Le Groupe national de réponse électorale (GNRE) de Claire Houngan Ayemona est monté au créneau ce mardi 2 mars 2021 pour se prononcer sur le processus électoral en cours au Bénin. Lors de cette sortie médiatique, le GNRE et la Plateforme électorale des Organisations de la société civile (OSC) du Bénin ont relevé des points positifs et des points d’inquiétude. Des recommandations ont été formulées dont celle à endroit du président Patrice Talon pour l’organisation d’une rencontre avec les partis politiques et les leaders d’opinion afin de trouver un consensus sur les points d’inquiétude.
La déclaration a été lue par la présidente du GNRE, Claire Houngan Ayemona et la présidente de la plateforme électorale des OSC, Fatoumatou Batoko Zossou. Selon la déclaration, au regard des informations liées aux indicateurs de suivi de la violence rapportées par les moniteurs, les analyses faites font ressortir des points positifs. Au nombre de ces points, il y a les missions de diplomatie préventive des Nations Unies (UNOWAS) et de la CEDEAO venues s’enquérir du déroulement du processus électoral au Bénin et qui ont échangé avec la plupart des parties prenantes au processus.
Comme point positif, le GNRE note «la possibilité et la volonté manifeste d’un nombre important de citoyens (20 dossiers de candidature) de postuler à la magistrature suprême ». Aussi, il faut noter l’utilisation des voies légales de recours par les candidats non retenus et autres acteurs et la convergence de voix de différentes catégories d’acteurs pour appeler au dialogue, à la paix et à la non-violence.
Des points d’inquiétudes
Le GNRE constate l’absence d’une loi fixant les modalités de mise en œuvre du parrainage par les élus, telle que prévue à l’article 44 nouveau, dernier tiret de la Constitution du 11 décembre 1990 révisée par la loi constitutionnelle N°2019-10 du 07 novembre 2019. Il relève les contradictions observées dans les modalités pratiques de mise en œuvre du parrainage qui, selon la CENA est individuel et confidentiel, mais a subi la forte influence des partis politiques ayant des élus.
Malgré les assurances du président de la République que tous les candidats qui le souhaitent auront leurs parrainages, il a été constaté qu’un duo de candidats a obtenu 118 parrains, soit 74,21% du nombre total de parrainages disponibles alors qu’il en fallait juste 10%, tandis qu’un autre duo de candidats présenté, par exemple, par le Parti pour l’engagement et la relève (PER) a déclaré avoir observé toutes les démarches à lui imposées par les partis politiques ayant des élus mais n’a pas été retenu par la CENA faute de parrainage.
Le GNRE note que malgré les appels au dialogue entre les différents acteurs, il est constaté des échanges par médias interposés avec un durcissement de positions aussi bien par les acteurs politiques de la mouvance que de l’opposition avec des menaces et des mises en gardes inquiétantes. Il a relevé aussi des propos «sexistes, discriminatoires, dévalorisants et humiliants tenus à l’endroit de la candidate déclarée, Madame Réckya Madougou par différentes personnes dont des élus nationaux et acteurs culturels ».
Le groupe a constaté également «la confusion entre le rôle de porte-parole du Gouvernement et de membre du Comité technique chargé des médias du duo candidat Talon/Talata qui peut induire la population en erreur en ce qui concerne les interventions au profit du Président de la République en exercice et celles au profit du candidat Talon ».
Des recommandations
Face à ses inquiétudes, le GNRE recommande à Patrice Talon d’«initier une rencontre avec les partis politiques et les leaders d’opinion afin de trouver un consensus sur les points d’inquiétude mentionnés dans la présente déclaration ». Il suggère au président de la République de veiller à séparer la communication officielle du gouvernement de celle du duo candidat Talon/Talata afin d’éviter toute confusion de rôles au niveau des populations. Le GNRE demande aux acteurs politiques de «toujours privilégier le dialogue, la concertation, et les voies légales de recours à toute démarche susceptible d’entraîner la violence pour le règlement des conflits liés à la présidentielle de 2021 » et «d’éviter les propos violents, sexistes haineux ou pouvant inciter à la violence ». Il exhorte la Société civile à faire preuve d’impartialité et d’objectivité en évitant les propos visant à soutenir des candidats où à ternir l’image de certains candidats où partis politiques, en violation de l’article 58 du code électoral et «de maintenir la veille pour une élection juste, transparente, libre, paisible et inclusive, de s’unir pour une synergie d’action en faveur de la paix ».
Il invite les hommes des médias à faire preuve de professionnalisme, de respect de la loi, des règles d’éthique et de déontologie dans le traitement de l’information en cette période électorale sensible. A noter que depuis sa mise en place le 24 septembre 2020 par la Plateforme électorale des Organisations de la société civile du Bénin, appuyée par le bureau régional du réseau Ouest africain pour l’édification de la paix (WANEP) dans le cadre du projet de suivi, d’analyse et d’atténuation de la violence électorale, le GNRE fait le suivi du processus électoral à travers le déploiement de 44 moniteurs dans tous les départements du Bénin.
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