Evgueni Prigojine, fondateur du groupe paramilitaire russe Wagner, a publiquement refusé une tentative du Kremlin visant à placer sa force combattante sous son contrôle. Dimanche dernier, le mercenaire le plus puissant de la Russie a déclaré que ses combattants ne signeraient pas de contrats avec le ministre de la Défense du pays. Evgueni Prigojine a souvent attaqué les hauts gradés militaires de Vladimir Poutine, les accusant de trahison pour ne pas avoir mené correctement la guerre en Ukraine. Dans la matinée de ce lundi 12 Juin, c’est un autre son de cloche qui est entendu du côté de l’armée privée du leader tchétchène Ramzan Kadyrov.
Le ministère de la Défense a annoncé samedi que Sergueï Choïgou avait ordonné à toutes les « détachements volontaires » de signer des contrats avec son ministère d’ici la fin du mois, une mesure censée renforcer l’efficacité de l’armée russe. Pendant que le groupe Wagner a rejeté cette offre, le ministère russe de la défense dirigé par Sergueï Choïgou a affirmé ce lundi avoir engagé sa première armée privée. Il s’agit des unités Achmat, l’armée privée du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, fidèle allié de l’actuel homme fort du Kremlin. Pendant longtemps, Kadyrov et Prigojine avait critiqué les décisions des autorités militaires russes. Mais aujourd’hui Kadyrov s’est démarqué de cette position et a commencé à critiquer Prigojine après que ce dernier ait taclé ses forces.
Dans notre article intitulé Quand Kadyrov (allié de Poutine) donne des leçons à Prigojine publié sur notre plateforme le week-end écoulé, nous avons mis en lumière ces désaccords. De plus, Kadyrov accuse maintenant Prigojine et son groupe d’être responsables des lourdes pertes russes dans la ville de Bakhmout. Il faut préciser que ni Sergueï Choïgou, ministre de la Défense, ni Valery Gerasimov, chef de l’état-major général, n’ont commenté publiquement les insultes proférées par Prigojine. Ce dernier a d’ailleurs pris la ville ukrainienne de Bakhmout en mai dernier, après une bataille au cours de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont péri.
Des dissensions qui perdurent …
Bien que le ministère n’ait pas mentionné Wagner dans sa déclaration publique, les médias russes ont rapporté qu’il s’agissait d’une tentative de Sergueï Choïgou de mettre les mercenaires au pas. Ces derniers mois, les dissension entre le groupe paramilitaire et les autorités militaires du pays dirigé par Vladimir Poutine ont été largement relayées dans la presse occidentales. Certaines publications allaient jusqu’à évoquer une possible trahison du patron du groupe militaire paramilitaire engagés aux côtés des forces russes en Ukraine depuis l’année dernière. Après ces révélations, les autorités russes ont-elles voulu reprendre le contrôle pour éviter un développement incontrôlable de la situation? C’est la question que se posent certains observateurs avertis.
En tout état de cause, les petites brouilles et attaques à peine voilées par médias interposés n’arrangent pas toujours les choses. Les prochains jours ou semaines permettront d’avoir une vue plus claire sur la situation. Dans une vidéo, le patron de Wagner s’était même énervé et avait menacé de quitter Bakhmout. «Nous allions prendre la ville de Bakhmout avant le 9 mai. Lorsqu’ils ont vu cela, les bureaucrates militaires ont stoppé les livraisons» de munitions, avait martelé Evguéni Prigojine. « Ils sont morts pour que vous puissiez vous engraisser dans vos bureaux ! ». Il crie également : « Choïgou ! Guérassimov ! Où sont mes putains d’obus ?! », avait lancé Evguéni Prigojine
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