A Houéyogbé, une commune située à 83 Km de Cotonou, dans le département du Mono, la gestion des carrières est bien un problème pour les autorités communales. C’est un secteur qui échappe presque totalement au contrôle de la mairie. Tout se passe dans ce secteur comme si la maire n’est pas consciente de la manne qu’elle peut engranger en organisant le secteur. Mais, depuis décembre, la lueur est venue du gouvernement qui a exigé une réorganisation du secteur afin de contrôler les avantages et les conséquences d’une telle activité.
La commune de Houéyogbé fait partie des communes du Bénin qui sont riches de quelques ressources minières. Elle dispose du sable de construction, du gravier et aussi du sable de verrerie. Parmi ces trois ressources, un n’est pas exploité. Il s’agit du sable de verrerie. Pourtant, une récente étude fait état de la présence de 700 milles tonnes pour Houéyogbé. La commune de Sèmè-Kpodji en est riche de 1200 milles tonnes. Pourquoi à Houéyogbé, on n’exploite pas ce sable ? La réponse vient du premier adjoint au maire Casimir Sossa. La deuxième autorité de cette commune explique que l’exploitation a commencé. Les populations avaient commencé par exploiter ce sable pour les constructions. Car, elles ne savaient que c’est un sable spécifique. Il indique vaguement que l’un des deux mandats de Mathieu Kérékou de l’ère démocratique, l’ordre a été donné de surseoir à l’extraction et à la vente de ce sable. Dès lors, ce gisement est resté inexploité. Car, des sensibilisations ont été faites pour interdire aux populations l’accès au site. Un dispositif de surveillance est mise en place pour rappeler à l’ordre les indélicats. Casimir Sossa informe que lorsque le chef de l’Etat au cours de sa tournée de reddition de compte est venu à Houéyogbé, une doléance a été faite par rapport à l’exploitation du sable de verrerie. Et, le mercredi 20 janvier 2021, une équipe gouvernementale est passée pour voir dans quelle mesure, l’Etat peut implanter une usine pour l’exploitation de ce sable.
Une exploitation artisanale
A côté du sable de verrerie, la commune dispose d’une autre qualité du sable et de gravier qui sont exploités pour la construction. La pratique ici à Houéyogbè, est que les gens font la prospection qui consiste à sonder, à visiter les champs et les zones censés contenir du gravier de qualité ou les endroits où le gravier a été précédemment exploité.Une fois la zone choisie, les ouvriers sarclent les mauvaises herbes et font la fouille. Après avoir dégagé tout ce qu’il y a au-dessus du sable mélangé aux cailloux, la phase de la prospection peut prendre fin. Si la profondeur est très importante et la qualité de gravier signifiante, l’exploitant conclut que cette zone est stérile et change alors de site si le propriétaire le lui permet.Les exploitants achètent ou louent des parcelles chez les propriétaires terriens et ouvrent des carrières d’exploitations de gravier. Il en est de même pour l’ouverture d’une carrière de sable. Et donc, l’ouverture de carrière se fait sans étude d’impact environnemental. Cette exploitation de gravier et du sable est artisanale : elle se fait à la pelle, à la pioche et au tamis. L’exploitation comporte quatre phases à savoir le décapage, l’extraction, le tri et le lavage à l’aide respectivement de bulldozer et de motopompe.
De façon générale, les conditions de travail sont pénibles, notamment pour l’exploitation artisanale. La plupart des opérations se déroulent sans assistance technique. On assiste souvent à un écumage des gisements ou à l’enfouissement de niveau plus riches mais plus profonds.Les zones d’exploitation artisanale de graviers et de sable présentent des effets sur l’environnement. Parmi ces effets, on peut citer la présence de petits monticules de rebus dont l’érosion par les eaux de ruissellement stérilise par recouvrement les terres agricoles et provoque aussi l’ensablement des plans et cours d’eau. Il y aussi la présence des trous d’excavation parfois couverts d’herbes qui constitue des risques de dangers permanents aux populations et aux animaux. Les terres agricoles s’amenuisent à cause des espaces occupés par les carrières mais également par la dégradation des surfaces cultivables du fait de l’érosion des rebus.
Un désintérêt de la mairie
Le secteur de l’exploitation du sable et de gravier semble être négligé par des autorités communales. Elles ne s’intéressent guère à l’organisation de l’activité d’exploitation de graviers et de sables. Elles se contentent juste de prendre une taxe appelée la «Taxe de développement local (TDL) ». Selon le deuxième adjoint au maire de la commune, Casimir Sossa, la mairie a placé des postes de recouvrement de la TDL. Cette taxe est régie par des textes. Le gouvernement avait donné un intervalle de prix à pratiquer. Et dans cet intervalle-là, chaque conseil communal statue et fixe le prix. A Houéyogbé, le mètre cube de sable est à 500 FCFA et le mètre cube de gravier est à 1000 FCFA. Si un transporteur passe avec un camion de six roues de sable, généralement cela fait six mètres cubes. Donc la mairie doit prendre 3000 FCFA. Mais, «nous on ne prenait pas 3000 FCFA, on prenait 1000 FCFA sur un camion de six roues et 2 000 FCFA sur un camion de 10 roues ».Il faut noter donc qu’aucune mesure n’est encore prise au plan local pour réorganiser ce secteur. Actuellement, la mairie ne sait pas le nombre de mètre cube de sable ou de gravier commercialisé en un an dans la commune.
L’intervention du gouvernement
Le gouvernement a décidé de mettre de l’ordre dans le secteur des carrières d’exploitations de ressources minières au Bénin. Ainsi, en conseil des ministres le 9 décembre 2020, le gouvernement a décidé de la fermeture des carrières ouvertes sans autorisation. Selon le compte rendu de ce conseil des ministres, «le constat général, en matière de carrières d’exploitation de ressources minérales dont le sable, la latérite, le gravier, les pierres et substances précieuses, révèle que dans la plupart des communes, les sites sont ouverts au mépris de la réglementation en vigueur. De ce fait, ces activités incontrôlées engendrent non seulement des dégâts au plan environnemental mais aussi sont sources d’insécurité, à cause de la recolonisation non maîtrisée des sites antérieurement fermés ».
Le conseil a exigé la mise en application de la loi n°2006 -17 du 17 octobre 2006 portant code minier et fiscalités minières en République du Bénin.Le gouvernement autorise les mairies à délivrer des autorisations d’ouverture et d’exploitation des carrières sur leur territoire de leurs communes. Ainsi, désormais, avant l’exploitation d’une carrière, il faut avoir une autorisation d’exploitation signée par le ministère des mines. Mais avant, la mairie doit donner déjà le certificat d’occupation du site. Et pour avoir ce certificat, il faut faire l’étude d’impact environnemental. Même si au niveau des mairies, cette étape est sautée, au niveau de la direction départementale ou au niveau du ministère, cela sera notifié et l’autorisation ne sera pas accordée.
En décembre 2020, la direction départementale est venue avec une équipe du ministère pour fermer les carrières des exploitants qui ne sont pas autorisés à Houéyogbé. Et sur les sites, plus personne ne continue les activités. C’est le constat fait ce jeudi 28 janvier 2021. En respect des prescriptions du gouvernement que, le mercredi 20 janvier, les autorités communales ont eu une séance avec les exploitants de la commune de Houéyogbé pour qu’ils se conforment à la loi. «Nous sommes tombés d’accord et dans les jours à venir, ils vont présenter les dossiers et si quelqu’un a son dossier à jour, il aura le certificat d’occupation de site », informe Casimir Sossa. Il se réjouit du fait que le gouvernement ait exigé de pratiquer exactement ce qui est dans le code minier. «On en a discuté avec les exploitants.Désormais ça sera 3000 FCFA sur six roues et 5 000 FCFA sur 10 roues », a fait savoir l’autorité.
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