Le 8 mars est une journée de rassemblement à travers le monde et l’occasion de faire le bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des évènements partout dans le monde pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications pour améliorer leurs situations. C’est aussi l’occasion de se mobiliser en faveur de leurs droits et leur participation à la vie politique et économique.
Le Bénin ne restera pas en marge de cet événement avec des célébrations un peu partout sur le territoire national. La participation des femmes béninoises aux prochaines élections législatives devra également être au menu des discussions. Car, s’il y avait eu quelques candidates lors des législatives précédentes, ce scrutin de 2023 revêt un caractère particulier. C’est la première fois qu’un quota a été exigé pour les femmes. 24 sièges leurs sont réservés exclusivement à raison d’une femme par circonscription électorale conformément au nouveau code électoral. Un grand progrès déjà à saluer. Le régime du président Patrice Talon par cette innovation veut jouer la carte de la modernité, secouer et renouveler l’image de notre pays où les candidatures masculines ont été jusque-là la norme.
Beaucoup pensent encore que la politique est codifiée par la masculinité, qu’elle est faite par et pour les hommes. Donc, avoir autant de femmes candidates à cette élection est très important pour l’image que ça renvoie dans le rôle modèle pour les autres femmes. Quand on passera désormais devant des affiches électorales il n’y aura plus seulement des hommes et toutes les femmes peuvent se projeter et se dire qu’elles aussi peuvent exercer le pouvoir un jour. Le message envoyé est assez important en termes d’incarnation et de représentation féminines.
Cependant, il ne s’agit pas d’une fin en soi. En Afrique et au Bénin en particulier, la politique est souvent considérée comme un univers particulièrement machiste entièrement conçu pour les hommes et difficilement accessible aux femmes. Celles-ci sont confrontées à des stéréotypes encore en vigueur dans nos sociétés et même si un quota a été imposé par le nouveau code électoral, pour favoriser leur entrée à l’Assemblée nationale, il reste un long chemin à parcourir. Elles devront d’abord se battre pour être en pôle position sur les listes électorales au risque d’être reléguées au dernier plan, synonyme d’échec. Ensuite, celles qui seront positionnées sur ces listes électorales doivent batailler fortement pour mériter leur place au risque d’être traitées de faire-valoir des hommes politiques.
Elles seront alors obligées de prouver leur légitimité et leur compétence, de démontrer qu’elles ont un sens élevé pour trouver des solutions aux problèmes, un sens du concret et de l’efficacité. En réalité, les femmes ont une identité compliquée aussi bien en politique que dans la vie courante. Si elles sont trop « femmes », genre Marie-Elise Gbèdo ou Marceline Zannou, on les stigmatise en disant qu’elle n’ont pas les épaules. Et si elles jouent la masculinité, et adoptent un code de virilité ( feue Rosine Soglo par exemple), on dit que c’est elles qui portent la culotte dans le foyer. Les nouvelles candidates aux prochaines élections législatives ne feront pas exception à ce sexisme. C’est là toute la difficulté pour elles. Mais de plus en plus, les mentalités évoluent et les stéréotypes commencent à disparaitre. Cependant, il faudrait un engagement plus fort non pas seulement pour occuper de hautes fonctions politiques, mais également dans toutes les sphères de la vie courante pour que la parité homme- femme souhaitée depuis des lustres soit un jour, une réalité dans notre pays.
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