A quelques jours du démarrage de la campagne électorale pour les législatives, le président du parti Restaurer la Confiance (RLC) vient de jeter un pavé dans la mare. Celui qui se décrivait comme un farouche opposant au pouvoir en place vient de demander à ces militants de faire campagne aux côtés du parti de la majorité présidentielle Union Progressiste le Renouveau. Plus de doute encore. Le loup était dans la bergerie. L’annonce a été une demi-surprise. Elle vient plutôt confirmer ce que certaines personnes murmuraient déjà. Le président du parti Restaurer la Confiance (RLC) Iréné Agassa soupçonné par l’opposition béninoise depuis longtemps de rouler pour le président Patrice Talon, vient de jeter le masque.
Il a tourné casaque et appelle publiquement ses quelques militants à voter pour le parti de la majorité présidentielle Union Progressiste le Renouveau (UPR). Pour expliquer son revirement à 180 degré, il s’est fendu dans un communiqué en date de ce lundi 19 décembre. « Pour l’heure, l’UP le Renouveau serait le seul parti de la majorité présidentielle prêt à conduire la mutation politique prochaine (…..) Par conséquent, RLC demande à toutes ses structures de base et à tous ses militants de faire campagne aux côtés des forces favorables à la mutation et demande expressément au parti UP le Renouveau de prendre le devant de ce combat pour une majorité absolue au parlement prochain », a-t-il publié sur sa page Facebook. Avant de faire son choix, Irené Agossa s’est expliqué un peu plus haut par un post sur son mur: « L’enjeu majeur de ces élections de transition consistera à faire le choix entre les forces de mutation et celles conservatrices. Dans ce contexte, RLC s’engage plus que jamais du côté de la mutation, seule voie qui s’offre à notre processus démocratique pour nous conduire au dialogue, à la paix et à un développement équitable et durable ».
Des explications qui n’ont pas convaincu certains observateurs. Pas plus que son intervention hier mardi sur Actu Matin de la chaîne Canal 3 où il manquait de mots, lui qui était si souvent loquace et volubile, montait sur ses grands chevaux à chaque question, se contredisait pour finir par se perdre dans ses explications. Pourtant, celui qui se présentait comme un opposant au régime actuel avait tenté de s’allier au parti Force cauris pour un Bénin émergent afin de participer aux mêmes élections législatives du 08 janvier prochain (FCBE) de Paul Hounkpè. Fort heureusement, le chef de l’opposition s’est débiné au dernier mot et l’idylle n’a duré que le temps de sa pensée. Bien lui en a pris. Que s’est-il passé entre le temps de cette alliance qui a capoté et le revirement spectaculaire du président Iréné Agossa du lundi dernier ? Qu’est-ce qui a changé pendant ce laps de temps ?
Rien ! Aucun évènement n’est intervenu pour changer la donne et aucun argument sérieux ne peut expliquer le comportement du président de RLC Iréné Agossa. En réalité, cet homme politique promu par l’ancien président Boni Yayi, n’inspirait plus confiance à l’opposition béninoise depuis qu’il s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2021 en duo avec M. Corentin Kohoué et en total désaccord avec les membres du parti Les Démocrates. Certaines personnes l’avait accusé d’être utilisé pour crédibiliser cette élection. Bien qu’il s’en fût défendu, en ce moment-là, il semble aujourd’hui leur donner raison. Son parcours politique atypique ne plaide d’ailleurs pas en sa faveur. Président d’un mouvement politique dans les années 2000, il a débarqué avec arme et bagage au sein du parti Fcbe originel où il a eu du mal à se faire accepter.
Transfuge de ce parti, il atterrit au parti Les Démocrates à quelques mois de l’élection présidentielle de 2021 où il est accueilli avec circonspection avant de se déclarer candidat à cette même élection. Candidat malheureux, il sera exclu pour avoir transgressé les règles de ce parti. Il créera quelques mois plus tard, son parti RLC sans son compagnon d’infortune Corentin Kohoué. Pendant longtemps, il a laissé croire qu’il milite en faveur de la restauration de la démocratie au Bénin aux côtés de ceux qui se sentent marginaliser par le pouvoir en place. Il n’a cessé de marteler son souhait d’un regroupement de l’opposition et il a fait d’ailleurs plusieurs démarches dans ce sens. Certains se sont sentis bluffés par son discours. D’autres n’y ont pas cru. Il vient ainsi donner raison à Daniel Confland qui disait : « en politique, l’opportuniste ne retourne pas sa veste, il change de badge ».
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