Armement : la France reconnaît son échec dans ce domaine

Sébastien Lecornu avec des soldats français (Photo DNA / Cédric JOUBERT)

Dans un monde où l’industrie des drones militaires connaît un essor fulgurant, la France se trouve confrontée à un constat amer : son retard significatif dans ce domaine crucial. Alors que des pays comme la Turquie, considérés comme moins puissants militairement il y a quelques années, sont devenus des acteurs majeurs sur le marché des drones, la France peine à suivre le rythme. Le succès des drones turcs Bayraktar, largement utilisés dans des conflits récents, illustre parfaitement ce bouleversement géopolitique et technologique.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées depuis 2017, a récemment admis cet échec dans un entretien accordé au magazine Le Point. « Je suis hanté par notre échec collectif sur les drones, qui date de dix ou quinze ans« , a-t-il déclaré, soulignant une « responsabilité collective » qui pèse lourd sur les capacités militaires françaises.

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Cet aveu intervient dans un contexte où la Chine, la Russie, et même l’Ukraine ont démontré leurs compétences dans le développement et l’utilisation de drones militaires. Les États-Unis, pionniers dans ce domaine, maintiennent leur avance technologique, laissant la France loin derrière.

Les raisons de cet échec sont multiples. Un manque de vision stratégique à long terme, des investissements insuffisants dans la recherche et le développement, et une bureaucratie parfois paralysante ont contribué à ce retard. La France s’est longtemps reposée sur ses lauriers en matière d’industrie de défense traditionnelle, négligeant l’importance croissante des technologies de drones dans les conflits modernes.

La réalité actuelle des capacités françaises en matière de drones militaires est préoccupante. Les forces aériennes françaises disposent d’un arsenal de drones extrêmement limité, se comptant sur les doigts de deux mains. Quant aux forces terrestres, bien qu’elles possèdent un nombre plus important d’appareils, ceux-ci sont principalement des modèles basiques de surveillance. Cette situation met en lumière un décalage flagrant entre l’équipement français et les besoins opérationnels des conflits contemporains. Le fossé technologique avec les autres puissances militaires mondiales est ainsi particulièrement visible dans ce domaine crucial de l’armement moderne.

Les différents types de drones militaires illustrent ce retard :

  1. Drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) : La France ne produit toujours pas ses propres drones MALE, cruciales pour la surveillance et les opérations de longue durée. L’armée française a dû se résoudre à acheter des drones Reaper américains.
  2. Munitions Télé-Opérées (MTO) : Anciennement appelés drones kamikazes, ces systèmes sont en cours de développement avec l’entreprise française Delair, mais leur déploiement reste à venir.
  3. Drones de reconnaissance : Bien que présents en nombre, ces petits drones ne suffisent pas à combler le fossé technologique avec les autres puissances.

Le retard de la France dans ce domaine a des implications économiques et industrielles significatives. Alors que des pays comme la Turquie ont su développer une industrie de drones florissante, générant des emplois et des revenus d’exportation, la France se trouve reléguée au rang de simple cliente, dépendante de technologies étrangères pour équiper ses forces armées.

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Malgré les promesses du ministre Lecornu de faire de la France un leader dans les différentes gammes de drones d’ici 2030, grâce à la Loi de programmation militaire 2024-2030, l’avenir reste incertain. L’objectif de « sauter une génération technologique » semble ambitieux, voire irréaliste, face à l’avance considérable prise par d’autres nations.

L’admission de cet échec par la France dans le domaine des drones militaires est un signal d’alarme. Bien que des plans soient en place pour tenter de rattraper ce retard, le chemin à parcourir est long et semé d’embûches. Dans un monde où la supériorité technologique est cruciale pour la défense nationale, la France se trouve dans une position précaire, forcée de courir après une révolution technologique qu’elle a largement ignorée pendant trop longtemps.

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