Alioune Tine, figure éminente du paysage international et expert indépendant des Nations Unies, a récemment attiré l’attention sur la situation préoccupante de Réckya Madougou et Joël Aïvo, deux opposants béninois incarcérés depuis 2021. Evoquant le « succès de la démocratie sénégalaise », l’ancien Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre reconnu pour son engagement indéfectible en faveur des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique a appelé les autorités béninoises à suivre l’exemple du pays de la Teranga.
Dans une déclaration poignante datée du vendredi 29 mars 2024, Alioune Tine a vivement exhorté le gouvernement béninois à procéder à la libération immédiate et sans conditions de deux opposants éminents, Reckya Madougou et Joël Aïvo. « Le PR Patrice Talon doit libérer immédiatement et sans condition les opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo, leurs crimes, d’être opposants et candidats à la présidence de la République », a martelé Alioune Tine dans sa déclaration.
Pour lui, le simple fait d’être en opposition politique ne devrait jamais être considéré comme un délit, et il insiste sur l’importance de protéger la diversité des opinions dans un État démocratique. «On ne doit plus tolérer sur le continent que l’opposition ou la dissidence politique soit un crime», a poursuivi l’influente personnalité sénégalaise.
En comparant la situation au Sénégal, où des tensions politiques ont été apaisées grâce au dialogue entre le président Macky Sall et l’opposant Ousmane Sonko, Alioune Tine souligne l’importance cruciale du dialogue dans la préservation de la démocratie. Il critique ouvertement l’absence de dialogue entre le président Talon et les opposants détenus au Bénin.
«Macky Sall a quand même fini par dialoguer avec Sonko et Diomaye, c’est ce qui explique le succès de la démocratie sénégalaise. Le PR Patrice Talon ne dialogue pas avec les opposants en prison», a affirmé l’ancien Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre dans sa déclaration du 29 Mars 2024. Il s’est également prononcé sur le récent refus de visite d’une délégation du parti Les Démocrates à l’ancienne candidate à la présidentielle de 2021.
Mais Alioune Tine ne se limite pas à la critique. Il met en lumière le rôle historique du Bénin dans la promotion de la démocratie en Afrique, rappelant la Conférence Nationale béninoise qui a marqué une avancée majeure dans le processus démocratique du pays. Cependant, il souligne que le régime actuel du président Patrice Talon « a fait reculer la démocratie béninoise ».
«Pire il [le PR Talon ndlr] fait subir à Reckya Madougou des misères et actes arbitraires, empêchant un groupe de député de son parti de lui rendre visite. Le Bénin, avec la Conférence Nationale, avait inventé les transitions démocratiques. Le PR Patrice Talon a fait reculer la démocratie béninoise. Il doit libérer les détenus politiques et promouvoir le retour des réfugiés politiques», a déploré Alioune Tine.
Cette prise de position courageuse n’est pas une première pour Alioune Tine. En tant que fervent défenseur des droits de l’homme, il a toujours été un fervent avocat de la justice et de la liberté pour tous. Il est selon des sources dignes de foi, l’un des artisans de la médiation entre Macky Sall et l’opposant Ousmane Sonko au Sénégal. Sa réputation internationale en tant que médiateur et son expertise dans les questions de droits de l’homme font de lui une personnalité influente sur le continent.
L’appel d’Alioune Tine rejoint ainsi celui de l’ONU, qui a également exigé la libération de Reckya Madougou, déclarant sa détention arbitraire mais aussi de plusieurs personnalités politiques du Bénin (dont les anciens présidents Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi) et d’ailleurs. Cette reconnaissance internationale de l’injustice subie par les opposants politiques béninois renforce l’urgence de la situation et met une pression supplémentaire sur le gouvernement de Patrice Talon.
Pour rappel, la semaine dernière, l’opposante Réckya Madougou n’a pas pu rencontrer une délégation du parti Les Démocrates qui était venue pour la circonstance. Face à la polémique, l’agence pénitentiaire avait réagi à travers un communiqué pour justifier ce refus de visite. La réaction des avocats de l’opposante ne s’est pas faite attendre. Dans la déclaration signée par Maitre Renaud V. AGBODJO et Maître Mario STASI, les avocats de l’opposante ont relevé des « insuffisances juridiques et contradictions notoires » dans les arguments avancés par les autorités pénitentiaires pour justifier ce refus.
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