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Drame à Dassa-Zoumè: «nos routes ne sont pas sécurisées» affirme le Père Aguénounon

Les réactions pleuvent de toute part pour compatir aux douleurs des familles éplorées depuis l’accident mortel survenu le dimanche 29 janvier 2023 à Dassa-Zoumè dans le département des Collines. 23 personnes sont décédées dans cet accident mortel.  Le décès de ces 23 personnes continue de susciter de la tristesse dans le rang des populations et des responsables à divers niveaux. La dernière réaction est celle du Père Eric Aguénounon, Directeur de l’ Institut des artisans de justice et de paix (IAJP).

Interrogé par Radio Planète sur ce drame de Dassa-Zoumè, le Directeur de l’IAJP a laissé entendre qu’il a ressenti ce qu’un Béninois lambda, un citoyen ordinaire a ressenti, ce que tout homme, toute femme de bonne volonté peut ressentir. Il se dit très révolté, meurtri et profondément bouleversé d’une telle tragédie puisse se produire dans l’indifférence totale et en plein cœur d’une ville qui pourtant abrite une caserne des sapeurs-pompiers. Il s’est étonné qu’un bus contenant des personnes peut bruler jusqu’à ce point-là et qu’« on n’ a même pas récupéré quelque chose » de ce bus.

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Le Père Eric Aguénounon a déploré que « nous ne sommes pas encore dans un pays sérieux » et que « les citoyens sont livrés à eux-mêmes ».  Le pays sérieux selon lui, c’est un pays sécurisé dans lequel il y a les moyens pour permettre aux vies de s’éclore, pour permettre aux uns et aux autres d’avoir une certaine sécurité. Pour lui, « on ne l’a pas ». Ce qui signifie donc selon le Directeur de l’IAJP que « chaque citoyen est livré à lui-même » et que « nos routes ne sont pas sécurisées ». 

 Très affecté par ce drame de Dassa-Zoumè, l’Abbé Eric Aguénounon est très remonté et très amer parce qu’il n’a pas vu qu’on essayait d’éteindre le feu et de faire sortir les gens. Il s’interroge alors « sur notre charité, sur le devoir de l’Etat béninois à protéger ses citoyens ».  Dans les moments les plus extrêmes, il ne croit pas que « notre Etat a les moyens de le faire ».  Le Directeur de l’IAJP se pose donc plusieurs questions. Comment sont les casernes des sapeurs-pompiers ? Est-ce qu’il y a assez de communication, de célérité, de rapidité d’intervention ? Est-ce qu’ils ont les moyens d’intervenir ? ou encore Est-ce qu’ils ont les moyens de sauver des vies ? ». Pour lui, la question est une question légitime par rapport à ce qu’il a vu, par rapport à ce qu’il ressent aujourd’hui.

Défaillance du système sanitaire

 Le Directeur de l’IAJP n’a pas manqué de jeter un regard critique sur le système sanitaire du Bénin.  A l’en croire, le pays dispose d’un secteur sanitaire défaillant où les zones reculées sont dépourvues d’infrastructures de santé pour les cas d’extrême urgence.  L’Abbé Eric Aguénounon a déclaré que si on transporte les blessés de Dassa-Zoumè jusqu’à Cotonou, cela veut dire que « notre système sanitaire est défaillant ». « Nous sommes dans l’infra-humanisation » a-t-il lâché avant d’ajouter qu’« Il faut oser le dire et dire que le travail reste encore énorme ».

 Pour le Directeur de l’Institut des artisans de justice et de paix, on a beau sauvé la face en ayant des infrastructures belles et magnifiques à Cotonou mais à l’intérieur du pays, qu’est-ce qui se passe ? Il a affirmé que dépêcher des gens, pour lui, c’est de la compassion . Et Il a poursuivi en ses termes : « ce n’est pas de la compassion qu’il faut ». Dieu selon lui, ne va pas descendre sauver ces gens-là. Il va passer par les mains de l’homme. Il a expliqué que dans un Etat, les mains humaines, c’est le pouvoir central. Il a soutenu que le pouvoir étatique étant loin donne plein pouvoir à tout village, à toute petite ville d’avoir tous les moyens.

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 Ces autorités, selon lui, vont dans les pays développés et ont étudié dans ces pays-là et qu’elles vivent parfois un peu de temps dans ces pays-là.  Le Père Eric Aguénounon a précisé que ces derniers voient que même dans le village le plus profond qui est à 500 Km de Paris ou bien à 800 Km ou le village le plus loin de Washington, il y a les moyens pour sauver les vies.  « C’est de ça je parle » a-t-il lâché.

Le directeur IAJP n’a pas manqué d’interpeller la police républicaine sur ses responsabilités. Il a par ailleurs exhorté le peuple béninois à une prise de conscience collective. Il a déclaré qu’il ne faut jamais « souhaiter qu’un être humain puisse périr de cette manière-là ».  Pour lui, C’est le signe que la mort mais d’abord le sous-développement, l’inconscience nationale frappent tout le monde. Ce qui se passe sur nos routes selon lui, c’est le sauve-qui-peut.  Il en conclut qu’il y a un problème d’éducation civique et citoyenne et que c’est ce travail que l’IAJP fait.

Le Père Eric Aguénounon se désole que « malheureusement nous sommes dans un pays où il y a beaucoup d’ondes et beaucoup de forces négatives »  et que de plus en plus c’est ces forces-là qu’on célèbre.  Pour lui, c’est très grave. Selon lui , ces choses-là sont chantées comme étant des sauveurs  mais il a tenu à préciser qu’ «  Il y a un seul Dieu qui a sauvé le monde, c’est Jésus-Christ ».

Une réponse

  1. Avatar de Veronique Frinalli
    Veronique Frinalli

    M. AGUENOUNON votre raisonnement ne tient pas debout quand vous comparez le Bénin à la France et aux États-Unis. Même ici en France certains hôpitaux ont leurs spécialités. Reconnaissez au moins que le Bénin a évolué par rapport à d’autres pays africains

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