L’ancien ministre béninois, Ganiou Soglo, a récemment partagé ses réflexions sur la situation actuelle du football au Bénin. Dans un texte intitulé « Adieu Abidjan 2024, le football béninois en quête de renouveau », Soglo explore divers aspects du football béninois et propose des suggestions pour son renouveau et son développement. Soglo rappelle avec nostalgie les jours glorieux où les Écureuils du Bénin, maintenant appelés les Guépards, ont marqué l’histoire en 2019 en atteignant les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Il évoque la liesse populaire qui s’était alors emparée de tout le pays, réunissant les Béninois au-delà des clivages sociaux et politiques.
Analyse et propositions
L’ancien ministre se penche ensuite sur les échecs successifs du Bénin à se qualifier pour les éditions de la CAN en 2021 et 2024, posant des questions pertinentes sur les responsabilités et les défis à relever. Il interroge le rôle de l’État, la performance de la Fédération béninoise de football, le niveau du staff d’encadrement et des joueurs, et soulève la question des leviers à actionner pour assurer la présence du Bénin dans les futurs tournois internationaux.
Ganiou Soglo ne s’arrête pas à la simple analyse de la situation, il propose également des solutions concrètes. Il suggère que l’État doit jouer un rôle plus actif en investissant dans la formation des jeunes talents et des acteurs du football. Selon lui, l’amélioration des infrastructures, notamment la construction de stades modernes, est essentielle pour accueillir des événements d’envergure et promouvoir le football au Bénin. Il met également en lumière l’importance d’un championnat national compétitif et attractif, qui servira de plateforme pour les joueurs locaux. Pour ce faire, il plaide pour un cahier de charges plus strict et en adéquation avec les nouveaux enjeux du football mondial. Lire ci-dessous son analyse.
ADIEU ABIDJAN 2024, LE FOOTBALL BENINOIS EN QUETE DE RENOUVEAU
Chers amis du lundi, pardonnez moi mais je veux mettre le doigt sur une blessure…
Le 7 juillet 2019, les Ecureuils du Bénin défiaient les Lions de l’Atlas au stade Al-Salam du Caire pour une place en quart de finale de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de foot. Le Maroc d’Hervé RENARD est tenu en échec à la mi-temps. Le score était de 0-0, quant à la 53ème minute, Moïse Adilehou a inscrit le but de l’espoir, propulsant le Bénin en tête grâce à un magnifique plat du pied droit sur un corner de Cèbio Soukou. Malheureusement, le Maroc a égalisé en fin de match. Mais le Bénin héroïque a résisté courageusement pendant les prolongations et ont triomphé lors de la séance de tirs au but.
Ce fut la Liesse populaire dans tout le Bénin. On se souvient encore des malheureux cas d’accidents engendrés par ce débordement de joie dans Cotonou. Les clivages sociaux et politiques ont disparu le temps d’un match, un moment de communion et d’allégresse pour faire un Bénin uni et grand. Après trois participations à la phase finale de la CAN (2004, 2008 et 2010), le Onze national a fait un grand pas dans la compétition, fait rêver le peuple avant de se faire éliminer, en quart de finale par d’autres Lions, les Lions de Teranga du Sénégal. Que de beaux souvenirs qui amènent encore à rendre un vibrant hommage aux artisans de cette épopée.
Et voilà le Bénin qui après avoir raté l’édition de 2021, sera de nouveau absent à Abidjan en 2024. Les Ecureuils …oups ! les Guépards (nouveau nom de l’équipe nationale) n’ont pas pu combler les attentes. Qu’est ce qui n’a pas marché ? L’Etat a-t-il joué sa totale partition ? La Fédération béninoise de football a-t-elle failli ? Le staff d’encadrement et les joueurs étaient-ils au niveau ? Quelles sont les leviers à actionner pour être à la CAN 2027 et la Coupe du monde 2026 ?
Pour ma part, je m’autorise à quelques suggestions. Pour retrouver le chemin de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations et poursuivre son ascension, le Bénin doit se pencher sur plusieurs aspects essentiels. Tout d’abord, l’État doit jouer un rôle plus actif en œuvrant à améliorer la formation des jeunes talents (détection, école des jeunes, le sport à l’école, les centre de formation etc..) et des acteurs (dirigeants, entraineurs, arbitres…) du monde du football.
Puis mettre l’accent sur les infrastructures, Il faut de nos jours de vrais stades à taille humaine et modernes afin que notre pays soit apte à organiser des évènements d’envergure régionale et internationale. Cela contribuera à la vulgarisation et la promotion du sport roi dans le seul but de renforcer l’engouement pour le football au Bénin. Enfin, le championnat national doit offrir une plateforme pour les joueurs locaux et rendre le championnat beaucoup plus compétitif et attractif. Pour ce faire, il faut un cahier de charge beaucoup plus stricte et en adéquation avec la nouvelle donne de la part des autorités.
Tout le secret est là.
Que faut-il comprendre ? Le sport en Afrique c’est 0.5% dans le PIB mondial alors que les USA et l’Europe cumulent autours de 5%. Or en 2050, un jeune sur trois sera Africains, 1 milliard 500 million de jeunes africains aura moins de 25 ans sur le continent. L’économie du sport est en plein essor et l’Afrique regorge de potentiel inexploité.
Quelle est notre part ?
Le Sénégal aujourd’hui c’est 258 millions dans les infrastructures, pour la Kigali – Aréna au Ruanda c’est 104 millions de dollars, la NBA League en Afrique c’est 1 milliard de dollars. Force est de constater qu’il y a un accroissement grandissant de l’intérêt de l’économie du sport pour l’Afrique. Un expert africain M. W. MBIEKOP nous rappelle justement que 16 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année en Afrique. A un moment vos ressources ne suffiront plus. Il faut faire preuve de créativité et d’audace.
A quelques heures du lancement des assises sur la croissance démographique, je reste fermement opposé à l’option prise par nos autorités, même si j’entends les arguments évoqués et qui tiennent la route. Je reste persuadé que pour le Bénin, le problème doit être une opportunité. Nous devons remettre le Bénin au travail pour une prospérité partagée. Le verre peut être vu à moitié plein.L’essor du football et du sport en général peuvent constituer un véritable levier de développement de notre pays.
Quel est votre avis sur la question ?
Bonne semaine à tous et à lundi prochain
Ganiou SOGLO
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