C’était annoncé comme une rencontre de tous les espoirs. Mais le président Patrice Talon ne compte pas gracier l’opposante Reckya Madougou. C’est l’un des points de désaccord issus de la rencontre tenue ce lundi 27 novembre 2023 au Palais de la Présidence entre le chef de l’Etat et les responsables du parti Les Démocrates. Le président de la République reste donc inflexible à ce plaidoyer porté en personne par son prédécesseur Boni Yayi, actuel président de la principale force politique de l’opposition au Bénin qui n’est rien d’autre que Les Démocrates.
« Président, je demande pardon pour Reckya Madougou. Comprenez le sens de mon pardon », plaide Boni Yayi. Face à ce plaidoyer, l’actuel locataire de la Marina exclut toute grâce présidentielle en faveur de Reckya Madougou, ancienne ministre de la justice. « Monsieur le Président Boni Yayi, je vous ai déjà dit que je ne compte pas gracier Reckya Madougou », affirme le président Talon sur un ton ferme.
« Si les acteurs politiques ne doivent pas rendre compte de leurs actes, ce n’est pas bien (…). Laissons un code à la République. Parfois le pardon peut être une faute », s’est-il justifié au grand désespoir des responsables du parti LD.
« Je dois dire que cela nous a beaucoup attristés voire révoltés. Le président Boni Yayi lui-même en personne a conduit ce plaidoyer pour que le président de la République mettre son cœur au service du pardon. Cependant le président de la République ne l’a pas compris tel que nous le souhaitons. C’était pour nous comme un coup de massue, comme un coup de poignard dans les côtes », regrette Eric Houndeté, premier vice-président du LD lors d’une conférence de presse animée par le parti ce lundi suite à la rencontre avec le président Patrice Talon.
Face à cette « inflexibilité » du Chef de l’Etat, le président Boni Yayi et le bureau politique ne comptent pas lâcher prise. « En tant que responsable du parti Les Démocrates, nous restons convaincus que nous devons continuer le combat pour obtenir la libération de nos camarades », reste pessimiste Eric Houndété qui veut pouvoir compter sur les députés des partis dits de la mouvance présidentielle pour le vote de la proposition de loi spéciale portant amnistie et / ou abandon de poursuites judiciaires au profit de personnalités politiques pour des faits criminels.
« Si le président de la République refuse la grâce présidentielle, nous ne devons pas baisser les bras. Peut-être devons-nous comprendre que nous pouvons compter sur lui pour la loi d’amnistie, mais il ne faut pas s’avouer vaincu avant d’être allé au combat. Nos camarades qui sont au parlement, qui sont dans les différents groupes, nous avons engagé de parler avec eux et nous devons continuer à parler avec eux », laisse entendre le premier vice-président du LD. « J’espère que leur cœur de père, de mère, de frère, de sœur va s’assouplir pour qu’ils comprennent les arguments que nous avons développés au président de la République à savoir que les fils et filles de ce pays doivent tous se mettre au service de la construction du pays. S’il y a eu des incompréhensions par le passé, ces incompréhensions doivent être gommées et pour qu’on amène toutes les intelligences au service du pays », a-t-il ajouté.
Pour rappel, l’opposante Reckya Madougou, dont la candidature pour la présidentielle du 11 avril 2021 avait été invalidée, a été arrêtée le 2 mars à l’issue d’un meeting à Porto-Novo. Elle est poursuivie pour « association de malfaiteurs et terrorisme ». Si le président Patrice Talon ne compte pas la gracier, il a tout de même donné son accord pour la libération des 82 jeunes, étudiants et artisans impliqués dans les violences post-électorales de 2019, 2021 et 2023. Le ministre de la justice Yvon Détchénou a été instruit à cet effet pour accélérer leur dossier.
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