Baptiste Elias a eu avec les confrères de Sikka Tv ce mercredi 15 juillet 2020. Invité sur l’émission « 100 % Bénin », le président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC), Jean-Baptiste Elias a révélé les mauvaises pratiques qui ont entouré l’attribution du marché d’achat d’ambulances à une société de la place. Tout est parti des dénonciations qui ont suivi l’achat d’une partie des ambulances.
Alors l’ANLC s’est saisi du dossier et a mené une série d’investigations. Selon Jean-Baptiste Elias, l’appel d’offre a été fait en décembre 2015. «Le marché N°355 du 17 du septembre 2018 a été signé pour la fourniture de 5 ambulances médicalisées 4×4 diesel, de marque Mercedes fourgons, par une société de la place pour un montant de 493 830 000 FCFA », a indiqué le président de l’ANLC. Trois ambulances ont été livrées sur les cinq et ont suscité des polémiques à cause du coût des ambulances. La structure qu’il dirigeait a donc cherché à savoir ce qui se passe. L’autorité a invité le ministère de la Santé, tous les membres ayant étudié le dossier et le fournisseur des ambulances pour une série de réunions. Après les questions et réponses écrites, l’ANLC a procédé aux investigations. Deux faits majeurs ont été constatés lors de ces investigations.
Pas pour le Bénin
Le premier fait majeur constaté est que «les ambulances livrées au Bénin ne sont pas des véhicules destinés pour circuler sur le territoire béninois ». Il a expliqué que la maison mère qui a fabriqué les ambulances a fait savoir que ces ambulances ne sont pas destinées pour le territoire béninois. Ce qui ne devait pas surprend car, ce n’est pas une chose extraordinaire. Jean-Baptiste Elias relève que celui qui a gagné le marché n’est pas le concessionnaire officiel de la maison qui a fabriqué les ambulances. Interrogé, le concessionnaire officiel de la maison au Bénin a reconnu avoir soumissionné à l’appel d’offre mais pour une autre marque. Car, la marque demandée dans l’appel d’offre n’est pas autorisée à circuler au Bénin.
Fausse attestation
Le deuxième fait majeur constaté est lié au papier qui atteste que le gagnant de l’appel d’offre a déjà effectué une telle livraison par le passé. Car, le dossier d’appel d’offre indique que pour gagner le marché il faut avoir fait la livraison une ou deux fois d’ambulances. Selon le président de l’ANLC, le soumissionnaire qui a gagné le marché a fourni une attestation de bonne fin d’exécution comme ayant livré six ambulances de même marque au Togo pour un montant de 550 millions de francs CFA. Mais, l’ANLC a eu la preuve que cette attestation était fausse.
A en croire Jean-Baptiste Elias, le signataire de l’attestation de bonne fin d’exécution est un magasinier et non le directeur du centre togolais à qui les six ambulances auraient été livrées. Mieux, «à la date de 2011 où le document a été signé, le Centre du Togo qui est supposé avoir acheté les six ambulances à 550 000 000 FCFA, avait une dette de plus de cinq milliards de FCFA et que ce centre ne pouvait jamais acheter une seule ambulance, à plus forte raison six ». Or, le centre en question détenait seule une ambulance offerte par Rotary Club International. Aussi, la supposée lettre par laquelle le Centre togolais aurait fait la demande des ambulances n’a jamais existé jusqu’à aujourd’hui.
Dossier en cours à la CRIET
Après avoir pris connaissance du dossier et mené ses enquêtes, l’ANLC a transmis son rapport aux ayants droit. Le président Jean-Baptiste Elias a précisé que le président de la République a reçu copie, de même que le ministre de la Santé, le ministre de l’Economie et des Finances et l’Autorité de régulation des marchés publics. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a saisi la Brigade économique et financière (BEF) pour des enquêtes préliminaires, après avoir reçu, elle-aussi, le rapport de l’ANLC. Et donc, le dossier est toujours en cours de traitement, depuis près de 4 mois.
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