Ce jeudi 27 mai 2021, le président français Emmanuel Macron sera au Rwanda. Il s’agit d’une visite historique, dans le cadre de la normalisation des relations entre Paris et Kigali, qui ont reçu un coup au sujet de l’implication de la France dans le génocide rwandais. A la veille de cette visite, le quotidien Libération a fait resurgir une vielle réflexion du socialiste Michel Rocard sur le rôle de la France au Rwanda. La note révèle une importance particulière puisqu’elle avait été censurée en 1998 alors que son auteur, Rocard était invité à se prononcer devant la mission parlementaire d’information (MIP) installée pour examiner les interventions militaires françaises au Rwanda entre 1990 et 1994.
Alors que Michel Rocard se préparait à lire sa déclaration le 30 juin 1998, il n’aurait apparemment pas été autorisé par Paul Quilès, un camarade socialiste qui présidait la MIP, a indiqué Libération qui rapporte une révélation de l’intéressé à l’époque. Selon le média, bien que le président Emmanuel Macron dans sa lettre de mission en avril 2019, à la Commission présidée par Vincent Duclert sur le rôle de la France au Rwanda, ait clairement précisé que « les chercheurs seraient pour la première fois autorisés à examiner tous les fonds d’archives français sans exception, » la commission n’a pas puis accédé à la vieille note.
Le refus d’accès aux archives est bien troublant
L’ancien socialiste Richard Ferrand qui préside le bureau de l’Assemblée nationale a refusé l’accès du document à la commission sans jamais donner ses réelles motivations. Se confiant à Libération, Vincent Duclert a indiqué « le refus d’accès aux archives de la mission Quilès opposé à la commission est décidément bien troublant ». Il a regretté que son équipe ait été « privée de la connaissance du témoignage écrit de l’ancien Premier ministre. Alors même que ce document révèle le questionnement critique d’un ancien chef de gouvernement doublé d’un leader de gauche ».
Un accord essentiellement d’assistance militaire
En effet, dans cette note qui a été retrouvée dans ses archives, Michel Rocard, « rappelle d’abord comment, en tant que Premier ministre, il avait été totalement écarté de la décision d’intervenir au Rwanda en 1990, lorsque le régime en place sollicite l’aide de la France pour contrer une rébellion d’exilés rwandais venue d’Ouganda », selon Libération qui a publié la note. Rocard avait selon sa déclaration appris « par la presse » le lancement de l’opération Noroît qui va consacrer un engagement durable, et toujours croissant, en soutien à l’armée rwandaise.
Il avait également dénoncé dans sa déclaration qu’il n’avait pas pu prononcer, la politique française africaine qui était essentiellement fondée sur des accords d’assistance militaire. Il indiquait que l’accord qui lie la France et le Rwanda avait été scellé « au cours d’un safari » par Valéry Giscard d’Estaing en 1975.
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