Le verdict de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) concernant le dossier Steve Amoussou, rendu mardi 3 septembre dernier, a suscité plusieurs interrogations au sein de l’opinion publique. Depuis la décision prononcée par les juges de cette juridiction spéciale, les voix ne cessent de s’élever pour poser des questions sur plusieurs aspects de ce procès.
En effet, contre toute attente, l’opinion publique avait appris, via les réseaux sociaux, que les différentes personnes citées par la justice togolaise dans le dossier de l’enlèvement de « Steve Amoussou » étaient devant la Criet. Après plusieurs heures de procès, les personnes mises en cause ont été fixées sur leur sort. Ouanilo Medegan Fagla, directeur du Centre national des investigations numériques (Cnin), a été purement et simplement relaxé par la Criet. Les prévenus Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi ont été condamnés à 24 mois de prison, dont 12 mois ferme.
La Cour a également condamné les deux prévenus à payer solidairement la somme de 5 millions de francs CFA à Steve Amoussou, à titre de dommages et intérêts. Un mandat de dépôt a été décerné contre Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi. Quelques jours plus tôt, le procureur de la République de Lomé avait cité nommément ces différentes personnes comme étant les auteurs de l’enlèvement de Steve Amoussou. Mais dans l’opinion publique béninoise, des interrogations se multiplient sur certains aspects qui n’auraient pas été abordés par les juges lors de ce procès.
Qui sont les ravisseurs cagoulés ?
Par le biais d’une vidéo rendue publique sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre béninois Valentin Djènontin-Agossou a soulevé des points que les juges n’auraient pas abordés lors de ce procès. « Ni le procureur spécial ni le juge n’ont jugé nécessaire de demander l’identité de ces deux ravisseurs cagoulés », a déclaré en partie l’ancien ministre de Thomas Boni Yayi, qui poursuit : « Le témoignage de l’officier de l’Ocrc qui a récupéré Steve Amoussou à la frontière est indispensable. » Il s’interroge aussi : « À quel titre Ouanilo Medegan Fagla a-t-il demandé à Jimmy, qui n’est pas un agent des Forces de Sécurité et de Défense, de conduire Steve Amoussou à l’Ocrc ? »
Une nébuleuse affaire…
Invité ce dimanche 8 septembre par Virgile Ahouansè dans l’émission Grand Angle de Crystal-News, le juriste et homme politique Nourou Dine Saka Saley a abondé dans le même sens que l’ancien Garde des Sceaux. Dans un langage plutôt acerbe, ce dernier a exprimé son étonnement quant au procès de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), soulevant également de nombreuses questions. Selon lui, le simple fait d’accepter de recevoir Steve Amoussou constitue déjà un délit commis par la juridiction. Il estime que la procédure impose à la Justice de décerner un mandat d’arrêt contre le prévenu Steve Amoussou avant toute autre décision. À ses yeux, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a examiné le dossier Steve Amoussou dans des conditions entachées d’illégalité.
Il s’interroge également sur les raisons pour lesquelles les juges et le procureur spécial de la Criet ne se sont pas intéressés à Marcellin Ayi, qui aurait demandé à des civils de retrouver Steve Amoussou à Lomé. « Est-ce que vous savez que les membres du MMA peuvent effectuer des recouvrements de fonds ? », s’est demandé Nourou Dine Saka Saley. Pour l’heure, cette nébuleuse affaire continue de susciter la polémique et de nourrir l’actualité au Bénin depuis plusieurs semaines.
Laisser un commentaire