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Inclusion des femmes dans le numérique au Bénin : des femmes qui inspirent

Dans les circonstances de la Journée internationale des droits de la femme dont le thème retenu cette année prône l’inclusion de la femme dans le numérique, il importe de lever un coin de voile sur les femmes béninoises dont le parcours notamment dans le numérique inspire. Il s’agit dans cet article de Germanita Lavinon épouse da Silva, promotrice de « Allô Goûter Bénin » et d’Esther Idrissou, secrétaire de Women In Tech Bénin et fondatrice d’Agriyouth. En dépit des avis décourageants de son entourage relativement à sa décision de poursuivre ses études universitaires dans l’informatique, un domaine qualifié de masculin, Germanita Lavinon est allée au bout de son rêve, avec l’aide de son père.

Elle est titulaire d’un BTS en informatique de gestion, d’une licence en ingénierie informatique et réseau et d’un master en gestion de projet. Elle a travaillé pendant une dizaine d’années dans plusieurs organismes internationaux, au service informatique. Dès la fin du projet sur lequel elle travaillait en 2017, Germanita Lavinon a fait une pause de maternité. Après l’accouchement, elle a trouvé mieux de prendre une année sabbatique pour prendre soin de son bébé. Habituée à se battre dans un milieu professionnel, la jeune femme n’a pu rester sans un emploi pendant une année.

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Elle a pensé à mettre en place un système capable de lui permettre d’une part de prendre convenablement soin de son nouveau-né et d’autre part, d’avoir une activité génératrice de revenu. ‹‹ J’ai pensé à reprendre le business de ma maman tout en le modernisant avec les nouvelles technologies de communication pour mieux toucher la clientèle et pour mieux faire connaitre ma start-up ››, a-t-elle confié. ‹‹ À mon poste qui a précédé ma pause de maternité, il était question dans mon cahier de charge, d’aider les entrepreneurs de Parakou et de partout ailleurs, à utiliser les TIC pour faire prospérer leurs affaires. Avec ce bagage que j’avais déjà, il a été facile pour moi de mettre sur pied ma start-up et d’utiliser les outils adéquats pour pouvoir la faire connaître du monde entier ››, a-t-elle expliqué.

Son entreprise « Allô Goûter Bénin » existe depuis quatre ans. Mise en place pour servir le goûter à toute la population béninoise, cette entreprise sert également dans la livraison du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner depuis deux ans. Elle est également sollicitée pour la livraison de nourriture lors des événements tels que les réunions d’affaire, les mariages et baptêmes. L’équipe de « Allô Goûter Bénin » est composée de 95 % de femmes et de 5 % d’hommes. Ces derniers sont les livreurs qui interviennent dans l’acheminement des nourritures vers les clients au quotidien. ‹‹ Nous avons commencé « Allô Gouter Bénin » par la création d’une page Facebook sur laquelle nous postons ce que nous faisons. Les clients aiment les repas que nous cuisinons et ils nous sollicitent toujours quand il le faut ››, s’est réjoui Germanita Lavinon.

Le parcours élogieux d’Esther Idrissou

En ce qui concerne Esther Idrissou, elle est journaliste de formation, blogueuse et consultante en communication digitale. Elle est la fondatrice d’Agriyouth et la secrétaire générale de Women In Tech Bénin, une organisation qui milite pour l’inclusion dans le numérique au Bénin. Après ses études en journalisme, Esther Idrissou a suivi une formation en renforcement de capacité dans le numérique. Ce qui lui a permis de réorienter sa carrière sur le digital. Elle a créé son blog où elle parle de l’entrepreneuriat des jeunes dans l’agriculture et de l’entrepreneuriat agricole en général.

‹‹ À travers mon blog, mon implication dans l’Association des blogueurs du Bénin dont je fais partie des membres fondateurs et aussi grâce à des formations en ligne en digital, j’ai pu acquérir des compétences dans le digital concernant notamment le référencement, la rédaction web et plein d’autres compétences qu’on utilise dans la gestion de projet numérique. C’est ce pan de ma formation qui fait qu’aujourd’hui je suis consultante en communication digitale après avoir fait des parcours dans plusieurs projets et entreprises ››, a déclaré la jeune femme. Elle a travaillé dans un centre d’incubation  »Solidar’It » en tant que chargée de communication. Elle a aussi travaillé en tant que formatrice pour le projet Bénin digital où elle a sillonné plusieurs communes du Bénin pour former les jeunes et les femmes dans le numérique. Esther Idrissou est également consultante dans plusieurs projets de formation des enfants, des femmes et des jeunes toujours dans le numérique. Elle a travaillé avec plusieurs organisations dont la Chambre nationale d’agriculture du Bénin pendant plusieurs années. Sans oublier l’UNICEF Bénin où elle a été engagée en tant que spécialiste en communication digitale ainsi que plusieurs structures internationales. ‹‹ Je suis aujourd’hui consultante dans les domaines du digital tels que la formation, l’éducation numérique et l’Agritech ››, a notifié Esther Idrissou.

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Appel unanime des deux femmes

Etant mère de deux filles, Germanita Lavinon a un regard particulier sur l’éducation des jeunes filles. Elle conseille aux jeunes filles de ne pas se mettre des limites elles-mêmes. ‹‹ Nous n’avons aucune limite. Nous pouvons tout faire, il suffit d’avoir la volonté et de pouvoir s’affirmer dans n’importe quel domaine.Nous arrivons à mieux faire que certains hommes ››, a-t-elle dit. Elle recommande aux jeunes filles qu’il est important d’étudier à fond même si c’est pour devenir une vendeuse de tomates. Car, dans la plupart des domaines, étudier permet d’innover et de faire mieux que les personnes non instruites. Germanita Lavinon s’adresse également aux parents. ‹‹ Que nous-mêmes parents ne mettons pas de limite à nos filles. Si une fille décide de faire de la maçonnerie par exemple, il ne faut pas s’y opposer. Il faut plutôt aider les filles dans ce qu’elles veulent tout en s’assurant que ça leur est salvateur ››. A l’endroit du gouvernement, Germanita demande de multiplier les actions en faveur de la femme en facilitant aux femmes entrepreneures l’accès aux financements.

Esther Idrissou trouve que le thème retenu cette année pour la journée internationale des droits de la femme vient confirmer sa vision par rapport à la place de la femme dans le numérique. Le manque de femme dans le domaine du numérique frappe à l’œil. ‹‹ Il faut faire en sorte qu’il y ait plus de femme dans ce domaine. Il faut aussi que les femmes qui sont dans le numérique créent des communautés autour d’elles afin de mieux impacter le numérique au Bénin. Plus on aura de femmes et mieux ce sera pour l’implication et la prise en compte du genre dans le numérique››, a affirmé Esther Idrissou.

Aux jeunes filles, elle leur demande de rêver et de penser à comment impacter réellement leurs communautés tout en se servant du numérique. Elle met un accent particulier sur l’importance qu’il faut accorder à sa e-réputation. ‹‹ La cybercriminalité et la sextorsion sont des pièges dans lesquelles tombent rapidement les jeunes à travers les nouveaux moyens de communication et d’information. Il faut que les parents discutent avec les enfants quant à leur présence en ligne. Il faut leur apprendre la discipline sur les réseaux sociaux ››, a déclaré Esther Idrissou. Elle remercie le gouvernement pour son soutien aux femmes. ‹‹ Nous demandons au gouvernement de continuer à mettre en place des projets pour l’émancipation de la femme et l’émergence des femmes dans le numérique. Merci de toujours intégrer la femme à tous les niveaux de prise de décision ››, a-t-elle conclu.

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