Les relations entre l’Algérie et le Maroc demeurent tendues depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en août 2021, conséquence de différends persistants sur le Sahara occidental et d’accusations mutuelles d’ingérence. Cette mésentente, qui a conduit à la fermeture des frontières et à l’interruption des échanges commerciaux, affecte profondément la coopération régionale et la stabilité du Maghreb. La suspension du gazoduc Maghreb-Europe en octobre 2021 et les tensions militaires croissantes illustrent la détérioration continue des rapports entre ces deux puissances régionales.
Une guerre de l’eau qui s’intensifie
Les accusations portées par l’Algérie contre le Maroc prennent désormais une nouvelle dimension avec la question de l’eau. Lors de la 10e Réunion des Parties à la Convention sur la protection des cours d’eau transfrontaliers à Ljubljana, le ministre algérien de l’Hydraulique, Taha Derbal, a dénoncé les pratiques marocaines de gestion des eaux partagées. Le point névralgique de cette confrontation se situe notamment au niveau du barrage Hammam Boughrara dans la région de Tlemcen, où la qualité de l’eau se serait considérablement dégradée selon les autorités algériennes.
Des conséquences écologiques et humaines majeures
La construction du barrage marocain de Kadoussa cristallise particulièrement les tensions. Les autorités algériennes affirment que cet ouvrage a provoqué l’assèchement du barrage de Djorf Torba, entraînant des répercussions écologiques dévastatrices. La région de la Saoura, au sud-ouest de l’Algérie, a vu disparaître 43 espèces d’oiseaux et d’animaux rares, tandis que les routes migratoires des oiseaux ont été perturbées. Face à cette situation, la ville de Béchar, comptant 200 000 habitants, a connu une crise majeure d’approvisionnement en eau en mars 2023, ne bénéficiant d’eau courante qu’un jour sur trois ou quatre.
Solutions d’urgence et perspectives d’avenir
Pour pallier ces difficultés, l’Algérie a mis en place des solutions techniques ambitieuses. Un système de transfert d’eau depuis Boussir, situé à 180 kilomètres au nord de Béchar, a été développé. Cette infrastructure, comprenant onze forages réalisés rapidement ainsi que des stations de pompage et des réservoirs, permet désormais d’assurer un approvisionnement quotidien de 25 000 à 30 000 mètres cubes d’eau. Toutefois, ces mesures d’urgence ne règlent pas le fond du problème : l’absence de dialogue et de coopération entre les deux pays concernant la gestion des ressources hydriques communes. Cette nouvelle phase de tensions autour de l’eau risque d’aggraver davantage les relations déjà complexes entre l’Algérie et le Maroc, compromettant les perspectives de normalisation dans la région.
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