Au Bénin, la transhumance politique a encore de beaux jours devant elle malgré la réforme du système partisan tant prônée par le président Patrice Talon. En effet, le constat qui a été fait de façon générale dans le paysage politique béninois est que les défections se poursuivent. Le renforcement du militantisme politique ainsi que l’enracinement de la culture idéologique dans l’esprit des partisans ou encore la discipline politique ne resteront que des vœux pieux.
Dans les faits, des hommes politiques béninois continuent de faire preuve de très peu d’éthique et de morale. Le dernier exemple qui fait la Une des médias est celui des cinq conseillers communaux de l’Union progressiste le Renouveau (Upr), basés à Natitingou. Par le canal d’une lettre adressée au premier responsable du parti, ils ont annoncé à ce dernier leur décision de quitter la formation politique. Il s’agit des conseillers tels que Victor Dalko, N’kouei Dèmèrè, François Koukoubou, Norbert N’dah Tido et Ciril Baba Doko. Ces hommes politiques ont déjà annoncé leur point d’atterrissage après leur départ. Le navire « Bloc républicain » sera leur prochain vaisseau.
Les cinq démissionnaires ont justifié leur décision de partir par des frustrations qu’ils auraient visiblement emmagasinées. « Nous démissionnons car notre place n’est pas reconnue. Les personnes qui ne fournissent aucun effort sont promues à notre détriment », auraient ainsi confié les désormais anciens membres de l’Union progressiste le Renouveau, basés à Natitingou au média béninois Le Matinal. Cette manœuvre politique qui vise parfois à affaiblir un parti au détriment de l’autre est connue de tous et est très fréquente dans l’habitude des hommes politiques au Bénin. Si l’avènement du système partisan sous l’ère de Patrice Talon a participé à atténuer certaines pratiques, la transhumance politique a toujours la peau dure visiblement.
Nous devons tout de même noter que la création tous azimuts et de manière anarchique des partis politiques aura cessé avec le système partisan. Les grands blocs ou formations politiques sont connus. Autour de ces partis politiques gravitent des partis satellites qui se revendiquent ou de la majorité présidentielle ou de l’opposition. Le système partisan a ainsi eu le mérite de résoudre l’équation de la multitude des partis politiques qui caractérise le paysage politique béninois. Au cours des années qui ont précédé la réforme, une personne lambda pouvait se lever et créer son parti politique juste pour ses intérêts personnels. Le code électoral qui a été modifié en novembre 2019 dans la foulée de la révision constitutionnelle prévoit qu’un citoyen ne peut être candidat sans le soutien d’au moins 10 % des députés et des maires. Ceci suppose qu’au préalable, il bénéficie de la bénédiction de ces acteurs politiques.
En partie, cette disposition de la loi a permis d’éliminer les candidatures fantaisistes et de favoriser l’avènement des grandes formations politiques. Au Bénin, la volonté du Législateur de réduire le nombre de partis politiques dans le pays poursuivait un but précis. En effet, plus de 200 partis politiques ont été comptés après l’instauration du multipartisme en 1990. Mais, la Constitution offre toujours la possibilité à n’importe quel partisan de quitter un parti pour un autre à n’importe quel moment.
Cette situation fausse tout de même l’esprit du système partisan dont le but est d’instaurer des règles réelles au sein des formations politiques. Pour que la réforme du système partisan soit complète, il faudrait qu’elle arrive à résoudre tous les problèmes identifiés dans l’ancien système. La transhumance politique continue de résister à tous les efforts et reste ainsi un os difficile à broyer dans la gorge du système partisan. Cette pagaille monstre pourrait se poursuivre dans les prochaines semaines et au fur et à mesure que s’approchent les prochaines échéances électorales au Bénin.
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