Face à une montée alarmante du racisme en Tunisie, particulièrement envers les migrants subsahariens, une vingtaine d’intellectuels et universitaires ont choisi de prendre position dans une tribune publiée sur Mediapart. Souleymane Bachir Diagne, professeur à l’Université Columbia, Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne, Achille Mbembe, professeur d’histoire et de sciences politiques en Afrique du Sud, et Ahmed Abbes, Directeur de recherche au CNRS, parmi d’autres, ont lancé une pétition pour dénoncer les violences et appeler au respect des droits humains en Tunisie. Ils dénoncent l’escalade de la violence contre les migrants subsahariens, notamment à Sfax, ville côtière du pays.
Le Président tunisien Kaïs Saïed a été fortement critiqué pour son discours en février 2023, où il a décrit les migrants subsahariens comme des « hordes de migrants clandestins » accusés de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », évoquant même une théorie conspirationniste du « grand remplacement ». Selon lui, l’immigration subsaharienne pourrait être une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Ce discours a suscité une vague de violence contre les migrants, les étudiants et les demandeurs d’asile noirs, conduisant à des actes de violences racistes, des arrestations et des expulsions.
Les signataires dénoncent l’ouverture de façade du président tunisien qui a essayé par la suite d’apaiser la situation lors d’une entrevue avec le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo. Cependant, l’augmentation significative des actes de violence raciste et des arrestations de migrants subsahariens démontre l’inefficacité de ces déclarations. Ils s’inquiètent également de constater la collusion entre le président Saïed et la Première ministre italienne Giorgia Meloni, connue pour ses positions fermes en matière de politique migratoire. En échange d’une aide européenne substantielle, la Tunisie collabore activement à la lutte contre l’immigration clandestine vers l’Europe, démontrant ainsi une politique migratoire ambivalente.
Les signataires de la pétition condamnent fermement la position du président tunisien et appellent à des actions concrètes pour protéger toutes les personnes présentes sur le territoire tunisien, qu’elles soient citoyennes ou migrantes. Ils exhortent également les pays européens à faire preuve d’humanisme et de solidarité envers les migrants africains, au lieu d’exploiter les crises tunisiennes pour contrôler les flux migratoires. Ils demandent que les politiques migratoires soient guidées par le respect des droits de l’homme, la protection des personnes vulnérables et la coopération internationale. Cette pétition représente un appel à la vigilance et à la solidarité internationale pour faire face à une crise humanitaire en pleine expansion.
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