Le dossier du Sahara occidental, territoire désertique riche en ressources, demeure l’un des plus épineux conflits territoriaux en Afrique du Nord. Ancienne colonie espagnole, cette région est revendiquée à la fois par le Maroc, qui contrôle la majeure partie du territoire, et par le Front Polisario, qui milite pour l’indépendance avec le soutien de l’Algérie. Le Maroc propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario et l’Algérie réclament un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, conformément au statut de « territoire non autonome » attribué par l’organisation internationale.
La position du Maroc, fermement attaché à sa souveraineté sur le Sahara occidental, est considérée comme une question de principe national. Rabat a investi massivement dans le développement économique de la région, promouvant des projets dans les secteurs des énergies renouvelables, du tourisme et de l’économie bleue, dans le but de renforcer sa légitimité sur le territoire.
De son côté, l’Algérie, fidèle à sa doctrine de soutien aux mouvements de libération, appuie le Front Polisario, voyant dans la cause sahraouie un enjeu de décolonisation inachevé. Cette position a longtemps alimenté les tensions entre Alger et Rabat, entravant toute avancée significative vers une résolution pacifique du conflit.
La France prend position en faveur du Maroc
C’est dans ce contexte complexe et chargé d’histoire que le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a effectué une visite à Rabat le 26 février 2024, où il a réaffirmé le soutien « clair et constant » de la France au plan d’autonomie marocain. Lors d’une conférence de presse aux côtés de Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, Séjourné a souligné l’importance du Sahara occidental pour le Maroc, qualifiant la question de « défi existentiel ».
« La question du Sahara, c’est un enjeu existentiel pour le Maroc, nous le savons. Le plan d’autonomie présenté par le Maroc est sur la table depuis 2007 maintenant. M. le ministre, vous savez personnellement que, depuis l’origine de ce plan, le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France à ce plan… Je le redis avec plus de force : il est aujourd’hui temps d’avancer, et j’y veillerai personnellement…Comme le Maroc, la France veut une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Nous avons été le premier pays à soutenir le plan proposé par le Maroc en 2007. » a déclaré le ministre français.
Cette déclaration française, visant à renforcer les liens bilatéraux après une période de relations tendues, risque de susciter l’ire des autorités algériennes. En effet, le soutien renouvelé de Paris au plan marocain pourrait être interprété comme un désaveu des aspirations du Front Polisario et, par extension, de la position algérienne.
La volonté exprimée par Séjourné de « progresser » sur ce dossier et d’accompagner le développement du Sahara occidental en appui aux efforts marocains, tout en proposant un partenariat « d’avant-garde » avec le Maroc pour les trente prochaines années, marque une étape supplémentaire dans l’engagement français aux côtés de Rabat. Cette orientation stratégique de la France, en dépit de la recherche d’une solution « juste, durable et mutuellement acceptable » conformément aux résolutions de l’ONU, pourrait alimenter de nouvelles tensions dans les relations franco-algériennes, déjà marquées par des différends sur divers dossiers régionaux.
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