La célébration du nouvel an a été couplée dans le monde politique béninois avec une idée de réviser à nouveau la loi fondamentale du pays. Si la question est pour le moment au niveau des présidents d’institution, elle mérite une attention particulière au regard de la manière dont les décisions politiques au sommet de l’Etat sont prises depuis quelques années au Bénin. Même si un démenti a été enregistré du côté de l’assemblée nationale on peut se demander s’il faut continuer à faire confiance au président Patrice Talon.
La constitution béninoise sera-t-elle révisée à nouveau ou non ? Bien malin qui peut répondre à cette question. Seulement, à en croire le parti d’opposition Les Démocrates, il n’y aura pas de révision opportuniste de la constitution pour ouvrir la porte à un 3ème mandat. « Il n’y aura pas de 3ème mandat, ni de 3ème mandat déguisé » a averti Boni Yayi, le président du parti Les Démocrates, à l’occasion des échanges de vœux avec les femmes de Cotonou, qui se sont rendues à son domicile le jour de l’an. En effet, une rencontre des présidents d’institutions de la république a évoqué l’idée d’une probable révision de la constitution béninoise.
Et le démenti du porte-parole de l’assemblée nationale ne dément pas la participation du président Vlavonou à cette rencontre. Dans quel but et pour quel objectif cette question est-elle évoquée ? Difficile de le dire. Ce qu’on sait, c’est que cette rencontre est intervenue aux lendemains de l’entretien accordée par le président de la république aux médias béninois et au cours duquel Patrice Talon affirmait encore qu’il ne songe pas à un autre mandat après le second, actuellement en cours. Mais quand on regarde de près, sans mettre en doute les propos du chef de l’Etat, on peut quand même se poser des questions. Car depuis l’affaire du second mandant, les béninois ont appris à émettre des réserves sur la parole du chef de l’Etat.
De la démarche
Comme en 2019, c’est Jacques Migan qui annonce les couleurs. Il propose la révision et donne des arguments pour se justifier. Et quelques jours après, les présidents d’institution, tous relevant de la majorité présidentielle se réunissent et évoquent le sujet, malgré la persistance de Patrice Talon à affirmer qu’il ne briguera pas un autre mandat. Rien ne présage d’une révision pour ouvrir la porte à un quelconque 3ème mandat. Mais la démarche en elle-même laisse déjà à désirer. Pourquoi proposer une révision de la constitution maintenant ? Laquelle des nombreuses réformes aux résultats très mitigée exigent qu’au moment où il y a une crise de confiance entre l’opposition et le pouvoir en place au point où l’on parle d’audit de la liste électorale, des proches de Talon évoquent une idée de réviser la loi fondamentale ?
Et si ce devrait être le cas, pourquoi ne pas ouvrir le débat pour recueillir les avis de toutes les tendances politiques ? Peut-être que les acteurs ont prévu en arriver là. Mais pour le moment c’est la démarche en catimini qui a caractérisé la dernière révision de la constitution qui continuent de hanter les esprits des béninois. De cette manière, tout porte à donner raison à ceux qui ont pensé que c’était une erreur de réviser la constitution sans obtenir l’avis de tous les béninois, du moins de tous les courants politiques béninois.
Il revient donc à Patrice Talon de rassurer le peuple et de prouver une fois encore qu’il est un homme de parole. Ou alors, devrait-on penser comme le dit l’une des personnalités à qui le chef de l’Etat a rendu visite dernièrement que les promesses en matière Politique n’engagent que ceux qui y Croient ? Le Bénin est de nouveau à la croisée des chemins. Et les problèmes de l’heure sont tellement préoccupant que les acteurs politiques devraient focaliser leur attention sur les questions de paix et de sécurité, vu ce qui se passe dans le septentrion, plutôt que de libérer de l’énergie sur un chantier de révision de la constitution alors que les élections présidentielles de 2026 constituent un enjeu majeur.
Laisser un commentaire