L’histoire contemporaine de l’Afrique de l’Ouest semble être témoin d’une nouvelle dynamique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Alors que les tensions continuent de monter entre le Mali et la France d’une part, le Burkina Faso et la France, mais aussi désormais entre le Niger et la France, ces trois pays font face à un isolement croissant sur la scène internationale. Pourrait-il être temps pour eux d’envisager une union fédérale, en réponse à ces pressions extérieures?
Il y a quelques jours, une rencontre à haut niveau entre le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, et son homologue du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, a souligné l’importance d’une coopération renforcée. Les deux dirigeants ont discuté de préoccupations communes, telles que la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Signe de cet engagement renouvelé, les opérations militaires conjointes entre ces nations ont repris. Au cœur de ces discussions se trouve une idée audacieuse : la fédération des trois pays. Selon le Premier ministre burkinabè, une telle union pourrait dynamiser l’économie de la région, pivot de toute évolution sociale.
Une idée évoquée à plusieurs reprises
L’idée d’une fédération n’est pas nouvelle. Elle a été abordée il y a six mois lors d’une visite du Premier ministre burkinabè à Bamako. À l’époque, le Niger ne faisait pas partie du groupe, mais Apollinaire Joachim Kyelem de Tambèla avait déjà évoqué la possibilité d’une « fédération souple » qui pourrait évoluer avec le temps tout en respectant les aspirations de chaque pays. Il a rappelé des tentatives antérieures d’union, notamment la Fédération du Mali qui n’a malheureusement pas duré. Pourtant, selon lui, cette tentative avait montré la voie.
Les défis communs auxquels sont confrontés ces trois pays pourraient les pousser à s’unir. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, tous dirigés par des gouvernements militaires suite à des coups d’État, partagent des désaccords avec la France tout en se rapprochant de la Russie, même si le Niger ne montre pas encore des signes clairs dans ce sens. De plus, le Niger a récemment été mis en difficulté par la décision américaine de suspendre son aide économique en réponse à un coup d’État militaire. Cette suspension, ainsi que l’expulsion de l’ambassadeur français et le renvoi des militaires français, ont intensifié la situation politique du pays, le rendant encore plus isolé.
La région est à un carrefour. Les États-Unis et d’autres acteurs internationaux ont montré clairement qu’ils soutiennent les gouvernements démocratiquement élus. Mais avec ces trois pays d’Afrique de l’Ouest confrontés à une telle isolation, la proposition d’une fédération pourrait bien être leur meilleure chance de résister dans cette période tumultueuse. Toutefois, comme le notent certains experts, l’efficacité d’une telle fédération reste à démontrer.
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