Le virus de fin de mandat s’est très vite emparé de la majorité présidentielle de Patrice Talon. Des annonces de candidatures fusent de partout autour du chef de l’Etat alors que les prises de position pour ou contre certaines initiatives sont aussi légion. Si la barque Talon ne chavire pas encore, elle semble tanguer, au point où le capitaine de bord décide de mettre en place un cadre de concertation pour mieux coordonner les actions.
Le limogeage de Johannes Dagnon est un énième fait qui témoigne de l’existence de réels problèmes internes à la majorité qui soutient Patrice Talon et ses actions. Avant cet épisode, on se rappelle celui de Oswald Homeky, puis, un peu plus tôt de l’ex-ministre des Affaires étrangères Aurelien Agbénonci et de l’ex-Garde des Sceaux Sévérin Quenum. Si aucune information officielle n’a filtré dans certains cas, les couloirs renseignent qu’il s’agirait bien d’acte posé en réponse à des comportements qui ne respectent pas la volonté du chef de la majorité présidentielle.
Mais plus visible encore, les nombreuses réactions de certains soutiens du chef de l’Etat dans le chapitre de la dernière tentative de révision de la constitution et la relecture du code électoral, montrent à suffire le manque de cohésion au sein de la majorité présidentielle. On n’occultera certainement pas la candidature annoncée tambour battant et un peu partout en tout temps de l’un des plus proches amis de Patrice Talon, Olivier Boko, alors que le point de vue du président de la République n’est pas favorable à une telle initiative compte tenu de la réforme du système partisan chère au N°1 béninois.
Il est clair qu’au cours de ces derniers mois, des dissensions ont été observées au sein de la majorité présidentielle, fragilisant le bloc de soutien au président Talon. La question de la succession présidentielle est au cœur des débats. Certains membres de la majorité présidentielle souhaitent que le président Talon désigne un dauphin, tandis que d’autres craignent une confiscation du pouvoir. Pendant ce temps, des membres de la majorité présidentielle nourrissent des ambitions politiques pour l’avenir et souhaitent se démarquer du président Talon alors que d’autres seraient mécontents de la gestion de certains dossiers par le gouvernement.
Des luttes d’influence entre différents courants au sein de la majorité présidentielle semblent être également à l’œuvre à en croire les différentes révélations de ces dernières semaines. Nous en avons pour preuve la dernière rencontre avec les partis Rassemblement national et Moele-Bénin. Au cœur des échanges, la coordination de l’action gouvernementale au sein de la majorité présidentielle, le bien fondé du code électoral, les rapports de ces deux partis avec les autres partis de la majorité présidentielle ainsi que la préparation des échéances électorales à venir ont été discutés selon le communiqué officiel de la présidence de la République.
Nul n’ignore quelles ont été les positions de ces deux regroupements au sujet de la révision de la constitution initiée par Assan Séïbou du Bloc Républicain et ensuite de la modification du code électoral avec ses restrictions. On n’oubliera pas non plus la rencontre entre Upr et Br sans aucun membre des partis Rn et Moele-Bénin peu avant les initiatives de révision et de relecture du code, mais aussi l’absence de ces partis aux différentes concertations organisées par le président de la République dans ce cadre. Lorsque le chef de l’Etat parle de cadre de concertation de la majorité présidentielle, c’est sans doute la preuve que quelque chose ne va pas.
On évoquera également à juste titre les déboires qui entourent le positionnement pour l’élection présidentielle à venir avec des velléités affichées de part et d’autre. Finalement, la majorité présidentielle aura-t-elle un ou plusieurs candidats ? Il est difficile à l’heure actuelle de répondre à cette question. Il faut alors mieux coordonner l’action des soutiens de Patrice Talon. Pourvu que cela produise des fruits et qu’il ne soit pas déjà trop tard.
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