Après plusieurs reports, le match a enfin eu lieu. Et ce qui devait arriver arriva. Alors qu’il suffisait d’un match nul pour se qualifier, le Bénin s’est fait éliminer hier mardi 15 juin 2021 à Conakry par La Sierra Leone (1-0) au bout d’un match qui compte pour la dernière journée des éliminatoires de la CAN Cameroun 2021 dans le groupe L. Au lendemain de cette élimination, il convient de tirer les leçons pour mieux rebondir.
Le Bénin n’a pas pu s’adjuger le dernier ticket qualificatif pour la CAN Cameroun 2021. Et c’est vrai qu’il faut en vouloir à Khaled Adénon pour cette fâcheuse main qui occasionne le pénalty fatal aux ambitions béninoises. A ce niveau et avec l’expérience qui est la sienne, il ne peut pas toucher le ballon avec sa main. C’est inconcevable. Mais, on ne peut pas mettre cet échec seulement sur le dos du malheureux capitaine des Ecureuils du Bénin. Car, plusieurs facteurs et plusieurs acteurs ont contribué au résultat de ce mardi au stade Lassana Conté de la Guinée. Voir l’équipe béninoise dans cet état sur la pelouse, incapable de revenir au score n’est pas étonnant même si le Bénin se réveille ce mercredi 16 juin 2021 avec une once de regret. Car, oui on peut dire qu’il n’y pas eu une justice sportive à l’issue de la rencontre. La Sierra Leone n’a pas joué franc jeu pour mériter cette qualification. Mais, après avoir condamné la Sierra Leone pour sa malhonnêteté et la CAF pour avoir perdu le peu de crédibilité qui lui reste, il faut se regarder en face pour accepter la réalité telle qu’elle est.
De la qualité des joueurs
Le Bénin n’a pas une équipe de football et ses joueurs ne sont pas au niveau. Individuellement, que valent les joueurs béninois ? Presque rien. La preuve, près de la moitié de l’effectif est aujourd’hui sans club. Pourtant, ces joueurs n’étaient pas dans les tops clubs. Le rappel même de Djiman Koukou dans l’effectif est bien le symbole de ce manque de joueur de qualité. L’équipe du Bénin est toujours à la recherche de latéraux. Car, ni Youssouf Assogba ni Bourou Samadou hier n’ont été à la hauteur. En milieu de terrain, Adéoti et Koukou sont restés dans leur standard. Ces deux joueurs sont de même acabit. Ils sont peut-être précieux dans la récupération mais, trop faible dans l’utilisation du ballon. En absence de Stéphane Sessegnon qui s’éloigne de plus en plus de la sélection, Cèbio Soukou est encore trop inconstant pour porter l’équipe. Sur les côtés, Jodel Dossou, capable de fulgurances, a déjà montré ses limites. Il est aussi trop inconstant et trop souvent mal inspiré pour être le leader technique de l’équipe. Seul Michel Dussuyer peut dire ce qu’a apporté hier, Marcelin Koukpo dans ce match. Et que dire de Steve Mounié ? Voilà un joueur incapable de la moindre chose balle au pied. De plus en plus, on se demande quel est son rôle dans une équipe sans latéraux ni excentrés capables de multiplier les centres dans la surface adverse ? Lui, Mounié n’a pas ses coups de tête. A part cela, plus rien. Contre la Sierra Leone hier, il a encore donné la preuve. Sur les duels aériens, il est dans son élément. Mais dès qu’il s’agit de jouer avec le pied, il est incapable de la moindre différence. Et sur le banc, on a encore du mal à se faire une idée de la valeur des remplaçants. Il faut revoir la sélection et donner la chance pour d’autres joueurs.
Dussuyer est-il vraiment à la hauteur ?
Depuis son retour à la tête de l’encadrement, Michel Dussuyer a fait du miracle. Il a su tirer le meilleur d’un effectif qui manque de qualité. Son quart de finale à la CAN 2019 est bien prodigieux. Mais, il faut se demander s’il est toujours à la hauteur sur certains matchs comme celui contre le Lesotho à Maseru lors de la quatrième journée et contre le Nigéria lors de la cinquième journée de ces éliminatoires de la CAN Cameroun 2021. C’est sur ces matchs que le Bénin a ratés sa qualification. Personne ne peut dénier sa valeur en tant qu’entraineur. Mais, ces choix tactiques et sa gestion des matches posent problèmes. Une équipe en quête de qualification ne peut toujours se contenter de dresser un bus devant ses buts et d’attendre. Il faut aussi chercher à marquer des buts.
En six matches dans ces éliminatoires, le Bénin n’en a marqué que trois. Mieux, sur les trois derniers matchs, le Bénin n’avait besoin que de deux points. Au finish, il n’en a récolté qu’un seul. C’est la preuve que l’équipe ne sait pas jouer ou que Michel Dussuyer n’arrive pas à faire jouer l’équipe. Sur le match d’hier, on a du mal à comprendre comment il a pu titulariser Djiman Koukou aux côtés de Jordan Adéoti et est resté dans son schéma pendant plus d’une heure de jeu. On ne comprend pas aussi, pourquoi il a attendu les 15 dernières minutes pour effectuer certains changements. Le sélectionneur Français du Bénin a toujours montré un manque d’audace. Conservateur et prêt à mourir sur ses certitudes même quand le navire fait naufrage, Dussuyer a, peut-être, donné tout ce qu’il a et le Bénin peut tourner la page. En tout cas, cette équipe des Ecureuils a besoin de se reconstruire pour avoir un projet de jeu.
La faute aussi à trop de ‘’one man show’’
Bon sang ! Le Bénin a fait tout ça pour finir par rejouer le match et se faire éliminer ? Il faut que le ministre des Sports Oswald Homéky vienne faire, aux Béninois, le point de ce qu’a coûté la saisine du Tribunal arbitral du sport (TAS) aux contribuables. L’échec d’hier doit faire prendre conscience à certains responsables que dans le football, il ne suffit pas de montrer des muscles. Il faut savoir aussi poser les pas. Le spectacle de Freetown et tout le tapage qui a suivi avec la saisine du TAS ne sont pas de l’héroïsme. C’est juste un ‘’one man show’’ d’un ministre supposé être le ministre des sports et non le ministre du football. D’ailleurs combien de fois le ministre a voyagé avec les athlètes des autres disciplines sportives depuis 2016 ? Il est vrai que l’équipe nationale est à la charge de l’Etat. Mais, cela ne veut pas dire que le ministre doit être au-devant et s’arroger les prérogatives du président de la Fédération même si ce dernier se prête au jeu.
Certes, le football est la locomotive qui tire les autres sports. Toutefois, il faut éviter cet accaparement de cette discipline. D’ailleurs, pourquoi le ministre ne se consacre pas au projet de classes sportives qui depuis quatre ans n’a rien donné ?. Où sont les académiques sportives départementales et tout ce que le gouvernement a promis afin de former les athlètes au niveau des disciplines ciblées ? L’avenir du sport béninois se trouve dans la formation. Et tout l’argent gaspillé et tout l’arsenal déployé lorsqu’il s’agit des Ecureuils A (football) devraient servir à autre chose. Il faut saluer la volonté politique de développer le sport en général. Il faut saluer l’amélioration des conditions des joueurs en équipe nationale. Cependant, il faut savoir aussi être humble et travailler sur ses faiblesses.
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