Dans une tribune d’opinion publiée sur le site d’informations sénégalais Seneplus Opinions, Gilles Yabi, le fondateur du laboratoire d’idées citoyen WATHI, apprécie la gouvernance Talon. Une gouvernance réformatrice qui reçoit l’adhésion de plusieurs jeunes cadres béninois « dotés d’une solide formation, d’expériences professionnelles probantes et de bonne foi ». Ils se « félicitent des signes de modernisation de la gestion des affaires publiques et y concourent notamment au sein des nouvelles agences qui incarnent cette vision réformatrice ».
« Le respect des droits de l’homme relève de la farce«
Cependant ces jeunes intellectuels ne « semblent pas s’inquiéter du recul des libertés, de la disparition de tous les contre-pouvoirs et de ce que cela pourrait signifier pour les cinq prochaines années…et encore davantage pour l’après » fait observer Gilles Yabi. Si ceux-ci ne semblent réellement pas se préoccuper de cette situation, ce n’est pas le cas du docteur en économie. Le Béninois installé au Sénégal se demande si on « est vraiment obligé d’instaurer un climat de peur digne des régimes autoritaires pour construire des routes, pour améliorer l’accès à l’eau, à l’électricité, pour créer des cantines scolaires, pour digitaliser l’administration ».
Est-ce vraiment nécessaire de ramener le Bénin dans le groupe des pays africains où les élections, la séparation des pouvoirs, « le respect des droits de l’homme relèvent de la farce parce qu’on voudrait en faire un pays moderne et « développé ? » s’interroge encore Gilles Yabi. L’ancien directeur du projet Afrique de l’Ouest de l’International Crisis Group poursuit sa démarche interrogative sur la gouvernance de Patrice Talon. Il se demande si le président béninois, à la fin de son second et « a priori » dernier mandat, laissera un pays en paix avec des institutions solides et une société plus soudée.
Avant que le Bénin « n’aille trop loin dans une direction…qui éloigne les perspectives de paix »
Sa dernière interrogation portera sur le titre de terroriste dont on affuble certains opposants au régime après les élections présidentielles du 11 avril 2021. Gilles Yabi se demande si c’est le bon moment « pour voir des terroristes partout dans le champ politique alors que le pays partage avec ses voisins du Nord, le Burkina Faso et le Niger, des espaces frontaliers où circulent des gens qui ressemblent beaucoup à de vrais terroristes ». Pour le directeur du laboratoire d’idées Wathi, c’est bien le moment de se poser toutes ces questions avant que le Bénin « n’aille trop loin dans une direction qui a déjà éloigné dans tant de pays du continent et pour longtemps, les perspectives de paix, de sécurité et de progrès collectif ».
Laisser un commentaire