La France avec le président Emmanuel Macron a entamé une grande démarche de réconciliation avec son passé colonial. Après avoir demandé le mois dernier « pardon » aux harkis au nom de la France, Macron a été ce samedi, le premier chef d’État français à assister aux commémorations du massacre de manifestants indépendantistes algériens par la police à Paris. Cet épisode brutal, d’il y a 60 ans, est considéré par de nombreux historiens comme la répression la plus violente d’une manifestation pacifique de l’époque contemporaine en Europe de l’Ouest.
En dépit du nombre de morts estimé à 200, les autorités françaises ont évité de mentionner les meurtres jusqu’à ce que le président Français Hollande les reconnaisse en octobre 2012. Evoquant les événements, ce samedi 16 octobre à Bezons dans le Val d’Oise, le président Macron a dénoncé des « crimes inexcusables pour la République ». Emmanuel Macron « a reconnu les faits : les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », d’après un communiqué de l’Elysée.
La France regarde toute son Histoire avec lucidité
« La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d’abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme », souligne le communiqué. En effet, le 17 octobre 1961, alors que le conflit de huit ans touchait à sa fin, les combattants du Front algérien de libération nationale (FNL) ont appelé les Algériens à Paris à organiser une marche pacifique pour protester contre le couvre-feu nocturne qui leur était imposé après une vague de violences meurtrières.
Environ 20 000 à 30 000 manifestants
Environ 20 000 à 30 000 personnes se sont présentées et la police a écrasé la marche avant même qu’elle ne puisse commencer. Ils ont arrêté 12 000 manifestants, battu certains à mort et abattu ou jeté d’autres dans la Seine, où ils se sont noyés. Pendant plusieurs semaines, des cadavres non identifiés ont été retrouvés le long des berges du fleuve. En plus des dizaines de tués cette nuit-là, de nombreux autres ont été victimes de descentes de police et de violences qui avaient commencé en septembre et se sont poursuivies pendant plusieurs jours après les manifestations prévues.
Des familles n’ont jamais retrouvé la dépouille de leurs proches
« Près de 12 000 Algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri au stade de Coubertin, au Palais des sports et dans d’autres lieux. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine. De nombreuses familles n’ont jamais retrouvé la dépouille de leurs proches, disparus cette nuit-là », a rappelé Paris ce samedi.
Par ailleurs, la présence de Macron aux commémorations intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Le gouvernement algérien a récemment rappelé son ambassadeur après que Macron ait remis en question l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française et accusé les dirigeants algériens de « réécrire » l’histoire de leur pays sur la base d’une « haine de la France ».
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