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(Enquête) Djidja : L’eau potable, un combat de tous les jours

Pénalisée par le manque d’infrastructures, Djidja l’est aussi pour l’eau. Cette denrée de première nécessité est très rare dans cette commune rurale.  Malgré les efforts, la quête permanente d’eau de consommation dans cette cité est un combat de tous les jours. L’eau potable reste une denrée rare dans la commune de Didja. Depuis des décennies, les populations ont souffert le martyr pour s’approvisionner.

La vétusté des infrastructures d’eau et beaucoup d’autres problèmes liés à l’eau existent toujours. Dans le village de Lakpo dans l’arrondissement de Gobê, les populations effectuent plusieurs kilomètres avant d’obtenir le précieux liquide. Bassines sur la tête et bidons en mains, « Solinon » parcours environs 4 kilomètres pour accéder à l’adduction d’eau implantée dans le village. Elle fait la navette matin et soir pour chercher de l’eau. A son domicile, elle conserve l’eau recueillie dans une jarre qui lui permet d’en utiliser. C’est la triste réalité que vivent « Solinon » et les milliers de femmes de Lakpo. Un constat amer qui dessine les difficultés que vivent les populations de Djidja.

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L’état des lieux…

Dans chaque village, il y a eu point d’eau avec malheureusement, plusieurs pompes défectueuses et non réparées. A Mougnon, un des 12 arrondissements de la commune, situé à 17 kilomètres de la mairie, l’eau est une denrée rare. Il se pose dans la localité, un véritable problème d’accès à l’eau potable. La commune dispose cependant de 455 ouvrages hydrauliques simples dont 397 fonctionnels, 58 en panne, 20 à réparer, 28 à réhabiliter et 10 abandonnés. Au nombre de ces ouvrages, 361 sont mis en affermage et 94 sont non délégués. Nous avons parcouru plusieurs sites de la commune et touché du doigt les adductions d’eau villageoises existantes. En effet, Djidja dispose de 12 Aev dont 09 déléguées et 03 non affermées. Seulement 09 sont fonctionnelles, 03 en panne, 01 à réparer, 01 à réhabiliter et 01 abandonnée située à Outo et dû apprend-t-on, au mépris de la population à payer l’eau. Les villages Zounmè, Ahozoun dans l’arrondissement de Zounkon,  dan centre, wokou, assantoun dans l’arrondissement de Dan demeurent au jour d’aujourd’hui, des localités sans eau potable. Pendant la saison pluvieuse, les populations prennent l’eau de pluie. 

La commune, l’interface…

Les infrastructures hydrauliques sont gérées directement par les populations avec des contrats bien définis. La commune confie à des délégataires désignés par les populations elles-mêmes la gestion des adductions d’eau villageoises qui utilisent des groupes électrogènes. Ainsi, un taux forfaitaire de 5000 f par mois, soit 60000f par an est fixé par le conseil communal en concertation avec la direction départementale de l’eau et des associations de défense des consommateurs pour les forages simples dotés de pompe à motricité humaine. La commune dispose de 08 agents réparateurs qui interviennent sur les équipements en cas de défaillance et n’ont aucun contrat avec l’administration. 

Le mécanisme de maintenance…

La mairie a mis en place un cadre d’entretien et de maintenance des ouvrages. En cas de défaillance dûment constatée, le délégataire saisit la mairie. « Il arrive des moments où, la commune ne réagit pas, du fait des frais de redevances non versés par certains délégataires qui servent à réparer les ouvrages en difficultés. Les points d’approvisionnement en eau dans la commune viennent en appui aux robinets de la société nationale des eaux du Bénin qui ne traversent que Djidja centre », rappelle Sébastien Dannoudo, chef du service Eau, Hygiène et Assainissement à la mairie de Djidja. 

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Les branchements d’eau, un casse-tête…

Les ménages qui désirent avoir un branchement particulier en font la demande et l’obtiennent. Les prix varient en fonction des tuyauteries à mettre sur terre et le montant de construction d’un forage simple tourne autour de 5 millions et varie en fonction de la nappe, fait-on savoir à la direction départementale Zou du ministère de l’eau. Les forages simples sont quant à eux réalisés pour les communautés en dépit de la décision prise en 2017 par le conseil communal de faire une remise de dette à tous les délégataires avant l’année d’apurement. Les campagnes de sensibilisation se sont multipliées ces derniers temps et axées sur la gestion de la consommation de l’eau et la gestion des ouvrages d’eau.

A la mairie de Djidja et dans plusieurs services déconcentrés de l’Etat, les plastiques et bidons d’eau pullulent dans les bureaux. Les agents les traînent en se rabattant sur  les forages d’eau. Marcelline Afansi, vendeuse de légumes et de pâtes à Madjavi dans l’arrondissement de Djidja-centre continue d’utiliser l’eau de pluie recueillie depuis plus du trois mois dans des jarres et des tonneaux pour servir ses clients. « Ce qui ne tue pas, ne tue pas dit-on. C’est ce que j’utilise. Que vais-je faire si je n’arrive pas à avoir l’eau de la Soneb et encore que la mairie coupe les robinets ? », a fulminé dame Avléssi.

Quid des maladies hydriques…

« Les populations sont victimes de plusieurs maladies liées à la consommation de l’eau impropre », témoigne le notable Alain Dogbé, sexagénaire et agent de la poste à la retraite. Au centre de santé communal de Djidja, on nous indique que le choléra sévit dans la localité ainsi que les vers intestinaux, la diarrhée, la dermatose, les vers de Guinée. Luc Kanfin, conducteur de taxi-moto nous a confié avoir remorqué plusieurs malades morts déshydratées en plein chemin.« Ils étaient deux en novembre 2016, atteint de choléra à rendre l’âme sur ma moto en pleine route », fait-il savoir.

Djidja avec ses nappes difficiles…

Le système d’adduction d’eau potable de la zone part des forages de Cana à Zogbodomey et de la station de traitement de Bohicon. C’est donc à partir de ces équipements que toutes les localités d’Abomey, Bohicon, Djidja, Za-Kpota, Agbangnizoun sont desservies, fait-on savoir à la direction départementale Eau du Zou. « Le relief de la zone empêche l’eau de monter à Djidja contrairement aux zones basses qui sont desservies sans difficultés. De ce fait c’est le réservoir au sol qui desserre actuellement Djidja-centre, le château de Mougnon ayant montré ses limites», martèle l’ingénieur hydrologue de la direction. 

En 2020, sur 17 millions de francs Cfa  attendus, 1220000 francs Cfa ont été recouvrés, soit 5% du montant attendu. Chaque année, le conseil communal acquiert des pièces de rechange pour les ouvrages défectueux. La commune prend en charge la grosse panne et le délégataire, la petite panne. Toujours en 2020, l’administration communale a réparé 30 ouvrages dont 03 réhabilités équivalent à 9415172 francs Cfa comme coût de réalisation de ces travaux, nous renseigne le service Eau, Hygiène et Assainissement de la commune.

Les recouvrements et leurs conséquences…

Les agents du service Eau, Hygiène et Assainissement de la commune de Djidja reçoivent au quotidien les menaces des populations ainsi que celles politiques venant des élus de la localité. En vue de mettre un terme à l’accroissement des dettes, la commune a décidé d’initier des séances au profit des populations en présence des chefs d’arrondissements et des chefs de villages. Il a été retenu de mettre en contribution les agents du service, les artisans réparateurs, les élus afin de procéder à une répartition par zone. La qualité de l’eau diffère par endroit, salée à Dridji dans l’arrondissement de Dan mais aussi à Ahokanmè dans l’arrondissement de Gobê. Ce qui fait dire que la majeure partie de la population de Didja se désaltère au mépris des règles d’hygiène et de santé.

(Jacob ANANI, Partenariat OSIWA-LNT, Djidja, Janvier 2020)

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