Muhammadu Buhari a été très clair il y a quelques semaines, quand il évoquait dans une série de tweets l’intention des pays de la zone Uemoa de remplacer le Cfa par l’Eco avant les autres états de la Cedeao. Le président nigérian a en effet fait savoir qu’il était inquiétant « qu’un peuple avec lequel nous souhaitons adhérer à un syndicat prenne des mesures importantes sans nous faire confiance pour la discussion ». Il ajoutera qu’il avait assez misé sur le projet de monnaie unique « pour laisser faire les choses à la simple convenance et à la commodité ».
Ces propos du locataire d’Aso Rock avaient laissé croire que les saboteurs du projet de monnaie unique venaient de l’Uemoa. Quand Rfi a demandé ce samedi à Gilles Yabi s’il partageait le même avis, le fondateur du Think tank WATHI a d’abord fait savoir que c’est ce qui se dit dans la sous-région ouest africaine.
« C’est le Nigéria qui doit être la locomotive«
« Il n’y a pas de doute que le très francophile président ivoirien a toujours défendu le franc CFA… Sa déclaration à Abidjan pendant la visite de son homologue français en décembre 2019, a créé une grande confusion entre les réformes dans la zone franc Cfa qui ne concernent que l’Uemoa et l’avènement de l’éco. Mais lorsqu’on connaît les poids économiques relatifs des pays au sein de la Cedeao on ne peut pas parler des errements dans la conduite du projet de monnaie unique en oubliant qu’il n’y a qu’une seule grande puissance dans le Cedeao, le Nigéria » a poursuivi l’analyste politique et économiste. Il est persuadé qu’il n’y a de perspective d’accélération d’un projet de monnaie unique aussi crucial et complexe sans impulsion nigériane.
Le pays rappelle-t-il représente à lui tout seul 70% du PIB de la Cedeao. A ce titre, le géant d’Afrique de l’Ouest est un peu comme l’Alpha et l’Oméga du projet. « C’est le Nigéria qui doit être la locomotive et son ambivalence sur la monnaie unique est une évidence. Quelle que soit la direction à donner, que ce soit l’aboutissement du projet, son report à une date réaliste, voire son enterrement, c’est d’abord au Nigéria d’indiquer la voie et de convaincre les autres pays », estime Gilles Yabi.
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