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Embargo sur le pétrole russe : Paris et Berlin s’opposent, sans surprise

Olaf Scholz (Photo C. Gateau / POOL)

Dans le cadre de sa prochaine série de sanctions, l’Union européenne envisage d’imposer un embargo sur le pétrole et le charbon russes, mais pas sur le gaz. Lors d’une réunion lundi des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles pour discuter de nouvelles sanctions contre la Russie suite à son offensive en Ukraine, beaucoup appelle à une interdiction des importations de pétrole et de charbon russes.

« Il est inévitable de commencer à parler du secteur de l’énergie et nous pouvons certainement commencer à parler du pétrole », avait déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis aux journalistes avant la rencontre. Le président de l’Assemblée nationale de France Richard Ferrand qui est également d’accord qu’on continue à imposer des sanctions à la Russie, a estimé par contre qu’un embargo sur le gaz et le pétrole russes « n’est pas possible ».

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« Nous ne sommes pas prêts »

« Nous ne sommes pas prêts parce que ce n’est pas possible », a-t-il déclaré mercredi quelques heures avant l’intervention vidéo du président ukrainien devant le Parlement. « Les sanctions servent à infléchir le pouvoir politique russe, elles ne servent pas à punir les Françaises ou les Français ou les autres Européens », a ajouté le chef du parlement français lors de son intervention sur France Inter.

« Chaque fois que l’on peut durcir la position pour infléchir le pouvoir russe, il faut le faire, mais il ne s’agit pas d’assécher soudainement l’Europe, la France, l’industrie, tout ce qui fait que nous vivons », a souligné Richard Ferrand. « Il n’y a pas de réponse de substitution si on décidait ça demain ou après-demain. Que l’on aille de manière progressive vers une diminution de nos approvisionnements au point que cela affaiblisse la Russie, oui, mais il ne serait pas honnête de dire demain matin on décide cela », a-t-il soutenu.

« Nous mettrons fin à cette dépendance aussi vite que possible »

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a également averti mercredi qu’une interdiction immédiate des importations d’énergie russe déclencherait une récession économique en Allemagne et dans toute l’Europe. S’adressant au Bundestag, Scholz a déclaré que l’Allemagne mettrait fin à sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie en temps voulu, mais que couper tous les liens maintenant frapperait l’économie allemande au dépourvu. « Nous mettrons fin à cette dépendance aussi vite que possible, mais le faire du jour au lendemain reviendrait à plonger notre pays et toute l’Europe dans une récession », a déclaré le chancelier.

« Les Européens auront du mal »

Lundi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait averti lundi qu’« un tel embargo affectera, et affectera très sérieusement, le marché mondial du pétrole en général ». « (Cela) affectera sérieusement l’équilibre énergétique sur le continent européen pour le pire » a-t-il déclaré aux journalistes.  « Les Américains se retrouveraient seuls, c’est évident, et se sentiraient beaucoup mieux que les Européens. Les Européens auront du mal. C’est probablement une décision qui touchera tout le monde », a conclu Peskov.

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