Bohicon, commune du centre du Bénin située à une centaine de kilomètres de Cotonou. La ville carrefour dispose de cinq gares routières, les unes occupées et d’autres non fonctionnelles où encore en pleine rénovation. En raison de nombreuses plaintes parvenues aux nouvelles autorités locales, la municipalité à travers un arrêté, a interdit tout chargement et déchargement hors parcs sur le territoire de la commune. Une décision à laquelle les acteurs concernés disent ne pas être associés et qui a fait des victimes et continue de cristalliser les attentions.
Les multiples communiqués et décisions de la municipalité de Bohicon n’ont pu empêcher certains conducteurs de véhicules de passagers de poursuivre les chargements et déchargements à l’extérieur des parcs. Malgré la menace policière, il n’y pas ce jour où les chauffeurs n’occupent les grandes artères de la commune à la recherche du potentiel client. Selon les indiscrétions, il s’agit en effet, des conducteurs en partance pour Cotonou. Très souvent, rapporte une source, l’on assiste à des actes de vandalisme, de vols à mains armées et aussi à la disparition de colis. Ce sont en réalité, a-t-il confié, tous ces actes qui ont conduit à l’interdiction formelle des chargements et déchargements hors parcs.
A ce titre, le nouveau Maire Rufino d’ALMEIDA a pris un nouvel arrêté communal portant interdiction et hausse du montant de la verbalisation sur le chargement et le déchargement hors parcs dans la ville de Bohicon. L’arrêté fait déjà grand bruit et fait monter l’adrénaline du côté des conducteurs de véhicules de passagers.
A la date d’entrée en vigueur du premier arrêté communal portant interdiction de chargement et déchargement hors parcs à Bohicon, Florent HONNONTE, chauffeur, a vu son véhicule arraisonné par les éléments de la police républicaine. Ce jour-là, il y avait David MASSOLOCONON, son collaborateur qui était en partance pour Cotonou. En arrêt pour effectuer des achats à la demande de ses clients, il a été surpris par la présence des éléments de la Police Républicaine. S’en est suivie une altercation avec une moto percutée. David a été mis aux arrêts puis présenté au procureur de la République près la cour d’Appel d’Abomey.
« Mon patron m’a sollicité pour la conduite car il partait en voyage. Aussitôt monté à bord du véhicule, j’ai retrouvé deux clients. On en était là quand un véhicule de fonction a garé et j’ai pensé que c’était un client qui voyageait. Je suis sorti de mon véhicule et le garde du corps du maire a foncé sur moi et j’ai engagé la marche arrière. Dans la foulée,, j’ai percuté violemment une moto qui appartient à un militaire en tenue civile. Quand je suis descendu, j’ai pris la poudre d’escampette et le militaire m’a poursuivi et m’a arrêté. J’ai été menotté puis conduit au commissariat. J’ai passé 08 jours en garde à vue avant d’être présenté au procureur qui m’a ensuite relâché », a confié David.
Florent HONNONTE, propriétaire du véhicule a entrepris après la libération de son collaborateur, des démarches administratives en vue de retirer son véhicule. Conformément au premier arrêté communal portant interdiction de chargement et déchargement dans la ville, tout contrevenant paiera une somme forfaitaire de 30000francs Cfa dans les caisses de la mairie. Florent, à l’instar de plusieurs autres chauffeurs a été contraint de verser les sous à la municipalité.
L’arrêté précise par ailleurs que les frais de fourrière sont à la charge du contrevenant. Dans le cas d’espèce, Florent a déboursé également 30000francs pour les 10 jours que son véhicule a passés au poste de police.
De source digne de foi, on apprend qu’à la date du 12 novembre 2020, la police a procédé à une vingtaine d’interpellations. « C’est l’incivisme des chauffeurs qui justifie la violence utilisée par les forces de l’ordre pour les maitriser », a dit Zépherin CODJO, commissaire central de Bohicon. Les vendeuses aux abords de la route s’inquiètent de l’ampleur que prennent les interpellations et les poursuites le long de la voie. Les conséquences de ces actes ne sont rien d’autres que les accidents de la voie publique, font-elles savoir.
En effet, le choix de charger ou de décharger à l’extérieur des parcs formels trouve sa source dans la lenteur du processus de chargement sur les parcs. La rareté des passagers sur ces parcs ainsi que la forte présence de véhicules sont autant de faits qui font que certains chauffeurs désertent les parcs pour occuper les grandes voies.
La guerre des tours….
A la gare centrale de Bohicon que coordonne Elie ATINGAME, le gestionnaire délégué de la mairie, les choses semblent se passer autrement. Chaque chauffeur attend son tour pour prendre départ pour Cotonou. Tout est coordonné et bien contrôlé, a rassuré l’agent de la mairie. Les passagers en toute sécurité pourront retrouver leurs marchandises en cas d’oubli dans un véhicule.
La pomme de discorde…
Les chauffeurs spécialistes des chargements hors parcs sont généralement pressés d’effectuer au minimum deux tours vers Cotonou alors que sur les parcs, le tour est d’une fois par jour en fonction de l’affluence des passagers. Ainsi, étant en contrat, ces chauffeurs tiennent à maximiser leurs bénéfices, apprend-t-on de source syndicale. Fuyant les tracasseries administratives à l’intérieur des parcs, des chauffeurs préfèrent investir les grandes artères de la ville pour joindre les deux bouts.
Le Maire Rufino indexé…
Cela pose le problème d’actions concertées entre autorités locales et artisans. En effet, des différents recoupements faits, il ressort qu’aucune réunion de base n’a eu lieu entre les acteurs de la chaîne de transport à Bohicon. La gare routière centrale de la ville impraticable en saison pluvieuse doit pouvoir bénéficier de l’attention du conseil communal. Le nouveau parc en construction peine à s’achever faute de quoi, les chargements et déchargements hors parcs risquent de s’intensifier.
L’assainissement de la ville, priorité du maire et de son conseil communal. L’image que projettent ces occupations fait que les partenaires techniques déprécient les efforts fournis par la municipalité, fait-on savoir à la mairie de Bohicon. Une table ronde permettra aux autorités communales et aux acteurs concernés de fumer le calumet de la paix pour le bonheur des usagers de la route.
Partenariat LNT/OSIWA, 2020, Bohicon, Jacob ANANI
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