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Pour Mathias Hounkpè, le Bénin n’a pas besoin d’une conférence à la 1990

Au Bénin, nombre d’opposants ont souhaité des assises nationales pour sortir le pays de la crise politique. Le chef de l’Etat Patrice Talon ne veut pas en entendre parler. Le politologue Mathias Hounkpè, sans discréditer l’un ou l’autre des points de vue, pense que le Bénin en ce moment n’a pas besoin d’assises nationales ou d’une conférence nationale à la 1990.

« Nous avons besoin de nous donner les moyens de résoudre les difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui sans pour autant chercher à reproduire le modèle de 1990. A mon humble avis, ce qu’il nous faut aujourd’hui au Bénin, ce n’est pas une conférence nationale à la 1990 (parce qu’il faudrait beaucoup d’efforts pour l’organiser sans la garantie de produire des résultats comparables à ceux de la Conférence nationale de 1990) » a expliqué l’administrateur de Gouvernance politique à Osiwa, dans les colonnes du journal La Nation. Selon lui, ce dont le pays a besoin actuellement, c’est d’un espace où de manière inclusive et participative, on peut réfléchir aux aménagements à apporter à la structure du système actuel pour en améliorer le fonctionnement.

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La condition de réussite

Ceci ne peut se faire que si chacun est en mesure, « ne serait-ce qu’un tout petit peu, d’oublier ses intérêts (politiques, économiques, etc) immédiats et de court terme, pour penser vraiment au Bénin » assure Mathias Hounkpè. C’est à ce prix qu’il y a possibilité « de trouver des solutions aux défis actuels que rencontre notre démocratie et que nous pourrons accroître les chances de la stabilité du Bénin et de la consolidation de la démocratie dans notre pays ».

2 réponses

  1. Avatar de Vodounon
    Vodounon

    Augustin Ainamon
    «  »Mais comment cela sera-t-il possible quand les seigneurs d’un instant peuvent continuer de bomber le torse croyant disposer du sort du peuple ? » »

    Tout est dit et l’équation est simple
    Comment faire quand la Marina méprise profondément les forces politiques et les acteurs sociaux du pays ?

  2. Avatar de Prof Augustin AINAMON
    Prof Augustin AINAMON

    Ce n’est pas d’une conférence nationale, style 1990, dont le Bénin a besoin en ce moment, mais de quelque chose de beaucoup plus important et de plus fondamental, retrouver les fondements et fondamentaux de notre vivre ensemble que nous avons saccagés en quelques années. En fait, cette situation révèle en les amplifiant comme dans un miroir grossissant tous les travers qui handicapent lourdement notre possibilité de vivre ensemble en harmonie
    Alors que nous nourrissions de grands espoirs à l’issue des opérations électorales de mars 2016 et que le peuple avait adhéré dans une grande ferveur au projet de rupture et de nouveau départ nous n’avons tardé à déchanter et ne sommes toujours pas sortis de ce désenchantement.
    Notre pays se trouve dans une grande impasse qui n’en est pas vraiment une maintenant que nous pouvons en décrypter les causes. Nous avons échoué ou en tout cas avons abouti aux résultants inverses de ce que nous envisagions parce que nous n’avons su ou voulu solder les comptes de l’impunité depuis la conférence nationale. Nous savons pourtant tout ce qu’il faut entreprendre pour commencer à voir le bout du tunnel mais l’action judiciaire, par exemple, utile et nécessaire ne sera pas suffisante. Elle accompagnera la détermination et la résolution de notre pays à vouloir rester maître de son destin, ce qui pour l’instant est encore loin d’être le cas devant notre démission collective. L’action judiciaire est efficace dans un système et un état de droit, mais sommes-nous certains d’avoir banni tout système fondé sur l’arbitraire et le pouvoir personnel ? Sans une mobilisation massive qui va au-delà des actions spontanées guidées par l’émotion du moment et qui imposera un nouveau rapport de forces faisant sentir aux gouvernants qu’ils deviendront aussi des gouvernés par un mouvement de rotation nécessaire en démocratie et qu’ils ne disposent pas d’intérêts particuliers (vested interests) divorcés de ceux du plus grand nombre. L’action judiciaire n’est efficace que si le peuple éclairé est conscient de sa souveraineté et s’il peut encore en disposer. Mais comment cela sera-t-il possible quand les seigneurs d’un instant peuvent continuer de bomber le torse croyant disposer du sort du peuple ?
    Nous ne pourrons en tout cas pas nous passer de l’exercice du genre des commissions CVJR (commission vérité, justice et réconciliation) qui a donné d’excellents résultats ailleurs même si tout n’est pas toujours très rose. Si nous évitons de poser un diagnostic en profondeur et nous contentons de mettre un cautère sur une jambe de bois, nous ne pourrons éviter la gangrène et une amputation radicale à terme. Nous continuerons alors de traîner nos lourds handicaps vécus comme autant de boulets qui nous empêcheront d’aller de l’avant et qui minent notre capacité de vivre ensemble dans la concorde et dans l’épanouissement de chacun et de tous

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