Depuis qu’ils ont pris le pouvoir par la force au Mali, Burkina et en Guinée, les militaires multiplient les gestes de défiance envers la France, ancienne puissance coloniale. Et la scission semble irrémédiablement consommée. Récupération politique ou volonté réelle de rompre définitivement avec la « Françafrique » et ses pratiques opaques héritées de la colonisation ? De l’eau dans le gaz entre la France et son ancien « pré-carré ». Depuis quelques années, les relations entre la puissance coloniale et les pays francophone d’Afrique sont exécrables. En cause: la jeunesse ne croit plus aux promesses d’une rupture avec les pratiques opaques qui ont caractérisé les liens entre les deux parties dans le passé.
Perçue comme un frein au développement économique et aux aspirations démocratiques, la France est de plus en plus contestée dans les rues de Bamako, Ouagadougou en passant par Conakry, Dakar Brazzaville, N’Djamena et Niamey. Des milliers de manifestants ont afflué ces derniers mois dans les rues, pour exprimer leur ras-le-bol de la présence française dans leur pays. Ils disent leur soif d’une relation plus équilibrée, plus respectueuse aussi. Lors des manifestations, il est désormais courant d’entendre des appels à l’abolition du franc CFA et au départ des troupes françaises stationnées en Afrique depuis de nombreuses années. Des manifestants rapidement récupérées par les hommes en uniforme qui ont pris le pouvoir au Mali, Burkina et en Guinée et au Tchad.
Et les effets se sont fait ressentir immédiatement. A l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako en janvier 2023, fait écho le départ des derniers soldats des forces des opérations Barkane. Ainsi que la suspension des accords de coopération militaire avec le Mali et le Burkina, deux pays que le malheur du terrorisme a rapproché au point où aujourd’hui, émerge l’idée de la création d’une fédération des deux pays. Suspension également des médias français accusés de diffusion de fausses nouvelles. Comme si cela ne suffisait pas, la junte malienne vient de reléguer au rang de langue de travail le Français. Aux termes du projet de la nouvelle constitution remis au président de la transition le colonel Assimi Goïta le 27 février dernier, la langue de Molière n’est plus la langue officielle du pays. Elle pourrait être changée et remplacée par une autre si les autorités le souhaitent. Il ne reste qu’à nationaliser les entreprises françaises opérant dans le pays et chasser les ressortissants français pour boucler la boucle. Comme ce fut le cas dans de nombreux pays d’Afrique lorsque les militaires se sont emparés du pouvoir par la force dans les années des indépendances.
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