Un cycle familier se répète au Venezuela, ravivant des souvenirs encore frais dans les mémoires diplomatiques. Il y a quelques années, les pays occidentaux s’étaient fermement positionnés contre le régime de Nicolas Maduro, allant jusqu’à reconnaître Juan Guaidó comme président par intérim. Cette posture intransigeante s’est progressivement assouplie face à la réalité du terrain et aux enjeux énergétiques mondiaux. Un rapprochement s’est opéré, culminant avec la levée partielle des sanctions contre le secteur pétrolier vénézuélien. Aujourd’hui, l’élection présidentielle du 28 juillet 2024 semble remettre en question cette dynamique, plaçant les Occidentaux face à un dilemme familier.
Un scrutin sous haute tension
L’annonce de la victoire de Nicolas Maduro, créditée de 52% des voix contre 43% pour Edmundo Gonzalez Urrutia, a immédiatement suscité la controverse. Le Conseil national électoral vénézuélien, invoquant un piratage informatique, n’a pas fourni le détail des résultats bureau par bureau comme promis. Cette opacité contraste avec les chiffres avancés par l’opposition, qui revendique une victoire de Gonzalez Urrutia avec 67% des suffrages.
Face à cette situation, l’Union européenne a adopté une position prudente. Dans un communiqué, les Vingt-Sept ont refusé de reconnaître les résultats proclamés, soulignant l’absence de preuves tangibles. Ils réclament une nouvelle vérification indépendante des registres électoraux, si possible par une entité de renommée internationale. Cette approche mesurée diffère de celle adoptée lors de la crise de 2019, où plusieurs pays occidentaux avaient rapidement reconnu Guaidó comme président légitime.
Entre méfiance et engagement diplomatique
La contestation post-électorale a déjà fait 13 morts et plus de 2 000 arrestations, selon les chiffres avancés par le gouvernement vénézuélien. L’Union européenne a appelé à mettre fin aux arrestations arbitraires, à la répression et à la rhétorique violente envers l’opposition et la société civile. Sept pays européens – l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne et le Portugal – ont exprimé leur « forte préoccupation » dans un communiqué commun.
Cette réaction rappelle les premiers temps de la crise Guaidó, où les Occidentaux avaient vivement critiqué les actions du gouvernement Maduro. Cependant, la reconnaissance explicite d’un leader de l’opposition comme président légitime, comme ce fut le cas avec Guaidó, n’est pas à l’ordre du jour. Les Occidentaux semblent avoir tiré les leçons de cette expérience, optant pour une approche plus nuancée.
Un retour en arrière possible ?
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les pays occidentaux vont revenir sur leurs pas comme ils l’ont fait après l’épisode Guaidó. Le rapprochement récent avec le régime de Maduro, motivé par des intérêts économiques et géopolitiques, pourrait-il être remis en cause par cette nouvelle crise électorale ?
Les enjeux sont complexes. D’un côté, les Occidentaux cherchent à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme. De l’autre, ils doivent composer avec la réalité géopolitique et leurs intérêts énergétiques. Le Venezuela, riche en pétrole mais en proie à une crise humanitaire persistante, reste un défi majeur pour la diplomatie internationale.
L’attitude des pays occidentaux dans les semaines à venir sera déterminante. Vont-ils durcir leur position, au risque de compromettre les progrès diplomatiques récents ? Ou choisiront-ils de maintenir le dialogue, au risque d’être accusés de fermer les yeux sur les irrégularités électorales ? Le précédent Guaidó a montré les limites d’une approche trop radicale, mais l’inaction pourrait également être perçue comme un aveu de faiblesse.
Dans ce contexte, il est probable que les Occidentaux cherchent une voie médiane, exerçant une pression diplomatique tout en évitant une rupture totale. L’appel à une vérification indépendante des résultats pourrait être le premier pas vers une solution négociée. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle crise vénézuélienne met en lumière les défis persistants de la diplomatie occidentale face aux régimes contestés.
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