Les relations entre le Maroc et l’Algérie, deux géants du Maghreb, traversent une période de froid glacial depuis plusieurs années. Cette tension, qui couve depuis longtemps, trouve ses racines dans des différends territoriaux historiques, notamment sur la question du Sahara occidental, ainsi que dans une rivalité régionale pour l’influence politique et économique. Les désaccords se sont cristallisés autour de questions de frontières, d’alliances internationales divergentes et d’accusations mutuelles d’ingérence. Cette situation a conduit à une escalade diplomatique en août 2021, lorsque l’Algérie a rompu ses relations avec le Maroc, accusant son voisin d’actions hostiles. Ce climat délétère a depuis lors engendré une série de mesures restrictives affectant divers aspects de la coopération bilatérale.
Dans ce contexte déjà tendu, une nouvelle décision algérienne vient d’être mise en lumière, illustrant l’ampleur de la rupture entre les deux nations. Sans tambour ni trompette, l’Algérie a coupé le robinet énergétique qui la reliait à son voisin occidental. Cette mesure, passée presque inaperçue, révèle l’étendue de la déconnexion entre ces deux pays pourtant si proches géographiquement.
Le ministère marocain de la Transition énergétique et du développement durable a récemment confirmé une réalité surprenante : depuis la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe en 2021, plus aucun échange d’électricité n’a lieu entre le Maroc et l’Algérie. Cette interruption totale des flux électriques transfrontaliers marque un tournant dans les relations énergétiques régionales, autrefois symboles de coopération.
Imaginez deux maisons voisines, autrefois reliées par des câbles permettant de partager l’électricité en cas de besoin, et dont les occupants auraient brutalement coupé toute connexion, préférant vivre dans l’autarcie énergétique plutôt que de maintenir un lien, même ténu. C’est l’image qui illustre le mieux la situation actuelle entre ces deux pays.
Pourtant, l’infrastructure physique de cette coopération électrique demeure intacte, telle une relique d’un temps révolu. Deux liaisons maritimes, l’une datant de 1988 reliant Oujda à Ghazaouet, et l’autre, plus récente et de plus grande capacité, connectant Oujda à Tlemcen, subsistent comme des ponts inactifs au-dessus d’un fossé diplomatique grandissant.
Ces installations, autrefois vecteurs d’une solidarité énergétique, permettaient des échanges considérables. L’Algérie pouvait exporter jusqu’à 1000 mégawatts vers l’Espagne via le Maroc, tandis que ce dernier bénéficiait d’une possibilité d’importation de 700 mégawatts en cas de besoin. Ces accords, signés en 2008, témoignaient d’une volonté de coopération régionale qui semble aujourd’hui bien lointaine.
La fermeture du gazoduc Maghreb-Europe en octobre 2021 par l’Algérie a sonné le glas de ces échanges énergétiques. Cette décision, motivée par ce que l’Algérie a qualifié d’actes « hostiles » de la part du Maroc, a eu des répercussions bien au-delà du simple transport de gaz. Elle a, de fait, entraîné la cessation de toute transaction électrique entre les deux pays.
Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir énergétique de la région. Comment ces deux pays, qui disposent de ressources complémentaires, vont-ils gérer leurs besoins énergétiques de manière isolée ? Quelles seront les conséquences à long terme de cette déconnexion sur leurs économies respectives et sur la stabilité énergétique régionale ?
Par ailleurs, cette rupture énergétique pourrait avoir des implications plus larges sur la coopération régionale dans d’autres domaines. Elle risque d’accentuer la fragmentation économique du Maghreb, une région qui aurait tout à gagner d’une intégration plus poussée face aux défis communs, notamment climatiques et sécuritaires.
La cessation des échanges électriques entre le Maroc et l’Algérie symbolise une nouvelle étape dans la détérioration de leurs relations. Au-delà des enjeux énergétiques immédiats, cette situation met en lumière les défis plus larges auxquels fait face la région du Maghreb. La reconstruction de ponts, qu’ils soient électriques ou diplomatiques, s’annonce comme un défi majeur pour l’avenir, nécessitant une volonté politique forte de part et d’autre pour surmonter les différends actuels et renouer le dialogue.
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