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Bénin : que pensent les religieux du tatouage ?

Au Bénin, les tatouages sont de plus en plus fréquents. La société et les religions n’acceptent pas forcément ce choix. À quoi s’en tenir ? Dessins décoratifs ou symboliques permanents, les tatouages sont adoptés par bon nombre de personnes. Hommes et femmes peuvent s’offrir le plaisir de se tatouer sur un coup de tête, par pure envie. C’est le cas de plusieurs personnes qui sans une quelconque hésitation ont pu affirmer « les tatouages, c’est chic ! C’est un plaisir et un pur régal d’avoir un dessin sur le corps, c’est spécial».

Rugal Kpehoun est allé plus loin. Pour lui, il s’agit d’une extrême audace qui procure l’estime de soi, «j’ai plusieurs tatouages sur le corps. Je suis fier de les avoir et c’est extrêmement beau. Ça me donne une assurance et une sorte d’estime personnelle que je ne peux vous expliquer. Tout le monde peut ne pas l’accepter mais les tatouages sont un art que j’adore» a-t-il déclaré. Même son de cloche pour Jeannette kossouho qui s’est faite tatouer sur le bras une couronne. C’était par «plaisir et rien d’autre» a-t-elle avoué. Mais ce n’est pas toujours le cas. D’autres se font tatouer pour des raisons bien plus spécifiques. Maëlle Gandonou fait partie de cette catégorie de personnes qui préfèrent garder les souvenirs les plus marquants. Avec un total de 7 tatouages un peu partout sur le corps, la jeune femme d’une trentaine d’années est une boîte à faits marquants: «mes souvenirs marchent avec moi. J’ai vécu des choses horribles, permettez-le-moi, mais je vis. En quelque sorte ces marques sur mon corps me font renaître car à chaque fois que je les contemple, je me remémore ces moments et ça me donne de la force car pour moi je suis une guerrière. Les tatouages ne sont pas pour la mode pour moi mais c’est mon histoire» a-t-elle confessé. Bien de personnes sont dans le même cas comme un homme qui a préféré rester dans l’ombre. Il totalise 13 tatouages, tous sur le dos. «Chaque tatouage a son histoire. D’autres me rappellent de vieilles choses mais d’autres me poussent à atteindre mes objectifs. Oui, j’ai tatoué mes rêves aussi sur mon dos» a-t-il lâché.

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Le regard pesant de la population

Il est vrai que pour les personnes tatouées, il n’est pas question d’un mal. Par contre, la société béninoise condamne presque cela. Bien que certaines personnes cultivent la tolérance, les tatoués ne sont pas acceptés dans tous les milieux. D’une façon ou d’une autre ils sont rejetés et rabaissés. Maëlle en est la preuve palpable. « J’ai réussi un entretien d’embauche et je le savais mais je n’ai jamais été appelé. Oui, parce que mes tatouages sont à découverts et très visibles. C’est l’information que j’ai reçue officieusement plus tard. Ce n’est pas seulement le cas, dans mon propre quartier j’étais traitée de prostituée alors que j’étais célibataire. Je pouvais voir des personnes me regarder méchamment où se murmurer des conneries parce que je suis une jeune fille tatouée. Les extra purs parlent d’esprits mauvais ou de pacte avec le diable. Ça fait très mal parce que je ne suis pas aimée mais les rares personnes qui m’acceptent ne sont pas déçues et je ne regrette pas» a-t-elle assumé. Il faut dire que ce genre de propos est récurrent mais ceci peut s’expliquer..

Entre acceptation et proscription

Le coran n’est pas contre les tatouages. Musulmans et musulmanes ont la possibilité de se tatouer mais sur restrictions. En effet, ces derniers peuvent utiliser l’encre appelé « Lali » et rien d’autre. Ceci car, leur tatouage doit pouvoir s’effacer, du moins c’est ce que recommandent les saintes écritures. Ils doivent également éviter toute représentation d’animaux selon Abdel-Aziz Laminou, imam. Du côté des chrétiens, il s’agit d’une proscription pure. «Les saintes écritures mettent la croix sur les tatouages. C’est une sorte d’idolâtrie dans le livre d’Ecclésiaste et un enfant de Dieu ne doit pas s’adonner à ces choses. Ce sont les choses du monde et ce n’est pas conforme aux recommandations divines» a expliqué Edgard Dotou, prophète. Il est donc clair que les chrétiens qui ont reçu cet évangile ne seront jamais d’accord que cela perdure.

Heureusement la culture Béninoise n’a rien contre les tatouages. D’ailleurs, ce sont les adeptes de vodoun qui sont les pionniers de cet art. Pour le prêtre fâ Adjindé «les gens peuvent dessiner une idole, l’emblème d’un vodoun ou d’une divinité sur le corps pour magnificence. D’autres peuvent également le faire par passion. Il n’y a aucune restriction par rapport à cela mais des rituels peuvent être faits dans certains cas». Dans cette grande diversité, il est peut-être normal que les populations soient partagées quant à l’acceptation des tatouages. Néanmoins, il est préférable que la tolérance prime au sein des régions pour une saine et épanouissante cohabitation.

Une réponse

  1. Avatar de Lidiotducoin
    Lidiotducoin

    Oui, j’ai tatoué mes rêves aussi sur mon dos»
    Quoi de plus ingénieux ? Avoir son avenir dans le dos… Et pour le voir, il faut un double miroirs 🤣🤣🤣

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