L’Union Progressiste (UP) et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) s’apprêtent à fusionner pour créer un seul parti. Un grand parti, dit-on. Si l’initiative est salutaire et contribue à la salubrité politique, elle ne manque pas de susciter des inquiétudes. Et beaucoup craignent que les fruits ne tiennent pas la promesse des fleurs. L’annonce de la fusion de l’Union Progressiste et du Parti du Renouveau a fait effet boule de neige. En quelques heures, cette information a ébranlé le microcosme politique béninois et est passée en tête des informations les plus commentées sur les médias sociaux. Cela ne surprend guère.
L’Union Progressiste reste aujourd’hui la première force politique du pays et elle convole en justes noces avec le PRD qui reste le plus vieux parti de l’ère démocratique béninois- en plus du Parti Communiste Béninois(PCB)- et le seul qui a eu de groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale depuis 1995. Il s’agit donc d’une alliance entre deux gros mastodontes de l’échiquier politique béninois. Ce qui amènent certains analystes à dire de bon droit que le nouveau parti qui naîtra de cette fusion sera forcement le plus grand parti du Bénin. Mais tel un éléphant, ce parti affiche déjà quelques faiblesses que ses potentiels adversaires de décembre prochain ne manqueront pas d’utiliser contre lui.
A propos du casting Houngbedji – Djogbenou
La première faiblesse de ce nouveau parti vient forcément de ce tandem qui conduit actuellement les opérations de fusion. Il s’agit des présidents Adrien Houngbédji et Joseph Djogbénou. Les deux personnages présentent de grandes similitudes. Tous deux sont des avocats d’affaires très prospères. Tous deux sont idéologiquement proches des Libéraux et n’ont aucune aversion pour l’opulence. Le premier à l’Assemblée nationale et le second à la Cour constitutionnelle. Mais leurs différents passages à la tête de ces institutions laissent un goût amer à certains observateurs de la vie politique. Ils rappellent à suffisance les nombreuses lois votées par l’Assemblée Nationale alors que Me Adrien Houngbédji en était le président de 2015 à 2019.
C’est pendant cette législature que les lois dites crysogènes qui sont à l’origine des élections qui ont débouché sur des troubles. Selon des opposants, elle a également voté plusieurs lois qui ont contribué à affaiblir l’édifice démocratique. Idem pour Joseph Djogbénou dont le passage à la tête de cette juridiction constitutionnelle a été critiqué par les opposants. Leur union circonstancielle et leur présence dans le même parti pourrait raviver les diatribes contre ce parti. Les nouveaux responsables doivent s’armer d’arguments pour déconstruire les accusations forgées contre eux ces dernières années. Ces accusations parfois excessives peuvent être utilisées dans un environnement concurrentiel contre le parti pour le déstabiliser et lui ravir la vedette. Et cela ne manquera pas d’avoir un écho favorable au sein d’une population dont la grande majorité reste attachée à cette démocratie.
Comme l’Union fait la Nation
Le nouveau parti affiche aussi une autre faiblesse qui risque de lui coûter chère aussi. Telle l’Union fait la Nation(UN) entre 2009 et 2011, le parti en gestation risque d’essuyer de vives diatribes de ceux qui pensent que cette union a un encrage sudiste en dépit de quelques zones d’influence au nord. L’arrivée du PRD un parti fortement ancré au sud renforce ces critiques. Beaucoup pensent, à tort peut être, que le nouveau parti en gestion est conçu à l’image de l’UN comme un parti du sud et va s’opposer totalement le BR dans cette région du pays De telles critiques pourraient être destructrices pour la nouvelle formation qui risque ainsi de perdre des plumes. A tout cela, il faut ajouter les frustrations et autres grincements de dent que la fusion des deux partis cause dans les 15è, 19è et 20è circonscriptions électorales et qui pourraient bien profiter aux autres forces politiques présentes dans cette zone.
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