La situation du Niger était une fois de plus au cœur de la réunion des chefs d’Etat et gouvernement de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Si au cours de ce sommet, il a été noté une certaine flexibilité de la Cedeao face aux sanctions qui pèsent sur Niamey depuis le coût d’Etat de juillet dernier, il faut aussi remarquer que le président déchu, Mohamed Bazoum n’est plus l’attraction N°1 des dirigeants de la sous-région.
Les dirigeants de la Cedeao, réunis le 10 décembre dernier à Abuja, ont ouvert la voie à un allègement des sanctions à l’encontre du Niger. La condition posée par la communauté est une « transition courte » avant un retour des civils au pouvoir. La 64e session ordinaire de la conférence des chefs d’État de la Cedeao, ne s’est plus vraiment appesantie sur le retour de Mohamed Bazoum au pouvoir, comme c’était le cas au début de la crise. « Sur la base des résultats de l’engagement du comité des chefs d’État avec le Cnsp, l’autorité va progressivement alléger les sanctions imposées au Niger », a déclaré Omar Touray à l’issue du sommet. Mais il ajoute « si le Cnsp ne se conforme pas aux résultats de l’engagement avec le comité, la Cedeao maintiendra toutes les sanctions ».
L’organisation régionale veut que Niamey s’engage sur « une courte feuille de route pour la transition » vers « le rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel », soit le retour à un régime civil. Cette décision de la Cedeao fait suite à la visite vendredi au Togo du chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, avec certains de ses ministres.
En effet, quelques jours avant le sommet de la Cedeao, le Cnsp avait demandé au président togolais Faure Gnassingbé de jouer un rôle de médiateur. Et c’est ce qui arrivera. Les présidents Julius Maada Bio de la Sierra Leone, Faure Gnassingbé du Togo et Patrice Talon du Bénin seront bientôt à Niamey au Niger. Ainsi en a décidé la CEDEAO, lors de la session ordinaire de dimanche au Nigeria.
La situation de Bazoum reléguée au second rang ?
Les dirigeants ouest-africains avaient donné une semaine aux putschistes pour rétablir le président nigérien déchu Mohamed Bazoum, en se réservant la possibilité d’un recours à la force. Les chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest s’étaient même réunis à Abuja pour définir une stratégie d’intervention. La 51ème session extraordinaire de l’organisation avait inscrit dans son communiqué final que « son excellence le Président Mohamed BAZOUM demeure le Chef d’État légitime élu de la République du Niger, reconnu par la CEDEAO, l’Union Africaine et la communauté internationale.
A cet égard, seuls les actes officiels du Président Bazoum ou de ses cadres dûment mandatés, seront reconnus par la CEDEAO ». Le même communiqué avait aussi exigé « la libération immédiate de son excellence Mohamed Bazoum et son rétablissement dans ses fonctions de Président de la République, Chef de l’État, ainsi que la restauration de l’ordre constitutionnel en République du Niger ». Mais quelques mois après, l’eau est passée sous le pont. Le ton de moins en moins dur face à la ténacité des militaires au pouvoir fait passer Bazoum au second rang, cherchant désormais à dialoguer avec ceux qu’on voulait dégager par la force militaire sous-régionale.
La multiplication des régimes militaires inquiète la Cedeao pour leurs mises en cause de la démocratie mais aussi pour les risques de déstabilisation régionale. Le retrait de l’armée française du Sahel a renforcé les craintes de voir l’instabilité s’étendre aux États du golfe de Guinée : Ghana, Togo, Bénin et Côte d’Ivoire. Alors qu’en Sierra Leone et en Guinée-Bissau ont eu lieu récemment des événements présentés par les autorités comme des tentatives de coup d’État.
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