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Polémique autour du taux de participation : au-delà de la guerre des chiffres, la crédibilité du scrutin

A l’instar de toutes les élections organisées au Bénin depuis l’ère de la rupture,  la présidentielle du 11 avril 2021 n’a pas échappé au débat crucial et même pamphlétaire  sur le taux de participation. Alors que la société civile à travers la plateforme électorale avait annoncé un taux de 26,47%, la Cena, institution chargée de l’organisation du scrutin publie un autre taux de 50,17%. De cette guerre de chiffres entre institutions, il y a nécessité d’un vrai débat : celui sur la crédibilité même du scrutin

En dehors de son caractère exclusif, l’autre question qui a cristallisé les débats sur l’élection présidentielle du 11 avril dernier est le taux de participation. Le chef de l’Etat qui a battu campagne presque sans la moindre contradiction en a fait une préoccupation personnelle. Partout où il est passé, il a invité les populations à aller voter, assurant qu’il avait dejà son K.O-victoire au premier tour– en poche et que ce qui le préoccupait c’est le taux de participation. Dans un tel contexte, le taux de participation apparaît visiblement comme le gadget pour crédibiliser une élection qui a perdu son charme de compétition mais aussi son caractère libre et démocratique. En dehors du discours présidentiel, barons et griots prébendés de la rupture ont claironné jour et nuit sur le taux de participation en faisant du vote un devoir civique auquel le citoyen ne saurait se dérober.

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Le jour du scrutin, crieurs publics et agents politiques munis de mégaphone ont sillonné des hameaux et des quartiers de ville pour leur demander de sortir pour aller voter. Mais malgré tout cela, les électeurs se sont fait désirer. Le jour du scrutin, peu d’engouement du côté des électeurs. Les médias, nationaux comme internationaux, et même des citoyens curieux ont constaté partout des centres de vote désertiques avec des électeurs qui venaient au compte gouttes. Le reportage d’un média en ligne a même montré un ministre votant dans un centre de vote où le seul votant n’est que lui-même.  Mais la grande surprise du jour, c’est qu’à l’heure des dépouillements, les taux de participation  ont été bizarrement plus élevés que ce qu’on pouvait espérer.

Un devoir de vérité pour la plate forme

En dehors du taux de participation peu soutenu de 5% avancé par quelques Béninois de la Diaspora et vite abandonné, deux chiffres ont retenu les attentions. Il s’agit de celui donné par la plateforme électorale mise en place par les organisations de la société civile et celui de la Commission électorale nationale et autonome(Cena), institution chargée de l’organisation du scrutin. Faut-il le rappeler, l’organisation de cette élection a été une épreuve de nerfs pour les cinq commissaires qui ont été appuyés par l’armée et l’Etat dans certaines régions du Bénin pour déployer le matériel électoral et organiser le scrutin.  Au plan matériel et technique, l’organisation a été très laborieuse pour la Cena à cause des violences dans plusieurs communes et de l’impossibilité aux agents de s’y rendre. Cette situation explique-t-elle les difficultés apparentes de l’institution dans le traitement des chiffres ? En effet, si le délai de livraison des chiffres n’a pas posé de problème, la crédibilité de la Cena a été fortement mise en doute sur les statistiques et le taux de participation rendus publics. Beaucoup ont douté du taux de 50,17% donné au regard du peu de mobilisation des électeurs observée sur le terrain par tous les Béninois et relayé par des médias.

Ce taux de participation a paru un peu forcé d’autant plus que la veille de sa publication, la plateforme électorale a publié le sien qui est de 26,47%. On note un écart de 23,70% qui a surpris plus d’un.  Et pour cause, depuis 2016, la même plateforme a déployé des milliers  d’agents sur le terrain et a publié pour toutes les élections des taux de participation raisonnable, scientifiquement démontrable et souvent proche de celui publié par la même Cena pour les élections antérieures.  Pour la présidentielle de 2016(1er et 2è tour), les législatives de 2019 et les communales de 2020, les taux de participation donnés par la plateforme ont différencié de ceux de la Cena dans une marge de 3% au plus (voir Tableau au bas de l’article). La plateforme a donc acquis une petite expérience en la matière et travaille avec des spécialistes qui font un travail professionnel crédible. Il est bien curieux que pour cette fois-ci, l’écart entre le taux de la plate forme et celui de la Cena soit de 23,70%. Cet écart fait 1.150.125 électeurs environ. Ce nombre est trop important, trop gros pour faire l’objet d’une erreur par la Cena ou la plateforme. 

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On s’étonne curieusement de voir la Cena douter de l’origine des chiffres donnés de la plateforme alors qu’elle ne s’est jamais offusquée par le passé des chiffres que donnait cette organisation, chiffres qui étaient proches de ceux que la Cena donne. On s’étonne également des déclarations faites par un acteur de la société proche du pouvoir qui semblaient dire que la plateforme n’a pas des chiffres complets. Depuis le jour du scrutin, des images ont envahi les réseaux sociaux montrant des bourrages d’urnes, des votes multiples et des intimidations un peu partout. Ces soupçons ont été confirmés par la plateforme qui a déploré les votes multiples, les bourrages d’urnes…mais la Cena n’a rien dit. Ella n’a même pas cette fois-ci relevé les fautes mineures, se contentant de donner des résultats qui laissent beaucoup de Béninois sur leur faim. La plateforme dont l’une des responsables  Marlyse Ahanhanzo Glèlè a confirmé le taux de participation de 26,47%  doit aller plus loin et confondre si possible, chiffres et méthode à l’appui, ceux donnés par cette Cena en fin de vie. Sa crédibilité auprès des populations et de ses partenaires en dépend. 

6 réponses

  1. Avatar de Traco
    Traco

    Un article formellement scientifique. Talon lui même sait que c’est du pipo . Notre competricheur ( lu pour vous ) né ases fesses dehors . La mayonnaise na pas pris . Nous sommes en pleine tragédie du roi Christophe !

  2. Avatar de Bito
    Bito

    T.Alon même est conscient qu’il n’a plus de légitimité

  3. Avatar de Gombo
    Gombo

    On a affaire à des tricheurs et voleurs éhontés.
    Quand le taux va du simple au double, il ne s’agit pas d’erreurs mais de tricherie.
    Au delà , comme le dit du bien Me Dossou, cette élection est une pièce de théâtre, une tragi-comédie dont malheureusement la victime est le peuple béninois.
    Celui à clairement montré sa désaffection.
    La manipulation des chiffres a été jusqu’à imaginer un résultat juste au delà des 50%.
    Ce président est illégitime comme ses députés et maires nommés…

  4. Avatar de Paul Ahéhénou
    Paul Ahéhénou

    Ce débat n’est plus à l’ordre du jour. Débat clos, la page est tournée. On avance.

  5. Avatar de BENIN VI
    BENIN VI

    Mais c’est un peu trop bête ce à quoi nous assistons sur ces pages ici. La CENA a demandée une confrontation publique des données. Mais curieusement c’est à la sauvette qu’une parente alliée qui se réclame responsable des OSC va mentir sur une chaîne TV. En fait ZOUMENOU doit savoir sa défense n’a aucun sens et aucun poids. Nous voulons voir sur la place publique les concernés même. Vous pensez et croyez que les Béninois sont bêtes. Ce taux de 50 pour cent est vrai et sur.

  6. Avatar de Vinny
    Vinny

    Voila qui est dit. Pour restaurer sa crédibilité la CENA devrait faire un débat technique et contradictoire face aux OSC. Ce que tout le monde a vu seule la CENA a vu des fantômes renforcer le peu de votant qui se sont déplacé vers les bureau de votes.
    Quant à l’autre griot, ces agissements ne peuvent qu’être ceux là. Sur quelle base affirme t-il que les uns sont dans le faux et les autres sont dans le vrai. Ces allégations ne sont que pures chimères.

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