À compter du 1er septembre 2024, les détenteurs de passeports ordinaires ivoiriens devront obtenir un visa pour entrer au Maroc. Cette décision, prise conjointement par les gouvernements ivoirien et marocain, s’inscrit dans le cadre d’une mesure expérimentale d’une durée de deux ans.
L’origine de cette nouvelle politique réside dans la problématique complexe de l’immigration clandestine vers l’Europe. Les autorités ont constaté une utilisation abusive de l’identité ivoirienne par des ressortissants d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Ces derniers profitent de l’exemption de visa dont bénéficient les Ivoiriens dans les pays du Maghreb pour faciliter leur transit vers les côtes européennes.
Le ministère des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire a mis en lumière l’ampleur de ce phénome. Un exemple frappant est celui de Lampedusa, où sur 14 800 migrants se déclarant Ivoiriens, seules quelques dizaines ont effectivement été identifiées comme tels. Cette situation résulte de l’activité de réseaux de faussaires qui produisent de faux passeports et cachets ivoiriens.
Il est important de noter que cette mesure ne constitue pas une réinstauration définitive de l’obligation de visa. Le ministère ivoirien des Affaires étrangères précise qu’il s’agit d’une suspension temporaire de l’exemption, limitée à deux ans maximum. Une évaluation des effets de cette politique sera menée au terme de la première année, permettant ainsi d’ajuster la mesure si nécessaire.
Certaines catégories de voyageurs ne sont pas concernées par cette nouvelle réglementation. Les Ivoiriens détenteurs de passeports diplomatiques ou de service, ainsi que les titulaires de cartes de séjour marocaines, conservent leur droit d’entrée sans visa au Maroc. De même, les bénéficiaires de visas Schengen, des Émirats Arabes Unis, des États-Unis d’Amérique ou du Canada ne sont pas affectés par ce changement. Par ailleurs, les citoyens marocains souhaitant se rendre en Côte d’Ivoire continuent de bénéficier des conditions d’entrée actuelles.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de gestion des flux migratoires en Afrique et en Méditerranée. Elle vise à renforcer le contrôle des frontières tout en préservant les relations diplomatiques entre le Maroc et la Côte d’Ivoire. Les autorités soulignent que l’objectif principal est de lutter contre l’usurpation d’identité et non de restreindre les échanges légitimes entre les deux nations.
La mise en place de cette mesure soulève des questions sur l’équilibre entre la sécurité nationale et la facilitation des déplacements internationaux. Elle met en évidence la nécessité d’une coopération régionale renforcée pour faire face aux défis migratoires et à la criminalité transfrontalière.
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