Les pays du Maghreb sont depuis longtemps reconnus pour leur production agricole diversifiée et abondante. Du Maroc à la Tunisie en passant par l’Algérie, la région bénéficie d’un climat méditerranéen propice à la culture de nombreuses variétés de fruits, légumes et céréales. Les oliveraies centenaires côtoient les vastes champs de blé, tandis que les agrumes et les dattes constituent des cultures d’exportation prisées. Cette tradition agricole millénaire a façonné non seulement l’économie mais aussi le tissu social et culturel de ces nations. Malgré des défis persistants tels que la désertification et la raréfaction des ressources en eau, les pays du Maghreb ont su innover, développant des techniques d’irrigation avancées et adoptant des variétés de cultures résistantes. Cette résilience agricole joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire régionale et contribue significativement aux économies nationales, offrant des emplois à une part importante de la population rurale.
L’Algérie, un géant agricole en devenir
Dans ce paysage agricole dynamique, l’Algérie se démarque par son ambition d’atteindre l’autosuffisance en blé dur, orge et maïs. Cette vision, portée par le président Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer la souveraineté alimentaire du pays. L’enjeu est de taille : réduire la dépendance aux importations, stimuler l’économie locale et assurer la sécurité alimentaire d’une population en croissance.
Le blé dur, symbole de l’autosuffisance algérienne
Le blé dur, ingrédient essentiel de la cuisine algérienne, est au cÅ“ur de cette quête d’indépendance agricole. Avec une production locale couvrant déjà 80% des besoins nationaux, l’objectif d’autosuffisance semble à portée de main. Cette avancée n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’efforts concertés. L’expansion des surfaces cultivées dans le Sud, couplée à une mobilisation sans précédent des moyens logistiques, a permis une récolte record en 2024. Cette performance a non seulement garanti l’approvisionnement des moulins, mais a également généré des économies substantielles pour l’État, estimées à 1,2 milliard de dollars.
Vers une révolution agricole : défis et innovations
L’ambition algérienne ne s’arrête pas au blé dur. L’orge et le maïs font également partie de l’équation. Si l’autosuffisance en orge semble réalisable, le défi reste entier pour le maïs. La production de maïs grain, essentielle à l’élevage de volailles, demeure insignifiante face aux 4 millions de tonnes importées annuellement. Pour relever ce défi, le gouvernement mise sur la création de grands périmètres agricoles dans le Sud, notamment dans la wilaya d’In Salah.
Cette quête d’autosuffisance est un véritable parcours du combattant. Elle nécessite une synchronisation parfaite entre la disponibilité des semences, des engrais, du matériel agricole et des politiques de développement. L’Algérie doit également composer avec les aléas climatiques, notamment la sécheresse qui frappe régulièrement le pays. Face à ces défis, l’innovation devient cruciale. Des partenariats, comme celui avec le groupe italien Bonifiche Ferraresi pour la production de blé dur sur 36 000 hectares à Adrar, illustrent cette volonté d’allier expertise étrangère et ressources locales.
L’autosuffisance agricole de l’Algérie n’est pas qu’une question économique. Elle représente un enjeu de souveraineté nationale et de stabilité sociale. En réduisant sa dépendance aux importations, le pays cherche à se prémunir contre les fluctuations des prix sur les marchés internationaux et à garantir un approvisionnement stable à sa population. Cette ambition pourrait également positionner l’Algérie comme un acteur majeur de la sécurité alimentaire régionale, renforçant son influence au sein du Maghreb et au-delà .
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