Malgré la mise en place des organes de lutte contre la corruption et de la plateforme des plaintes et de dénonciations, le phénomène semble visiblement avoir la peau dure au Bénin. Les dernières interpellations pour fait de présumées malversations économiques en sont une parfaite illustration. Reçu sur une radio de la place, Jean-Baptiste Elias, président du Front des organisations nationales contre la corruption (Fonac) s’est prononcé sur la résurgence des cas de corruption dans le monde, en Afrique et au Bénin en particulier. Il a évoqué les raisons qui, selon lui, pourraient pousser les cadres notamment ceux de l’administration publique à s’adonner à cette pratique avilissante.
Selon le président du Fonac, la première raison qui sous-tend la résurgence des cas de corruption est le manque de morale et d’éthique qui caractérise les agents publics. « S’il n’y a pas d’éthique, s’l n’y a pas de morale et chacun n’a pas peur de toucher le bien public et de le mettre à son profit, il y a un problème », explique Jean-Baptiste Elias. Le deuxième élément s’explique par l’absence de sanctions administrative et pénale, laisse entendre le président du Fonac qui relève le manque de conseil de discipline dans les administrations publiques. « Normalement, quand on est dans une structure, on met en place des services de contrôle. Chaque fois qu’il y a des déviances et des dérives, on doit pouvoir sanctionner administrativement en mettant en place des conseils de discipline ou alors pénalement, en envoyant le coupable devant la justice. Ça-là a manqué », pense l’ancien président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc).
L’influence négative de l’impunité est aussi l’un des facteurs favorisant les gros scandales financiers qui mettent à nu les cadres de l’administration publique. Le président Jean-Baptiste Elias va pointer du doigt accusateur certains hommes politiques qui s’ingèrent parfois dans le traitement des dossiers dans lesquels sont impliqués leurs soutiens politiques. Jean-Baptiste Elias dénonce ce comportement des politiques qui influence non seulement certaines décisions de justice mais aussi et surtout favorise l’impunité. Par ailleurs, le président du Fonac a évoqué l’abrogation de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et le code pénal qui ont réduit considérablement les peines en matière de corruption au Bénin. Conséquences, « ça ne fait plus peur aux gens », constate-t-il malheureusement.
Sans vergogne, des milliards sont donc détournés de la caisse de l’Etat par des agents publics au mépris des lois sachant consciemment qu’ils seraient estés en justice, souligne Jean-Baptiste Elias. « Il y en a qui sont d’accord et disent (…), je vais en (des milliards, ndlr) prendre et j’irai en prison. Que prévoit la loi ? 1 à 5 ans. Ce n’est rien du tout », schématise-t-il en ces termes l’attitude des cadres béninois. Le bas salaire est aussi l’un des facteurs pour lesquels la corruption a la peau dure, a fait observer Jean-Baptiste Elias qui pense néanmoins que ça ne devrait pas être une raison pour s’adonner au détournement de deniers publics. « Quelqu’un qui se permet d’aller prendre de l’argent public qui ne lui appartient pas, sous prétexte qu’il a un bas salaire, n’a pas d’excuse », soutient fermement le président du Front des organisations nationales contre la corruption.
A en croire l’ancien président de l’Anlc, la mauvaise gouvernance favorise également la corruption. Jean-Baptiste Elias justifie ce facteur par le manque de transparence qui s’entretient autour du salaire des personnalités de la République avec à la clé de l’intoxication et des rumeurs. « Combien gagnent les ministres ? Combien gagnent les présidents et les membres d’institutions ? Personne ne le sait », s’interroge-t-il.
« La transparence est un élément important en matière de bonne gouvernance. Tant que ce n’est pas comme ça, avec des rumeurs et des supputations, on peut faire des intoxications », relève le président du Fonac. Pour que la bonne gouvernance soit une réalité au Bénin, Jean-Baptiste Elias a souhaité que soit publié le décret portant salaire des ministres, des présidents et des membres des institutions de la République.
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