La maltraitance des personnes âgées est un fléau mondial qui ne connaît pas de frontières. Des maisons de retraite occidentales aux foyers familiaux du Maghreb, les aînés sont trop souvent victimes de négligence, d’abus et parfois même de séquestration. Alors que les sociétés vieillissantes font face à des défis croissants pour prendre soin de leurs aînés, certaines situations extrêmes mettent en lumière les angles morts de nos systèmes de protection sociale et familiale.
Un cas récent au Maroc illustre de manière saisissante cette problématique. Dans le village de Taghzout, près de Ouarzazate, un homme âgé identifié comme H.A. a été découvert enchaîné dans la maison familiale où il était retenu prisonnier depuis deux décennies. Cette révélation choquante soulève de nombreuses questions sur les dynamiques familiales, la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux et la responsabilité de la société dans la protection des plus vulnérables.
L’intervention des autorités a permis de mettre fin à ce calvaire. Alertés par des sources locales, les gendarmes de la direction régionale de Ouarzazate ont agi sous les directives du Parquet pour libérer H.A. de sa captivité. L’homme, visiblement marqué par ses années d’isolement, présentait des signes de fatigue liés à son âge avancé, ainsi que des troubles de l’audition et de l’élocution.
La situation de H.A. rappelle tristement ces « chambres de l’oubli » où certaines familles, dépassées ou mal intentionnées, relèguent leurs aînés devenus « gênants« . Tout comme une plante privée de lumière s’étiole, l’isolement prolongé peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé physique et mentale d’un individu.
Face à la complexité de ce cas, les autorités ont opté pour une approche médicale dans un premier temps. Sur ordre du Parquet, H.A. a été transféré au service psychiatrique du Centre Hospitalier Régional Sidi Hssain Bennacer à Ouarzazate. Cette décision souligne l’importance d’une prise en charge adaptée, alliant soins médicaux et accompagnement psychologique, pour les victimes de tels traumatismes.
L’implication directe du Procureur du Roi et des gendarmes, qui se sont rendus à l’hôpital pour s’enquérir de l’état de la victime, témoigne de la gravité accordée à cette affaire. Au-delà du cas individuel, c’est tout un système de valeurs et de responsabilités qui est remis en question.
L’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette séquestration et déterminer les responsabilités marque le début d’un processus crucial. Il ne s’agit pas seulement de punir les coupables, mais aussi de comprendre les mécanismes qui ont permis à une telle situation de perdurer pendant deux décennies sans éveiller les soupçons ou provoquer une intervention.
Ce cas soulève également des questions sur la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux dans des sociétés où les structures médicales spécialisées peuvent être rares ou difficiles d’accès. La famille, censée être le premier rempart de protection, peut parfois devenir le lieu même où se perpétuent les abus.
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