2023 a connu le renouvellement du parlement et l’installation des députés de la neuvième législature. Les élections qui se sont tenues le 8 Janvier, ont connu la participation de sept formations politiques. L’évènement de ces élections est la participation pour la première fois du parti d’opposition Les Démocrates depuis l’avènement de Patrice Talon au pouvoir. Avec un taux de participation de 37,79%, seulement trois partis ont pu tirer leur épingle du jeu. Il s’agit de l’Union progressiste le Renouveau, le Bloc républicain et Les Démocrates qui se sont partagés les 109 sièges du parlement à raison de 53 pour le premier, et 28 pour chacun des deux autres. L’autre particularité de ce scrutin est l’élection de 29 femmes au parlement grâce au code électoral modifié. L’avènement de l’opposition au parlement a permis un contrôle plus rigoureux de l’action gouvernementale, à travers des questions orales adressées au gouvernement. Le débat parlementaire s’est considérablement enrichi en comparaison à une 8ème législature monocolore. Louis Vlavonou a été réélu à la tête de l’institution.
Remaniement ministériel
Les élections législatives de janvier 2023 ont entraîné un remaniement ministériel. Même si Patrice Talon a, le lundi 13 mars 2023, au Palais de la Marina de Cotonou, lors de la conférence de presse conjointe qu’il a animée avec son homologue du Niger, Mohamed Bazoum déclaré qu’ « on ne change pas l’équipe qui gagne ». Quelques jours après cette déclaration, Séverin Quenum a été remplacé par l’ancien bâtonnier Yvon Détchénou à la tête du ministère de la Justice et de la législation du Bénin. En dehors de ce ministère, Hervé Hèhomey du ministère des Transports et Jean-Claude Houssou du ministère de l’Energie ont perdu leur poste. Leurs ministères ont été rattachés à d’autres. Ainsi, le ministre José Tonato hérite du ministère des Transports et Adambi celui de l’Énergie. Quelques semaines après, Aurélien Agbénonci qui, avait déjà perdu le volet coopération de son portefeuille, au profit de son collègue en charge de l’Economie et des finances, fut remercié par le chef de l’Etat le 23 mai 2023, et remplacé par Olushegun Adjadi Bakari. Plus tard, Oswald Homeky sera lui aussi débarqué du gouvernement après avoir apporté son soutien au mouvement de suscitation de candidature de Boko Olivier. « Olivier Boko est le mieux préparé de nous tous. S’il se présente, toutes les autres ambitions devront s’éclipser », avait déclaré le ministre des Sports.
Yayi président du parti ” Les Démocrates ”
Le premier congrès ordinaire du parti Les Démocrates tenu les 14 et 15 octobre 2023 à Parakou a consacré l’élection de Boni Yayi à la présidence de parti d’opposition. « Défis des élections Générales de 2026 : ensemble avec les démocrates, le peuple à la reconquête de sa souveraineté », c’est le thème autour duquel les travaux du congrès se sont déroulés. Selon les responsables, le choix de Boni Yayi vise à maximiser les chances du parti aux élections générales de 2026. Boni Yayi quitte ainsi son rang de président d’honneur et vient remplacer à la tête du parti Eric Houndété qui en devient le premier vice-président mais conserve jusqu’à présent le fauteuil de chef de file de l’opposition au nom du parti.
Dialogue politique quasi absent
La seule actualité à retenir pour 2023, en termes de dialogue politique, est la rencontre tenue le 29 novembre 2023 entre Patrice Talon et une délégation du parti Les démocrates. Une rencontre de laquelle n’est pas issue grande chose, puisque le chef de l’Etat a opposé une fin de non-recevoir à la principale doléance de ses interlocuteurs à savoir, la libération des prisonniers “politiques” et le retour des exilés “politiques”. Toutefois, le président de la république a été favorable à un audit de la liste électorale dans le cadre des élections de 2026. En conséquence, le fossé s’est davantage creusé entre acteurs politiques et a abouti à un rejet du budget de l’Etat exercice 2024 par 27 députés de l’opposition. D’un montant global d’environ 3 200 milliards, ce budget sera quand même voté le 8 décembre par 82 voix pour.
Relation mi-figue mi-raisin entre le Bénin et les autres pays.
Les relations tumultueuses entre le Bénin et Nigéria qui ont occasionné la fermeture le 20 août 2020, des frontières entre les deux pays par le gouvernement nigérian se sont améliorées en 2023 avec l’élection de Tinubu à la tête du Nigéria. L’arrivée au pouvoir du nouvel homme fort nigérian est perçue comme l’amorce d’une nouvelle dynamique à la coopération bilatérale entre les deux pays. Et à propos, les premiers signes sont assez évocateurs de l’envol d’un nouveau printemps pour ce qui est des relations entre les deux pays. Après sa présence remarquée à l’investiture le 29 mai 2023 de Bola Tinubu, Patrice Talon et son homologue se sont rencontrés le vendredi 23 juin 2023 à Paris en marge du Sommet sur le Nouveau pacte mondial de financement. Un rapprochement bien perçu et salué par les deux peuples pour qui, le froid qui s’était installé entre Abuja et Cotonou, a eu de graves répercussions. La présence du dirigeant nigérian, en qualité d’invité d’honneur, aux festivités marquant la célébration du 63ème anniversaire de l’accession du Bénin à l’indépendance, le 1er août dernier, constitue selon le ministre Bakari, le signe du réchauffement des relations entre les deux pays.
En revanche, avec le Niger qui entretenait de bonnes relations avec le Bénin, c’est désormais la nuit et le jour. 2023 a été en effet marquée au plan politique par le coup d’Etat intervenu au Niger le 26 juillet 2023. Au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Bénin a été l’un des premiers pays à condamner cette remise en cause de l’ordre constitutionnel et exiger le rétablissement du président déchu Mohamed Bazoum. Cette position est d’ailleurs celle de la Cédéao mais l’activité du Bénin dans ce dossier a été mal perçue par beaucoup, qui soupçonnent la main de la France derrière la posture du pays. Si on ne peut pas dire que l’axe Cotonou Niamey est coupé, on peut au moins dire qu’il est en souffrance.
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