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(ENQUETE) Mesures de lutte contre la COVID-19 à Grand Popo : Faute de moyens, des écoles lâchent prise

Photo de Foumi via Iwaria

Le Bénin continue de mener la lutte contre la propagation de la pandémie du coronavirus. Avant la rentrée scolaire 2020-2021, les ministères en charge de l’éducation notamment le ministre de l’enseignement maternel et primaire Salimane Karimou ont édicté les règles à suivre dans les écoles et collèges du Bénin sur toute l’étendue du territoire nationale. Mais malheureusement, ces règles ne semblent pas être trop suivies. Surtout dans la commune de Grand Popo où il y a assez de légèretés.  

L’article 3 de la déclaration universelle des droits de l’homme stipule que «Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne… ». Mais, par ces temps de la pandémie du coronavirus cet article de la déclaration universelle des droits de l’homme semble être mise à mal dans les établissements publics à Grand-Popo. Dans la cour du Collège d’enseignement général (CEG) de Grand-Popo ce jeudi 19 novembre 2020 aux environs de 9 h 30, on peut compter une dizaine de dispositifs de lavage des mains. Et si l’eau est disponible dans ces dispositifs, presque tous les tubes contenants du savon liquide sont vides. Les quelques élèves qui déambulent dans la cour ont soit les masques au cou soit n’en n’ont pas. Il y en est de même chez les vendeuses de nourriture dans l’enceinte de l’établissement. 

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Dans les salles de classe, la réalité est quelque peu différente. «On ira ensemble dans les classes et vous allez voir la réaction de ceux qui ne vont pas porter », prévient le censeur. A la vue du censeur Antoine Apithy Oké, les quelques élèves sans masque se précipitent pour le mettre. Le Censeur se presse de relever leurs noms et de leur demander de venir le voir à la fin du cours pour une corvée. «J’ai oublié mon masque à la maison », a confié M. D., élève en classe de Second A, surpris sans cache-nez. Mais, ces élèves disent être conscients de l’existence de la pandémie du Coronavirus. Dans ce collège, le lavage des mains n’est pas systématique. Les enseignants retrouvés en situation de classe ont tous porté leur masque et ont respecté la distanciation sociale même si les élèves sont deux par table.

Des prescriptions

A l’Ecole primaire publique (EPP) de Hounsoukoé peu de temps avant la récréation de la matinée, pas de dispositif de lavage des mains. Dans les classes, aucun écolier ne porte de cache-nez. Il en est de même à l’EPP Grand-Popo, même si à ce niveau deux dispositifs de lavage des mains sont disposés dans la cours. La première raison donnée par les directeurs des deux écoles pour justifier l’absence de cache-nez est que les enfants ne développent pas la maladie. «On nous avait imposé le port des masques par les enfants. Mais, beaucoup d’études relayées par la presse et les autorités aussi disent que les enfants ne développent pas la maladie. Donc, protéger les enfants était plus devenu une obligation », a indiqué Anselme Parfait Bidi, directeur EPP Grand-Popo.

Mais, il explique qu’à la rentrée scolaire 2020-2021, le ministre de l’enseignement maternel et primaire, Salimane Karimou a édicté, dans une note de service, les règles principales qui doivent être suivies dans les écoles pour mettre les enfants à l’abri de la contamination de la COVID-19. «Les enfants arrivés à l’école le matin, doivent pouvoir se laver les mains comme il faut. De même, les enfants sont invités à se laver les mains dès la sortie pour la récréation et au retour. A midi, les enfants se lavent les mains avant de rentrer et au retour de la maison à 15 h, ils font le même exercice jusqu’à la fin de la journée », explique le directeur. Il précise que les enseignants sont tenus eux, de porter les masques et de respecter la distanciation sociale de l’enseignant à l’élève dans la classe. Dans son école, les élèves sont deux sur une table comme d’habitude. A l’EPP Hounsoukoé, la distanciation sociale n’est pas respectée dans toutes les classes. «Dans ma classe, vous avez pu constater qu’il y a un écolier par table », relève la directrice Régina Kassehin avant de faire remarquer que «dans les salles à effectif pléthorique, les écoliers sont deux par table ». A Missihoun-Condji dans l’arrondissement de Agoué à Grand-Popo, la situation est plus critique. Aucune mesure barrière n’est respectée. Selon un enseignant de l’école primaire de ce village, pas de lavage des mains, pas de cache-nez et pas de distanciation sociale, les effectifs dans les classes étant de 70 à 77 écoliers. 

Du dispositif de lavage des mains

Selon Abbé Godfroie, directeur du CEG de Grand-Popo, «le dispositif de lavage des mains, il y a une partie que l’établissement même a acheté. La deuxième partie a été donnée par la mairie de Grand-Popo ». Si ce collège dispose de dispositifs de lavage des mains standards utilisés à Cotonou ou dans d’autres villes du pays, dans les écoles primaires publiques de Hounsoukoé et Grand-Popo, on utilise les moyens de bord. Le dispositif utilisé est appelé le tip-tap. Ce dispositif est fait d’objets de récupération en occurrence les bidons d’huile de cinq litres. Deux ou trois bidons sont percés. On fait passer une corde dans les poignées et à l’aide des bois en fourche fouillis les deux extrémités de la corde. Une autre corde fixée d’une certaine manière à l’orifice habituel du bidon est relié à un morceau de bois qu’on actionne avec le pied pour faire pencher le bidon et laisser sortie l’eau. «C’est les enfants et nous-mêmes qui avons fabriqué ça de façon artisanale », a confié Anselme Parfait Bidi

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La directrice de l’EPP Régina Kassehin renseigne qu’après l’interruption des classes lors de la rentrée scolaire dernière, elle a doté, à ses propres frais, l’école de deux dispositifs tip-tap. Sauf qu’au moment de l’examen du Certificat d’étude primaire (CEP), il leur est demandé de rapatrier ces dispositifs au centre d’examen. Depuis, elle n’a pas pu récupérer ces dispositifs. Elle a dû s’en procurer un autre mais, qui a disparu du jour au lendemain. Le directeur d’une école à Avlo a, dans une confidence, confié que c’est ce mardi 17 novembre 2020 qu’on lui demande de venir à Comè récupérer un dispositif de lavage des mains pour son école. 

Agir pour préserver la vie des élèves

L’une des procédures que le ministère de l’enseignement primaire a recommandé dès l’apparition de cette pandémie est qu’à défaut de moyen, que les écoles utilisent des moyens locaux qui sont accessibles à elles pour essayer d’assurer tout au moins le lavage systématique des mains. Au niveau de certaines écoles, les dispositions sont en train d’être prises pour puiser dans la subvention de l’Etat à venir pour doter ces écoles de dispositifs adéquats de lavage des mains. «Avec l’élaboration du budget primitif qui a été faite avec toutes les parties, nous avons déjà prévu, si personne ne nous en donne, l’acquisition des dispositifs de lavage de mains tout au moins par salle de classe », a précisé Anselme Parfait Bidi, directeur EPP Grand-Popo. Mais, il existe encore des écoles qui n’ont pas de dispositif de lavage des mains. Au niveau des établissements, les enseignants sont appelés à maintenir la veille en répétant et en intensifiant la sensibilisation. Ils doivent aussi veiller aux respects des mesures barrières par les élèves.

«Ce qui pose problème, c’est que quand les élèves n’ont pas un surveillant derrière eux pour les remettre sur les rails, ils relâchent un peu l’utilisation des masques », soutient Abbé Godfroie. Il fait aussi remarquer «qu’il y a des masques qui les étouffent ». Ce qui fait que parfois, les élèves sont obligés de l’enlever et de les remettre dès qu’un responsable arrive. Il se pose donc le problème de la qualité des masques à porter. Si le gouvernement a offert des masques à des élèves pour la reprise des cours au cours de l’année scolaire écoulée, il est à remarquer que le soin est donné aux parents d’élèves de veiller à doter leurs enfants de masques. Mais, voilà, tous les parents n’ont pas le pouvoir d’achat conséquent pour se procurer à chaque fois de masque. C’est pourquoi, Anselme Parfait Bidi préconise des actions de solidarité. Il pense qu’il serait souhaitable, qu’en dehors de l’Etat, des ONGs et des personnes de bonne volonté puissent prendre le relais, en accord avec l’Etat pour venir en aide aux établissements publics. Aussi, il faut intensifier les missions de contrôle dans les écoles et collèges. Car, la vie n’a pas de prix et préserver la vie des élèves, c’est assuré en partie l’avenir du pays. 

Prince Amassiko – Enquête LNT / OSIWA

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