L’univers artistique français a récemment été secoué par une décision abrupte prise par le ministère des Affaires étrangères. Les établissements culturels subventionnés ont été instruits de suspendre toute coopération artistique avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cette mesure, qui englobe des institutions telles que les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux, concerne non seulement les projets de collaboration, mais aussi les soutiens financiers et les invitations adressées aux ressortissants de ces pays.
Dans un document officiel relayé par le monde, le message est clair: « Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays (Mali, Burkina et Niger) doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. A compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre. »
Cette décision est survenue dans un contexte géopolitique tendu. Le 9 septembre, les autorités militaires du Niger, qui avaient pris le pouvoir après un coup d’État, ont lancé des allégations contre la France. Elles ont prétendu que Paris préparait une intervention militaire, en se basant notamment sur des observations de renforcements militaires français dans des pays membres de la CEDEAO. Les allégations portaient sur le déploiement d’avions et de véhicules militaires en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal.
Pour rappel, la réaction des États-Unis a également été notable. Suite au coup d’État au Niger, ils ont décidé de repositionner une partie de leur personnel militaire. Toutefois, Washington a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une mesure de précaution et a nié tout lien avec d’éventuelles problèmes avec la France au Niger.
Des accords de défense remis en question
Les tensions dans la région ne sont pas nouvelles. Les putschistes nigériens ont remis en question les accords de défense entre leur pays et la France et ont appelé au retrait des troupes françaises. Bien que les États-Unis plaident en faveur d’une résolution diplomatique, la France semble prête à soutenir une offensive armée de la CEDEAO et envisagerait même de repositionner une partie de ses troupes, potentiellement au Tchad.
Dans un tel environnement, les sanctions culturelles apparaissent comme une répercussion inattendue de ces tensions politiques. Elles révèlent à quel point les enjeux géopolitiques peuvent avoir des conséquences sur des domaines a priori éloignés comme le monde artistique. De nombreux acteurs culturels français voient dans cette décision un affaiblissement du dialogue et de la coopération, fondamentaux pour la diplomatie culturelle.
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