Depuis ce vendredi 30 Septembre, le Burkina Faso a basculé dans une crise politico-militaire qui a ébranlé tous les organes de la transition. Tout est parti d’un mouvement d’humeur des militaires de l’unité COBRA des forces armées nationales. Ces soldats d’élites avaient un certain nombre de griefs contre le président de la transition, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et à la haute hiérarchie militaire. Les militaires de l’unité COBRA dénonçaient entre autre un traitement inégal entre les différentes forces de l’armée. La garde rapprochée du Lieutenant-Colonel Damiba constituée des forces spéciales bénéficierait d’énormes largesses de la part du pouvoir de transition, ce qui a créé des frustrations au sein des rangs de l’armée.
En plus de cela, l’unité COBRA fustige la détention de certains chefs militaires dont l’emblématique Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungranana (emprisonné depuis plusieurs mois pour tentative de coup d’État et détournements de deniers publics). À noter que les éléments de l’unité COBRA ont joué un rôle important dans l’avènement du Mouvement Patriotique Pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) le 24 janvier dernier. Après plusieurs tentatives de médiations de la hiérarchie militaire, un groupe de jeunes officiers avec à sa tête le Capitaine Ibrahim Traoré fait une annonce dans la nuit du vendredi 30 Septembre sur la Radio Télévision Nationale (RTB) pour annoncer l’éviction du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Le groupe de jeunes officiers prend de nombreuses mesures dont la dissolution du gouvernement de transition, la suspension de la constitution, la fermeture des frontières terrestres et aériennes, l’instauration d’un couvre-feu (21h à 5h du matin). Un nouveau coup de force vient d’être consommé, huit mois après celui qui a porté le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba au pouvoir.
Le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré, annonce la rédaction d’une nouvelle charte de la transition et l’élaboration d’un programme qui permettra la désignation d’un président qui va conduire le processus de la transition. Ibrahim Traoré, le nouveau président du MPSR, fait face à de nombreuses dissensions au sein de l’armée. Les forces spéciales sont restées loyales à Damiba ce qui a entraîné une scission au sein de la grande muette. La tension est montée à son paroxysme ce samedi 01 Octobre avec des échanges de tirs dans la capitale Ouagadougou. En fin de matinée, le capitaine Ibrahim Traoré s’est exprimé sur divers médias pour exprimer ses motivations et fustiger l’attitude de la hiérarchie militaire qui est en déphasage avec les réalités de la lutte contre le terrorisme. Plus tard, d’autres militaires du MPSR 2 vont livrer un nouveau communiqué sur la RTB pour indiquer que le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba se serait retranché au niveau du camp militaire de Kamboinsin à Ouagadougou où sont notamment stationnées les forces spéciales françaises.
Dans le communiqué, les jeunes officiers annoncent leur intention de signer des accords militaires avec de nouveaux partenaires (une grande partie de la population réclame un partenariat avec la Russie). Dès lors, des manifestations spontanées ont été enregistrées dans plusieurs villes du Burkina pour exiger le départ sans délais des forces spéciales françaises du territoire burkinabè. C’est ainsi que les manifestants tenteront de prendre d’assaut divers symbole de la France. À Ouagadougou, la foule va incendier la guérite de l’ambassade de France sans pour autant causer de dommages au bâtiment. Au niveau de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, les manifestants vont saccager la devanture de l’Institut Culturel Français. Selon de nombreux manifestants, la France est derrière les évènements que vit le Burkina depuis ce 30 Septembre. La situation est toujours tendue à l’heure actuelle et les plus hautes instances de la hiérarchie militaire s’attèlent à trouver une sortie de crise sans effusion de sang. Le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a récemment pris la parole pour démentir les informations qui font état de son retrait vers le camp militaire de Kamboinsin où il serait sous la protection des forces spéciales françaises. Il a appelé le Capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes à savoir raison garder pour maintenir la cohésion au sein de la troupe et de la population à un moment où le Burkina est frappé de plein fouet par les attaques terroristes.
Laisser un commentaire