Telle est encore la vie : curieuse et interminable succession de joies et de peines, d’hilarité et de mélancolie. Tantôt on esquisse un beau sourire, tantôt on verse des larmes. Hier, c’était la grande fête, aujourd’hui le profond deuil ! Il y a un peu plus d’un an, Vincent Foly répondait à l’appel définitif du Seigneur. Chacun de nous a été tétanisé et traumatisé par la terrible nouvelle de sa subite disparition. Personnellement, je ne m’en revenais pas ! Comment Vincent Foly peut-il mourir ? Comment le Seigneur peut-il le rappeler au moment où nous avions grand besoin de lui ? Au moment où il était tout près de la conclusion d’un grand combat. Le combat d’une vie… Une vie de combat…
Comme le Christ le souligne dans l’Evangile de ce jour : « Quiconque sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. » (Lc 12, 8), il est urgent de rendre hommage à cette icône qui a mené le bon combat et a œuvré, malgré ses limites humaines, pour le bien de tous. Vincent Foly, en effet, a essentiellement tenu à assumer trois luttes dans sa vie.
- La lutte contre soi-même en vue de trouver sa vocation.
- La lutte pour construire son rêve en créant la Nouvelle Tribune.
- La lutte pour défendre la liberté au prix de son journal et de sa vie.
1- La lutte contre soi-même en vue de trouver sa vocation :
Professeur de lettres et d’anglais, il ne trouvait pas son plein épanouissement dans ce métier. Et il continuait de chercher sa vocation pour la trouver dans le journalisme. Il n’est donc pas aller au journalisme accidentellement, il y est allé par conviction. La conviction de porter haut et fort un message authentique véhiculant la défense du peuple et la dénonciation de l’injustice. Il a incarné dans notre pays, à la fois, le journalisme très professionnalisé et manifestement très engagé.
Vincent Foly était une personnalité très perfectible qui cherchait à faire mieux, à dire toujours mieux les choses et à bien faire. Sensible aux autres intelligences, aux hommes et femmes de bonne volonté, il allait à leur rencontre cherchant à s’instruire, à recevoir et à entrer en dialogue avec chacun d’eux. Hors de la scène publique, Vincent Foly était extrêmement affable intérieurement, généreux de son temps, disponible jusqu’à épuisement, reconnaissant et très ouvert d’esprit. Pour tout ceci, nous ne pouvons que dire en reprenant les paroles de Saint Paul « Je ne cesse de rendre grâce, quand je fais mémoire de notre frère et bien-aimé père et mentor » (Cf. Ep 1,16). Il a été pour tous et pour chacun le modèle d’une vie pleine d’abnégation, de persévérance et d’ascèse.
2- La lutte pour construire son rêve en créant la Nouvelle Tribune.
La Nouvelle Tribune vit une nouvelle naissance avec les enfants Foly. Ils ont été initialement formé sous la direction de leur feu Père et ils font leur première arme à la tête de la Nouvelle Tribune aidée d’une solide équipe. Je les félicite chaleureusement et les encourage fraternellement tout en priant pour chacun d’eux afin que le Père dans sa gloire leur donne un esprit de sagesse toujours renouvelé au service des frères et sœurs en humanité. Je souligne ici la fidélité et la ténacité de Marcel Zoumènou qui a fait le choix du sacrifice aux côtés de son feu DP Vincent Foly.
J’ai un mot spécial pour Euloge Foly. Très loin géographiquement et très proche à plusieurs égards, il est le vrai censeur du feu DP Vincent Foly. Stratégiquement la tour de contrôle de la Nouvelle Tribune, il est effectivement le doigt de son Père et le pivot de la fratrie. Votre dynamisme communautaire et votre cohésion dans le travail constituent des fruits du sacrifice de Vincent Foly. Il est mort dans la chair et vit dans l’esprit vous accompagnant.
3- La lutte pour défendre la liberté au prix de son journal et de sa vie.
Ce n’est ni une fable, ni une fiction. Nous avons été tous témoins ! Et la Parole de Dieu nous l’enseigne bien évidemment : « Témoigner, annoncer et proclamer la bonne Nouvelle et l’Evangile de la Vie, de la Paix, de la Vérité, de la Justice, comportent pour le disciple la persécution » (Cf. Lc 12,11 et Mt 5, 11.12 dans les Béatitudes). Pour nous qui sommes ici afin de poursuivre la lutte, nous devons à l’instar de notre père Vincent Foly, témoigner, non seulement par notre compréhension, mais bien plus par toute notre vie dans la vérité.
Le Christ est le premier modèle de cette mission de témoignage puisqu’il est monté sur la croix pour rendre témoignage à la vérité. Ce témoignage est à notre portée ; il est à la mesure de notre propre témoignage et est la source fondamentale de la dignité de l’homme. Cette dignité doit se manifester dans un témoignage qui englobe tous les secteurs de notre vie en partant du changement personnel de chacun pour aboutir au changement des structures extérieures, des peuples pour la vie du monde.
Que la mémoire de Vincent Foly soit célébrée dans la cité !
Père Arnaud Éric AGUENOUNON
Philosophe politique
Écrivain-Essayiste
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