Les relations entre le Bénin et le Niger semblent avoir amorcé un début d’accalmie. Mais avec les nouvelles procédures douanières imposées aux véhicules béninois en terre nigérienne, le relatif calme observé semble volé en éclat. En effet, depuis le début de la crise entre les deux pays, les solutions apportées semblent peu efficace ou inopportunes, ce qui fait dire que le rétablissement des relations entre ces deux nations voisines évoluent en dent de scie.
Le Niger et le Bénin finiront-ils un jour par redevenir ce qu’ils étaient avant le coup d’état contre Mohamed Bazoum ? Bien malin qui peut répondre à cette question. En effet, comme la plupart des pays de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), le Bénin avait pris position contre la junte actuellement au pouvoir au Niger au lendemain du coup d’état qui a renversé l’ancien président Bazoum. Le pays a alors appliqué toutes les restrictions imposées à l’époque par l’organisation sous régionale. Mais après la levée des sanctions, alors que le Niger a rouvert sa frontière avec la plupart des pays qui les lui avaient fermées, celles avec le Bénin sont restées et restent encore fermées à ce jour.
Malgré les démarches menées par les autorités béninoises, le froid s’est installé entre les deux pays obligeant les dirigeants du côté du Bénin à tendre la main, puis à durcir le ton avant de revenir à de meilleurs sentiments. Ainsi, un premier navire chargé d’un million de barils de pétrole brut nigérien a quitté les eaux béninoises dans le cadre du fonctionnement du pipeline, après la médiation du partenaire chinois qui opère l’oléoduc conduisant le brut nigérien vers la côte béninoise. L’autorisation de ce premier bateau chargé de brut nigérien est ponctuelle et provisoire, avait néanmoins précisé le gouvernement béninois, faisant comprendre qu’il pourrait à nouveau suspendre son autorisation en cas de manque de coopération de la part de Niamey.
Quelques jours après, face au refus du Niger de revenir à de bonnes intentions, le Bénin a alors décidé d’interdire le chargement du pétrole brut nigérien vers la Chine, ce qui a ravivé les tensions. Ces dernières sont montées d’un cran avec le blocage du fleuve frontalier Niger côté béninois, et l’arrestation de certains officiels nigériens à Cotonou.
Les autorités béninoises et nigériennes ont alors multiplié les accusations mutuelles, avec comme point d’achoppement la circulation des biens de part et d’autre de la frontière. Le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine a réaffirmé lors d’une réunion avec des acteurs économiques de son pays que des bases militaires étrangères entraînant des terroristes afin de déstabiliser son pays étaient situées au nord du Bénin, ce qu’il avait déjà déclaré quelques semaines plus tôt et que le gouvernement de Patrice Talon avait fermement réfuté. Lors de cette même réunion, Zeine a appelé les hommes d’affaires à privilégier les échanges avec Lomé. En mai 2024, Niamey avait interdit aux véhicules béninois le transport de fret en provenance du Togo, le réservant aux véhicules immatriculés au Niger et au Togo et même au Burkina Faso, au Mali et au Ghana.
Mais après cette série de tension, les autorités nigériennes ont accepté, le nouvel ambassadeur de la République du Bénin avec résidence à Niamey, une dizaine de jours après le séjour à Cotonou d’une délégation de haut niveau dépêchée par le président de transition du Niger, le général Abdourahamane Tiani, Les 24 et 25 juillet 2024, une délégation nigérienne de haut niveau conduite par le ministre d’État chargé de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, accompagné par le ministre directeur de cabinet du président Tiani, Soumana Boubacar, était à Cotonou pour rencontrer le président béninois Patrice Talon.
La mission qui avait pour objectif de discuter de plusieurs sujets d’intérêt commun entre les deux pays, était « composée également d’un représentant du Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale, d’un représentant du Haut Commandant de la Garde Nationale, d’un représentant de la Police Nationale et d’un représentant de la Direction générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure. Suite à cette rencontre, le Niger aussi a nommé un nouvel ambassadeur au Bénin dont l’arrivée a été validée par les autorités béninoises.
C’est après cela que les autorités nigériennes imposent une nouvelle mesure qui oblige désormais les camions immatriculés au Bénin à un dédouanement systématique à l’entrée du territoire nigérien.
Selon les informations, cette obligation ne s’applique pas aux camions d’autres nationalités. Elle porte uniquement sur le véhicule et non sur la marchandise transportée. Le président du Syndicat des Transporteurs, Importateurs Nationaux et Assimilés du Bénin (SYNTRA-INAB), El Hadj Rabiou Garba déplore cette mesure qui en ajoute aux difficultés des transporteurs béninois. On constate que depuis ce coup d’état, les relations entre le Bénin et le Niger connaissent beaucoup de soubresauts. On se demande alors si elles finiront vraiment par être rétablies un jour.
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