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Secteur minier africain: la pression des agences de notation

Régulièrement décriée, l’industrie minière n’en est pas moins vitale pour nos sociétés contemporaines. Conscientes de leur impact environnemental, les entreprises du secteur doivent de plus en plus montrer patte blanche et se soumettre à l’examen des agences de notation, à l’image du groupe chinois CMOC ou de la compagnie aurifère sud-africaine Gold Fields, qui viennent toutes deux de se voir délivrer la note AA par MSCI (Morgan Stanley Capital International).

Pertinence de la notation

Longtemps cantonnées au monde de la finance et connues des seuls initiés, les agences de notations ont fait une arrivée fracassante dans l’espace public après la crise des subprimes de 2008. Du jour au lendemain, elles se sont imposées comme des acteurs majeurs de la réputation des entreprises. Petite distinction cependant : si les agences de notation financières apprécient le risque de solvabilité financière d’une entreprise ou d’un État, et que la note qu’elles attribuent détermine leur capacité future à emprunter, les agences de notation extrafinancière, comme la MSCI, évaluent, elles, la politique ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) de ces mêmes acteurs économiques.

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Plus précisément, ces agences étudient les performances ESG d’un de ces acteurs, le plus souvent une entreprise, par rapport à ses pairs, et fournissent un avis concernant son exposition aux risques ESG, et sa gestion de ces mêmes risques. Il en ressort une « note ESG » qui, à l’heure où écologie et développement durable sont sur toutes les bouches, influencera grandement les décisions d’investissement envers l’entreprise concernée. Pour évaluer les compagnies, la MSCI a recours à un barème de sept notes, qui lui permet de les classer dans l’une des trois catégories suivantes ; leader (AAA ou AA), moyenne (A, BBB ou BB) et « en retard » (B ou CCC).L’importance accordée à ces notes est toutefois à relativiser, notamment au vu du domaine d’activité concerné.

En effet, des secteurs très peu polluants, comme les services, accèderont plus facilement aux meilleures notes, tandis que les entreprises industrielles seront davantage pénalisées. Au sein même de l’industrie d’ailleurs, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Il sera ainsi plus facile, pour les manufactures par exemple, de décrocher le précieux sésame, que pour les industries extractrices. L’industrie minière, notamment, est particulièrement pénalisée, et rares sont les entreprises du secteur à décrocher le double A. Une dizaine d’entre elles seulement, parmi lesquelles le groupe chinois CMOC et le sud-africain Gold Fields, par exemple, ont pu obtenir cette note.

Gage d’excellence

La remise de la distinction AA obéit à un processus d’évaluation très stricte, auquel les entreprises doivent se soumettre, et qui fait de cette notation un gage de qualité et de fiabilité pour les investisseurs. CMOC et Gold Fields, pour ne citer qu’elles, ont fait de gros efforts en matière sociale, environnementale et de gouvernance pour mériter cette distinction. Côté social, tout d’abord, les entreprises ont mis l’accent sur la protection des droits des employés, et l’investissement communautaire. Ainsi, tous leurs sites miniers font régulièrement l’objet d’examens de leur système de gestion de la santé et de la sécurité au travail, avec pour conséquence une réelle baisse du nombre de décès (aucun en 2022 pour CMOC, un pour Gold Fields) et d’accidents observés.

Concernant l’environnement, l’accent a été mis sur la protection de la biodiversité et la gestion des déchets. En 2022, le groupe chinois a, en outre, élaboré une feuille de route neutre en carbone visant à atteindre le pic d’émissions de carbone d’ici 2030, et la neutralité carbone d’ici 2050, grâce notamment à un investissement massif d’au moins 1,5 milliard de dollars. En matière de gouvernance, enfin, troisième pilier de la politique ESG, CMOC a fait montre de son engagement en rejoignant en 2022 le Pacte Mondial des Nations Unies (UNGC), et en promettant d’intégrer ses dix grands principes, relatifs aux droits de l’Homme et à la protection de l’environnement, dans les statuts de l’entreprise.

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Les notes accordées par les agences de notation ne sont toutefois pas figées, et les standards évoluant régulièrement, les entreprises ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers, au risque de voir leur note déclassée. A l’inverse, les efforts pourront eux être récompensés, et la note revue à la hausse, comme pour CMOC et Gold Fields. En effet, évalué BBB en 2020, le groupe chinois avait alors été rehaussé au niveau A en 2021, et preuve de ses efforts constants, vient d’être une nouvelle fois récompensé, par ce double A. Une croissance de bon augure donc, qui pourrait conduire CMOC à devenir la première entreprise minière à décrocher le triple AAA.

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